Jean-Michel Blanquer à Ibiza : après ce nouveau couac, quel avenir politique pour le ministre de l'Education ?
Pris dans la tourmente de ses vacances polémiques à Ibiza au moment d'annoncer un nouveau protocole sanitaire dans les écoles, début janiver, le ministre a fait un mea culpa. Il sauve sa tête pour le moment, mais à court terme, il devient gênant pour l'exécutif.
Un mot du Premier ministre, en marge d’un déplacement à Paris, pour assurer que Jean-Michel Blanquer n’avait pas failli. Un mea culpa de l’intéressé sur la forme, à la fois devant les députés, puis dans le 20h de TF1 pour reconnaître que les Baléares était un choix de destination regrettable pour un ministre de l’Education alors que se préparait une rentrée compliquée.
Mardi, l’exécutif s’est donc efforcé de clore le chapitre "Ibizagate". A 80 jours de la présidentielle, l'opération "Il faut sauver le soldat Blanquer" est montée crescendo dans la journée de mardi, en agaçant certains au passage, car ce n'est pas une première.
>> On vous explique pourquoi les vacances de Jean-Michel Blanquer à Ibiza à la veille de la rentrée scolaire passent mal
Opération déminage
Une défense d’abord timide de ses collègues invités en matinale sur les plateaux. "Rue de grenelle, la crise est perceptible, tout le monde se regarde en chien de faïence. Jean-Michel Blanquer est touché" confie alors l’un de ceux qui le côtoient au ministère de l’Education. En coulisse, on se prépare à ce que cela tangue lors de la séance de questions au gouvernement à l’Assemblée.
Matignon recommande également une prise de parole plus grand public, comme dans un journal de 20 heures : il faut déminer. D’autant qu’Emmanuel Macron prépare sa séquence européenne, un grand discours à Strasbourg, suivi d’une conférence de presse. Rien ne doit parasiter. Dans l’hémicycle, il n’y a finalement qu’une seule question, suivi d’un unique appel à la démission.
Et cela a presque étonné. "Je suis surpris par le manque de virulence des oppositions" confie ainsi un conseiller du pouvoir qui, du coup, prédit que "l’affaire ne passera pas la semaine".
Des envies d'élections contrariées
Matignon avait été informé que Jean-Michel Blanquer partait à Ibiza et avait tenté de l’en dissuader, conscient du potentiel explosif. En fin de journée, en marge d’un déplacement Jean Castex donne pourtant à rebours sa bénédiction : son ministre a respecté ses instructions et l’appareil d’Etat a fonctionné. Sur TF1, l'intéressé contre-attaque avec une ligne de défense arrêtée en concertation avec le sommet de l’exécutif : les oppositions jouent sur le symbole. Il ne battra pas sa coulpe parce que les adversaires ont décidé de le déstabiliser.
Jean-Michel Blanquer sauve donc sa tête de ministre à court-terme, mais l'avenir s'assombrit. Avec Jean-Yves Le Drian aux Affaires étrangères et Bruno Lemaire à l’Economie, le ministre de l’Education est le seul au même poste, depuis le début du quinquennat. Un pilier qui porte une partie du bilan.
Impossible de s’en séparer sans se tirer une balle dans le pied, jugeait-on dès la semaine dernière au sein de l’exécutif. Mais "la question est de savoir si ce bilan, la polémique ne le ternit pas", s’interroge un ministre en petit comité. Son action, Jean-Michel Blanquer l’a défendue avec ardeur, mardi soir.
En privé, il confiait encore récemment avoir envie de rempiler en cas de second mandat d’Emmanuel Macron. Ne s’étant jamais frotté au suffrage universel, il se cherchait une circonscription en Ile-de-France pour les législatives. Sauf qu'il a gêné le Président. "Cette affaire hypothèque sérieusement son avenir politique" juge une source gouvernementale.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.