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Guerre d'Algérie : des maires FN boycottent les commémorations des accords d'Evian, jugées "polémiques"

Rue débaptisée, drapeaux en berne, absence du maire aux cérémonies... Plusieurs élus frontistes dénoncent la date anniversaire retenue pour célébrer les victimes de la guerre d'Algérie.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Le maire de Béziers (Hérault), Robert Ménard, inaugure une "rue du Commandant-Helie-Denoix-de Saint-Marc", le 14 mars 2015, en remplacement de la "rue du 19-Mars-1962". (SYLVAIN THOMAS / AFP)

A l'occasion de la date anniversaire des accords d'Evian, le 19 mars 1962, plusieurs maires frontistes dénoncent les commémorations prévues. L'événement célèbre la fin de la guerre d'Algérie et la mémoire des victimes du conflit. Retour sur les principales protestations.

A Beaucaire, la "rue du 19-Mars-1962" débaptisée

Julien Sanchez juge le nom trop "polémique". Le maire FN de Beaucaire (Gard) va donc débaptiser la rue du 19-Mars-1962, date des accords d'Evian marquant officiellement la fin de la guerre d'Algérie.

"Le fait d'avoir une rue du 19-Mars-1962 peut être considéré comme une insulte pour tous ceux qui sont morts après. On a eu le massacre de la rue d'Isly à Alger le 26 mars [1962], mais aussi le massacre d'Oran [5 juillet 1962]", a expliqué le maire, jeudi. "Je pense qu'il faut effacer ce choix-là, et donner un nom qui rappellera la vraie histoire et qui ne blessera personne."

Pour le moment, le nouveau nom n'a pas encore été choisi. Il sera arrêté après le deuxième tour des élections départementales, précise le maire. "Pourquoi pas le nom d'un Beaucairois, civil ou militaire, mort pendant ce conflit ?"

A Béziers, les drapeaux en berne

A Béziers (Hérault), c'est déjà fait. Depuis cinq jours, il n'y a plus de "rue du 19-Mars-1962". Le maire, Robert Ménard, l'a remplacée par une "rue du commandant Hélie-Denoix-de-Saint-Marc", lors d'une cérémonie devant environ 2 000 personnes, dont 500 opposants. Ce militaire, ancien résistant, avait pris part au putsch des généraux attachés à l'Algérie française. Il avait été finalement réhabilité en 1978.

Aux yeux de Robert Ménard, pas question d'en rester là. Pour marquer davantage le coup, la mairie a annoncé que "les drapeaux seront en berne jeudi 19 mars". Un attaché de presse a confirmé à l'AFP que cette initiative était liée à la date anniversaire des accords d'Evian.

Né à Oran, Robert Ménard a déjà livré son regard sur la question. "De nos jours, nous avons des historiens hémiplégiques, qui ne retiennent qu’une seule partie de l’Histoire", interrogé par Valeurs actuelles. "Il faut savoir que la colonisation n’a pas été une barbarie. Il y a un visage sombre de la colonisation, mais il ne faut pas oublier que ce sont aussi des routes, des hôpitaux, des infrastructures."

A Cogolin, le maire boude la cérémonie officielle

A Cogolin (Var) aussi, les drapeaux sont en berne. Comme cela ne suffisait pas, le maire, Marc-Etienne Lansade, va sécher les cérémonies officielles, prévues dans toutes les communes de France. "La date du 19 mars est trop clivante", explique la mairie à Libération. "On a l’impression que c’est à ce moment que les hostilités ont cessé en Algérie, alors que de nombreux massacres ont eu lieu ensuite." Le maire frontiste de Mantes-la-Ville (Yvelines) passe son tour, lui aussi, tout comme le maire UMP de Perpignan (Pyrénées-Orientales), Jean-Marc Pujol.

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