Hollande et Bayrou se sont entretenus de la réforme constitutionnelle lors d'une 1ère rencontre
Les numéros un du PS et du MoDem François Hollande et François Bayrou s'en sont tenus aux institutions pour leur premier entretien officiel mercredi, se félicitant de convergences de vues mais se défendant de toute "manoeuvre" à l'approche des municipales.
A l'issue de ce rendez-vous inédit, qui s'est déroulé à huis clos à l'Assemblée nationale, les deux responsables politiques se sont exprimés séparément devant la presse. Ils ont précisé qu'ils avaient parlé "exclusivement" de la réforme constitutionnelle, que Nicolas Sarkozy veut faire voter avant mars 2008.
"Il n'y a pas de confusion politique, pas de débauchage, pas de racolage, nous sommes dans la clarté politique, ça change par rapport à d'autres", a lancé M. Hollande. M. Bayrou pour sa part a revendiqué la "liberté de parler à tout le monde" sans "jamais être dans la compromission ou la manoeuvre".
L'objectif de la réunion était de faire prendre conscience au chef de l'Etat de la possibilité d'un tir de barrage PS-MoDem, même si les troupes de M. Bayrou sont plutôt dégarnies au Parlement. "Le message que nous adressons à Nicolas Sarkozy, puisqu'il veut décider de tout y compris de la réforme des institutions, c'est qu'il n'y aura de réforme adoptée au Parlement que si les principes essentiels sont respectés", a lancé M. Hollande.
Il a souligné qu'"il y aura un enjeu" puisque "le président de la République et le gouvernement ne sont pas sûrs d'avoir la majorité des trois cinquièmes" nécessaire à l'adoption de la réforme constitutionnelle, et que la gauche n'est "pas sûre d'avoir la minorité des deux cinquièmes".
Se disant "prêt à discuter avec toutes les forces démocratiques" du pays, M. Bayrou, qui était à l'initiative de cet entretien, n'a pas exclu de revoir M. Hollande. Rien n'est prévu "pour l'instant, mais je n'écarte aucune rencontre avec qui que ce soit", a-t-il dit.
"Si nous pouvons, au-delà du Parti socialiste, nous retrouver largement rassemblés pour permettre des avancées démocratiques, il faut saisir cette occasion. Mais n'en tirez pas d'autres conclusions", a souligné de son côté M. Hollande.
Les deux hommes se sont dit d'accord sur plusieurs "principes essentiels" qui selon eux doivent figurer dans la réforme des institutions.
Ils ont cité la "nécessité d'une vraie séparation des pouvoirs", qu'il s'agisse de la justice ou des médias, du renforcement des droits du Parlement et des citoyens, et de l'introduction de la proportionnelle aux législatives, concernant "10% des sièges", pour les petits partis ayant obtenu plus de 5% des voix. M. Hollande a souligné que le PS est aussi "attaché" que le MoDem à la modification du mode de scrutin, même si elle ne l'avantage pas. "Nous la jugeons nécessaire, l'Assemblée nationale n'est pas représentative des forces politiques".
Toutefois, des divergences subsistent, en particulier sur le rôle du président de la République. Pour M. Bayrou, puisque "le président est élu au suffrage universel, il est normal qu'il définisse la politique suivie par son gouvernement". M. Hollande en revanche refuse d'aller vers un régime présidentiel.
Le numéro un socialiste s'oppose également à la possibilité pour le chef de l'Etat de s'exprimer devant le Parlement, comme le souhaite M. Sarkozy. Il "n'a pas besoin d'un lieu supplémentaire pour s'exprimer", a-t-il dit, alors que M. Bayrou disait que "ça ne (le) choque pas".
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