"On a pu assurer notre mission en toute indépendance" : l'un des garants du grand débat national revient sur son travail
Les cinq garants du grand débat national, chargés de veiller à sa bonne tenue, assistent, lundi, à la présentation de la synthèse des différentes contributions. L'un d'entre eux, l'ancien haut magistrat Guy Canivet, revient sur son travail pour franceinfo.
C'est le grand jour pour les organisateurs du grand débat national. La synthèse des différentes contributions est, en effet, présentée lundi 8 avril en présence du Premier ministre, Edouard Philippe, ainsi que des ministres coordinateurs Emmanuelle Wargon et Sébastien Lecornu. Une intervention des cinq garants du grand débat national est également prévue.
Ces trois hommes et deux femmes, désignés le 17 janvier par le gouvernement, les présidents de l'Assemblée nationale, du Sénat et du Conseil économique, social et environnemental (Cese), ont des profils très différents. Comment ont-ils travaillé ? Quel est le sens de leurs recommandations ? Ont-ils pu assurer leur rôle de garants "de l'indépendance" ? Pour répondre à ces questions, franceinfo a interrogé Guy Canivet, l'un des cinq garants, ancien membre du Conseil constitutionnel.
Franceinfo : quel a été votre rôle au cours de ces semaines de débat ?
Guy Canivet : Sur l'ensemble du grand débat, le rôle des garants est double. Le premier est de veiller à l'impartialité de l'expression, de faire en sorte que les citoyens puissent librement s'exprimer et qu'ils puissent être entendus. Le second est de garantir l'authenticité de la parole, qu'elle reflète celle des citoyens pour que tout soit livré au président de la République et compréhensible pour ceux qui auront ces données à lire.
Quelle est la teneur de votre intervention lors de cette restitution du grand débat national ?
Deux d'entre nous prennent la parole pour présenter nos travaux à ce sujet. On ne va pas s'exprimer sur le fond, mais sur la forme. Globalement, on a pu assurer notre mission en toute indépendance, sans pression. La coopération avec les organisateurs était satisfaisante.
Quelles sont les recommandations que vous avez pu formuler ?
La principale recommandation était de faire en sorte que le débat soit ouvert à tout le monde. Tout est ouvert, transparent et exploitable : c'est le gros point sur lequel nous avons beaucoup insisté et sur lequel nous avons été entendus. On a également formulé des recommandations sur la plateforme créée pour le grand débat national. Sur le fond d'abord : on a considéré qu'il fallait compléter les fiches de présentation des quatre thèmes du grand débat national et la base documentaire, pour ceux qui voulaient aller plus loin, car on les jugeait insuffisantes. Sur la forme, la plateforme était critiquée sur l'ergonomie. On a pu faire modifier des choses et elle est devenue de plus en plus praticable.
En revanche, la base de questions proposées à chaque citoyen, pour donner son avis en ligne, n'a pas du tout évolué. Nous le regrettons. Nous voulions des questions moins fermées, avec un mode plus interactif.
De quelles façons avez-vous pu émettre ces recommandations ?
Pour émettre ces recommandations, on a nous-même assisté à un certain nombre de débats. Nous avons aussi échangé avec les garants désignés par les préfets, qui nous ont relayé leurs observations et leurs propres recommandations. On avait également des séances de travail avec les ministres de la mission, au cours desquelles on a émis des avis qui ont permis des modifications. Enfin, on a ouvert, sur la plateforme, un espace de relais. Grâce à ce relais, on a nourri un échange quotidien pour corriger des bugs dans l'organisation.
Le 14 février, dans Le Journal du dimanche, vous indiquiez que vous ne souhaitez pas une seule synthèse, mais plutôt une diversité. Est-ce que cette volonté est respectée ?
Oui. Plateformes, cahiers citoyens, courriers... Il existe plusieurs canaux d’expression pour les citoyens et une diversité de contributions : individuelles, collectives, régionales, etc. On ne peut pas y répondre de la même manière. Chacune de ces contributions mérite un traitement particulier et une réponse particulière, c'est ce qui est fait.
Avez-vous pu vous assurer de la "neutralité stricte" de ces synthèses ?
On a organisé plusieurs réunions avec les prestataires. OpinionWay a analysé les réponses de la plateforme et le consortium Roland Berger a examiné toutes les autres contributions. Il s'est assuré du concours d'un prestataire. Puis la Bibliothèque nationale de France a été la destinataire de l'ensemble de la production, pour la faire analyser par des sociétés qui savent exploiter des données en masse. Tous ces opérateurs ont pignon sur rue, donc on a pu être attentifs à leurs méthodes. Autant que possible : nous ne sommes pas des experts sur ces sujets, mais nous avons eu les avis éclairés de spécialistes sur la question, afin que la restitution soit authentique et complète.
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