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Taxation des superprofits : "Élisabeth Borne dit n'importe quoi !", la "méfiance" des Insoumis après les annonces de la Première ministre

Si la Première ministre a déclaré "ne pas fermer la porte" à une taxation des "superprofits" des entreprises, les Insoumis, réunis lors des universités d'été du parti, attendent d'y voir plus clair.

Article rédigé par franceinfo - Victoria Koussa
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
La Première ministre Elisabeth Borne sur le perron de l'Elysée, le 29 juillet 2022. (ALAIN JOCARD / AFP)

Fonds vert, tacle à l'opposition de gauche, ou "la porte qui n'est pas fermée" à la taxation des superprofits... L'interview de la Première ministre dans Le Parisien/Aujourd'hui en France fait beaucoup réagir aux Universités d'été des Insoumis, à Châteauneuf-sur-Isère près de Valence, dans la Drôme.  

>> Taxation des superprofits : Elisabeth Borne ne "ferme pas la porte" à cette option, mais préfère des initiatives des entreprises

Interrogée en priorité sur les prix de l'énergie qui flambent partout en Europe,  Élisabeth Borne a promis que l'exécutif n'allait "pas laisser les prix de l'énergie exploser" pour les ménages : "Les Français peuvent être rassurés, nous amortirons les hausses", a-t-elle indiqué.

La taxation des superprofits au coeur des discussions

La Première ministre a également affirmé ne pas "fermer la porte" à une taxation des "super profits" des entreprises, tout en préférant que l'entreprise qui le peut "baisse les prix pour le consommateur et donne du pouvoir d'achat à ses salariés" : "Personne ne comprendrait que des entreprises dégagent des profits exceptionnels alors même que les Français peuvent être inquiets pour leur pouvoir d'achat", précise-t-elle. 

Autant d'annonces, avant la rentrée politique, qui laissent songeurs les militants insoumis lors des "AmFis d'été", les universités d'été du parti, dans la Drôme. Il y a ceux qui voient le verre à moitié plein, comme Thierry : "Dire n'exclut pas !, C'est toujours mieux que de dire 'Je ne veux pas en entendre parler, ce n'est possible...' Il y a  une avancée, donc effectivement, ça nous conforte dans notre position qu'il faut se faire entendre, réclamer, bouger et montrer qu'on est nombreux", assure-t-il. Derrière lui, sur la pelouse, Valérie partage cet avis : "Ce n'est jamais trop tard pour bien faire. Et on est content d'avoir porté, nous, en tant que France insoumise, à la Nupes, une proposition qui aura fait mouche et qu'elle aura finalement adoptée. Tant mieux, on aura gagné", se réjouit-elle.

"On attend le fond !"

Mais d'autres propos dans l'interview ne passent pas. Comme lorsqu'Élisabeth Borne sous-entend que la France insoumise "attise les colères et veut le chaos" pour le pays dans les colonnes du Parisien. Julie s'agace : "Elle devrait venir ici. Elle trouverait que c'est très sympathique et pas chaotique du tout. Peut être qu'elle changerait d'avis..."

Reste que la "méfiance" est de mise : beaucoup de militants relativisent ces annonces de la Première ministre. À l'image du premier d'entre eux : Jean-Luc Mélenchon. A la tribune, dimanche 28 août, celui qui est "en retrait, pas en retraite" de la vie politique n'a pas mâché ses mots : "Élisabeth Borne dit n'importe quoi ! Depuis quand le gouvernement observe les engagements des entreprises pour les obliger à les tenir ? C'est dans la relation entre les organisations syndicales et patronales qu'un tel contrôle se fait après avoir signer des accords." Et de glisser : "Nous les portes, on a plutôt tendance à les enfoncer mais, admettons, nous ferons 'toc toc'." "Il est temps de taxer les profiteurs de crise qui se sont enrichis grossièrement", insiste Jean-Luc Mélenchon, en référence à la proposition de loi de la Nupes sur la taxation des superprofits rejetée par le Parlement cet été.

Une analyse partagée par ces militants croisés : "Je me méfie. C'est un peu bizarre : est-ce que c'est un truc de communication, de manipulation ? Est-ce que c'est vrai ? J'attends de voir", souffle Valérie. Antoine, lui, ajoute : "C'est une annonce par le vide. S'ils taxent les superprofits à 0,01 %, et bien c'est une blague. On attend le fond !"  Les détails arriveront dès lundi dans une autre université d'été, celle du Medef, où la Première ministre doit prononcer un discours sur la sobriété et la transition énergétique. 

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