Darmanin à l'Intérieur : “Nomme-t-on une personne accusée de malversations à la tête du ministère de l'Economie ? Bien sûr que non", s'insurge une universitaire
Azadeh Kian, professeure de sociologie à l'université Paris 7, est signataire d'une tribune dénonçant les nominations de Gérald Darmanin et Eric Dupond-Moretti au gouvernement.
"Nous considérons que, symboliquement, ces deux nominations sont graves”, a réagi vendredi 17 juillet sur franceinfo Azadeh Kian, professeure de sociologie à l'université Paris 7 et signataire d'une tribune, publiée dans le Journal Le Monde, dénonçant les nominations de Gérald Darmanin et Eric Dupond-Moretti au gouvernement. “La question qu'on se pose est de savoir si le président Emmanuel Macron aurait nommé une personne accusée de malversations à la tête du ministère de l'Economie par exemple. Et notre réponse est 'bien sûr que non'", avance Azadeh Kian à propos du nouveau ministre de l'Intérieur, accusé de viol.
"La France, en particulier avec le président Macron, se voulait le porte-étendard de la défense du droit des femmes", mais "ce sont les actions qui comptent", avance la professeur de sociologie. Or, selon elle, ces nominations marquent "un virage antiféministe" et "montrent que les promesses du président, finalement, ne sont absolument pas tenues".
"Nous ne mettons pas en cause" la "présomption d'innocence"
"Les femmes violentées, violées, harcelées, doivent se tourner vers qui ? Vers le premier flic de France, accusé lui-même de viol, ou vers le ministre de la Justice, Dupond-Moretti, lui-même sexiste ?", s'indigne Azadeh Kian. Elle qualifie "d'abus de pouvoir" les agissements de Gérald Darmanin, qui a reconnu, selon elle, "avoir aidé une femme vulnérable en contrepartie de ses services sexuels".
Le message envoyé aux femmes du monde entier, c'est qu'on constate en France un virage effectivement antiféministe.
Azadeh Kian, professeure de sociologie à l'université Paris 7à franceinfo
"Nous ne mettons pas en cause" la "présomption d'innocence" du nouveau ministre de l'Intérieur, a-t-elle assuré. "On n'est pas juge, on n'est pas en train de juger monsieur Darmanin, c'est à la justice de le faire, explique-t-elle. Mais il ne faut pas oublier la dimension symbolique de ces deux nominations". Azadeh Kian critique également "les propos sexistes" d'Eric Dupond-Moretti, "qui se donne le droit de parler pour les femmes, et dire que les femmes regrettent de ne plus pouvoir être sifflées".
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