"Une censure inéluctable", "pas d'autre solution", "un front antirépublicain"... Les réactions politiques après la censure du gouvernement de Michel Barnier

La motion de censure déposée par le Nouveau front populaire a été votée par 331 députés entraînant la chute du gouvernement de Michel Barnier.
Article rédigé par franceinfo
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Le Premier ministre Michel Barnier prononce son discours avant le vote sur la motion de censure à l'Assemblée nationale, le 4 décembre 2024. (ALAIN JOCARD / AFP)

Le gouvernement de Michel Barnier est tombé. Les députés de la gauche et du Rassemblement national ont conjointement adopté mercredi une motion de censure à l'Assemblée, la deuxième seulement de l'histoire de la Ve République, ouvrant une période de fortes incertitudes politiques et financières. Trois mois seulement après sa nomination, conformément à la Constitution, Michel Barnier devra remettre sa démission à Emmanuel Macron, tout juste de retour d'une visite d'État en Arabie saoudite et qui s'exprimera jeudi à 20 heures.

Le bloc gouvernemental salue le courage de Michel Barnier et dénonce "un front antirépublicain"

"Je salue le courage et l’engagement de Michel Barnier, un républicain qui a toujours exercé ses responsabilités avec dignité et sérieux", réagit sur X la présidente de l'Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet, après la censure du gouvernement. "Son parcours témoigne d’un attachement sincère à nos institutions et aux valeurs qui fondent notre République".

"Aujourd’hui, dans un acte à l’opposé du patriotisme, le RN et le NFP ont mêlé leurs voix pour déstabiliser le pays", réagit sur X, le ministre de l'Economie, Antoine Armand Maud Bregeon dénonce "un front antirépublicain inédit". La porte-parole du gouvernement renversé regrette que cette motion ait "réuni les forces d’extrême droite, d’extrême gauche et d’un parti qui gouvernait hier".

Valérie Pécresse écrit sur son compte X qu'il s'agit d'"une triste journée pour la France. Michel Barnier avait tenté de remettre le pays sur les rails. Il s'était donné comme objectif de remettre de l'ordre dans les comptes, à nos frontières". La présidente de la Région Île-de-France fustige une "alliance contre nature" entre le Rassemblement national et La France insoumise "qui a déjà soumis toute la gauche à ses diktats, joue la politique du pire pour le pays et nos compatriotes".

Les députés Horizons et Indépendants déplorent "que Michel Barnier ait été la victime expiatoire de combines politiques qui ne sont pas à la hauteur du moment", après la censure du gouvernement. Dans un communiqué publié mercredi sur X, le groupe estime que ce vote "d'une particulière gravité", va plonger "notre pays dans l'inconnu". Sur son compte X, l'ancien Premier ministre Edouard Philippe adresse à Michel Barnier un salut "amical et reconnaissant".

"La censure du gouvernement renforce le désordre politique et affaiblit notre pays [...] Nous sommes au bord du gouffre."

Edouard Philippe, ancien Premier ministre

sur X

"Mme Le Pen aura assuré le triomphe de Jean-Luc Mélenchon, réagit sur X le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau. Je voudrais rendre hommage à Michel Barnier, victime aujourd’hui d’une alliance qui n’a eu pour seul point commun que de semer le chaos. Cette alliance n’apporte aucune solution. C’est une motion pour rien, alors que notre pays traverse une situation grave".

"Il n'y avait pas d'autre solution", affirme l'extrême droite

Quelques minutes après le renversement du gouvernement Barnier, Marine Le Pen s'est exprimé dans le journal de 20 heures de TF1. "Il n'y avait pas d'autre solution, a assumé la présidente du groupe RN à l'assemblée. Je n'ai pas de vertige et je ne considère pas que ce soit une victoire. Nous avions un choix à faire et le choix que nous avons fait, c'est de protéger les Français."

Marine Le Pen déplore d'avoir voté cette motion de censure aux côtés de La France insoumise : "Nous ne l'avons pas fait de gaieté de cœur". Elle dit s'être sentie "obligée" d'additionner les voix de son groupe parlementaire à celles de la gauche. Marine Le Pen qui explique vouloir laisser "travailler" le prochain gouvernement, et "co-construire" un budget "acceptable pour tous". Au sujet d'une éventuelle démission d'Emmanuel Macron, Marine Le Pen reste évasive.

"[Emmanuel Macron] assumera ses responsabilités, il fera ce que sa conscience et sa raison lui dictent. Ce qui est sûr, c'est que c'est le grand responsable de la situation actuelle. Cette censure est la conséquence de sept années de macronisme."

Marine Le Pen, présidente du groupe RN à l'Assemblée

sur TF1

"Ce soir, nous avons fait respecter nos électeurs", a réagi le président du RN Jordan Bardella. Le président du Rassemblement national tenait une séance de dédicaces de son livre "Ce que je cherche" mercredi soir dans une brasserie du 17e arrondissement de Paris. "Le choix que nous avons fait, c'est un choix de responsabilité parce qu'on ne pouvait pas laisser un budget qui prévoyait 40 milliards d'impôts sur le long terme [...] qui allait fragiliser la croissance et l'attractivité du pays", a déclaré Jordan Bardella.

La gauche estime que cette censure était "inéluctable" et cible Emmanuel Macron

Emmanuel Macron a de nouveau été ciblé par La France insoumise immédiatement après l'annonce de la censure, la cheffe des députés LFI Mathilde Panot réclamant "des présidentielles anticipées".  "Même avec un Barnier tous les trois mois, Macron ne tiendra pas trois ans", a estimé sur X Jean-Luc Mélenchon.

"Le gouvernement Barnier aura eu et le déshonneur et la censure. Par la censure de ce gouvernement, c'est toute la politique d'Emmanuel Macron qui est battue. Nous demandons à Emmanuel Macron de s'en aller."

Mathilde Panot, présidente du groupe La France insoumise à l'Assemblée nationale

à l'Assemblée nationale

Le Premier secrétaire du PS Olivier Faure appelle, sur France 2, Emmanuel Macron à "accepter un Premier ministre de gauche", après la censure du gouvernement Barnier. "Qu'il entende enfin les Français", a-t-il demandé. Le socialiste appelle à "créer les conditions d'un nouveau départ, d'une nouvelle méthode, et pas simplement censurer et considérer que le travail est fait".

La députée écologiste Sandrine Rousseau a estimé qu'il "n'y a pas de crise majeure. [...] C'est juste l'avancée de la démocratie face à un président de la République qui se refuse à la réalité, qui fait un déni de réalité : la réalité, c'est qu'il a perdu", a-t-elle martelé. Le secrétaire national du PCF Fabien Roussel a assuré que son parti avait "voté la censure pour protéger les Français d'un des pires budgets, dur pour les salariés, les services publics, l'industrie, les communes". Pour Fabien Roussel, "l'heure est grave ! Le président doit se tourner vers la gauche pour nommer un gouvernement capable de construire des majorités".

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