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Enquête visant des magistrats du PNF : il y a "un certain nombre de choses qui méritent d'être éclaircies", explique Eric Dupond-Moretti

Le ministre de la Justice Eric Dupond-Moretti réagit dimanche sur franceinfo à l'ouverture vendredi d'une enquête administrative contre des magistrats du Parquet national financier.

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Eric Dupont-Moretti, le 8 septembre 2020. (DAVID THIERRY / MAXPPP)

Dans le rapport de l'Inspection générale de la justice (IGJ) remis en début de semaine "on lit des faits qui seraient susceptibles d'être considérés comme des manquements au devoir de diligence, de rigueur professionnelle et de loyauté", explique dimanche 20 septembre sur franceinfo le ministre de la Justice Eric Dupond-Moretti, après l'ouverture vendredi d'une enquête administrative contre des magistrats du Parquet national financier (PNF). Une enquête alors que le rapport a largement dédouané le PNF pour ses investigations sur sur la "taupe" de Nicolas Sarkozy dans l'affaire des "écoutes".

"Qu'aurait-on dit si je n'avais pas demandé à en savoir davantage ?", dit le garde des Sceaux pour justifier cette enquête qui vise les deux magistrats qui étaient chargés du dossier et leur responsable hiérarchique, l'ancienne cheffe du PNF Eliane Houlette. "Je vais vous donner un autre exemple, poursuit-il. Dès que cette inspection a été ordonnée par [sa prédécesseuse] Mme Belloubet, les tirs de barrages ont été mis en place notamment par les syndicats de magistrats qui ont saisi le Conseil d'Etat en disant 'cette inspection est illégale'".

"On marche sur la tête !"

Eric Dupond-Moretti assure, au contraire, que "le Conseil d'Etat a dit que non, qu'elle était parfaitement légale. Des magistrats ont dit qu'ils ne souhaitaient pas répondre aux questions, considérant toujours et en dépit de cette décision que l'instruction était illégale". Et le ministre de la Justice de s'étonner : ces magistrats "sont des gens qui convoquent les Français tous les jours, qui leur demandent des comptes, qui exigent de la transparence, et qui ne veulent pas répondre à un certain nombre de questions quand elles leur sont posées, mais on marche sur la tête !"

Le ministre s'interroge aussi sur l'attitude de l'ancienne cheffe du PNF, Eliane Houlette, qui "a donné une interview dans 'Match' de 6 pages", alors, dit-il, qu'"elle ne veut pas répondre aux inspecteurs."

Qui sont-ils ces inspecteurs ? Ce ne sont pas les collaborateurs d'"Eric Dupond-Moretti avocats", ce sont des magistrats, et les syndicats de magistrats boudent. 

Eric Dupond-Moretti

à franceinfo

Alors que les syndicats de magistrats dénoncent "une attaque inédite" de l'institution judiciaire, Eric Dupond-Moretti assure au contraire qu'il y a "un certain nombre de choses qui méritent d'être éclaircies". Le garde des Sceaux fait remarquer qu'il "défend la magistrature quand on l'accuse de laxisme, quand on l'accuse de ne pas faire son travail", mais qu'il "ne peut pas la défendre quand elle prend la fuite et quand elle n'assume pas sa responsabilité."

Le PNF avait été mis en cause pour avoir épluché les relevés téléphoniques détaillés ("fadettes") de ténors du barreau - dont Eric Dupond-Moretti, depuis devenu garde des Sceaux - pour identifier qui aurait pu informer l'ancien président et son avocat Thierry Herzog qu'ils étaient sur écoute, dans une affaire de corruption. Eric Dupond-Moretti, encore avocat, s'était alors emporté contre des "méthodes de barbouzes" et avait déposé une plainte notamment pour "atteinte à la vie privée", avant de la retirer le soir de sa nomination comme garde des Sceaux en juillet.

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