Reportage "Elle va traîner ça tout le temps" : dans l'Oise, des électeurs du RN partagés sur la capacité de Marine Le Pen à se détacher de l'image de son père

Jean-Marie Le Pen, figure de l'extrême droite française, est mort mardi. Les électeurs du Rassemblement national rencontrés à Beauvais ne sont pas tous certains que sa fille parvienne à faire oublier l'image de son père.
Article rédigé par Sonia Ghobri
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Jean-Marie Le Pen et sa fille, Marine Le Pen, lors d'un meeting de campagne en vue de la présidentielle, le 30 mars 2012 à Nice (Alpes-Maritimes). (BORIS HORVAT / AFP)

Les réactions sont nombreuses mais empreintes de gêne du côté de l'extrême droite, après la mort de Jean-Marie Le Pen. Le fondateur du Front national s'est éteint mardi 7 janvier à l'âge de 96 ans dans un établissement de santé à Garches (Hauts-de-Seine). Héritier du FN, le Rassemblement national salue un homme "visionnaire", "talentueux et courageux" et ses "six décennies de combats politiques", mais reste silencieux sur les déclarations sulfureuses de Jean-Marie Le Pen et surtout sur ses condamnations, notamment pour contestation de crime contre l’humanité.


Une figure contestée aussi par des électeurs du Rassemblement national rencontrés à Beauvais, dans l'Oise. Assises au comptoir, Jennifer et Delphine commentent les images d'archives de Jean-Marie Le Pen diffusées à la télévision au fond du bar. "Je ne l'aimais pas du tout, je ne vais pas vous mentir. Pour moi, c'est un deuxième Hitler", estime la première. "C'est une page qui se tourne, et tant mieux", lance la seconde. Parce que pour elle, Marine Le Pen, c'est différent : "Il était très méchant et n'a jamais changé. Elle, elle a évolué et je lui souhaite de continuer."

"J'espère pour elle que les gens vont se rendre compte qu'elle, c'est elle et que son père, c'était son père tout simplement."

Delphine, une électrice du RN

à franceinfo

Tony espère aussi que le décès de Jean-Marie Le Pen permettra à son parti - le RN - de rompre symboliquement avec un héritage encombrant. Il confie même ressentir "un soulagement. On dit le RN, le Rassemblement national, on pense 'raciste', on pense 'facho'. C'est complètement faux ! On pense à Jean-Marie Le Pen, ça revient toujours en arrière. C'est une époque révolue, et maintenant Marine Le Pen reprend le flambeau. Elle a tiré parti de son père bien sûr, mais elle n'a pas des partis pris comme son père. Et il faut avancer dans la vie, et Marine Le Pen avance, ça va faire un grand pas en avant."

Une étiquette Le Pen tenace

Mais reste le nom Le Pen et pour Sylvie et Claude, c'est un frein, même s'ils aimeraient que le RN remporte la prochaine présidentielle. "Marine Le Pen ne passera jamais, par rapport à son père et tout ce qui s'est passé. Je pense qu'elle va traîner ça tout le temps parce que les gens n'oublient pas facilement", estime Sylvie. "Il y aura toujours le nom Le Pen, elle ne pourra pas s'en détacher, balaie Claude. Pour le Rassemblement national, tant qu'elle sera là, il y aura encore un peu cette étiquette. Peut-être que si Jordan Bardella continue et qu'elle arrête, ça changera, mais on ne peut pas le savoir à l'avance."

Pour lui, même si le RN opère un travail de dédiabolisation depuis des années, le parti restera associé encore un bon bout de temps à Jean-Marie Le Pen, figure emblématique de l'extrême droite française.

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