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Julien Dray porte plainte

Le député socialiste de l'Essonne a décidé de porter plainte pour violation du secret professionnel. Il vise la médiatisation de la perquisition réalisée dans ses deux domiciles vendredi dernier. Il fait l'objet d'une enquête pour des transferts de fonds suspects, et se voit mollement soutenu par le PS.
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Quitte à occuper le terrain médiatique, autant faire figure d'attaquant. Le député socialiste de l'Essonne, Julien Dray, englué depuis vendredi dans une affaire de transferts de fonds douteux, décide donc de contre-attaquer. Après la perquisition médiatisée effectuée dans ses deux domiciles, à Paris et Sainte-Geneviève-des-Bois, il porte plainte pour “violation du secret professionnel.” Son avocat la déposera demain au parquet de Paris.

Fuite organisée ?

But de la manœuvre : démasquer ceux qui, selon lui, cherchent à l'abattre en s'assurant de la plus ample diffusion possible de ses ennuis judiciaires : “Une fuite semble avoir été organisée concernant la note de Tracfin”, explique son avocat, Me Léon-Lef Forster. C'est une note émanant de cet organisme spécialisé dans la surveillance des flux financiers qui a mis le feu aux poudres. Les limiers du ministère des finances, dont Tracfin est une émanation, ont repéré la disparition de 120.000 euros des comptes de deux associations, Les Parrains de SOS-Racisme et la Fédération indépendante et lycéenne (Fidl), vers ceux de deux salariés de SOS racisme. Et l'apparition de 102.000 euros sur le compte de Julien Dray, en provenance des comptes de ces deux mêmes salariés.

L'avocat de Julien Dray souligne que pour l'instant, aucune poursuite ne le vise et assure qu'il est “serein et combatif”.
_ Cette réserve de sérénité, ce n'est en tout cas pas au parti socialiste que Julien Dray va la puiser. Depuis sa fracassante mise en cause, la règle de la rue de Solférino est proche du “bouche cousue”, voire du “silence il coule”.

Texto de soutien

La première secrétaire, Martine Aubry n'a pas voulu réagir aux ennuis du député proche de Ségolène Royal. “C'est une enquête préliminaire, il n'y a pas de mise en examen, il y a la présomption d'innocence, c'est un dossier privé. Sur le dossier de fond, on ne connaît rien”, s'est contenté de plaider le porte-parole du PS, Benoït Hamon.
_ “Depuis 1982-83, les premiers secrétaires ont décidé de ne pas intervenir dans ce type d'affaires. Je crois qu'ils ont raison, qu'il ne faut pas politiser les choses”, a expliqué son collègue député Jean-Christophe Cambadélis, lui-même condamné dans le cadre de l'affaire de la MNEF en 2000.

Ségolène Royal, que Julien Dray a soutenu pendant la campagne, s'est fendue d'un texto de soutien, tout comme Pierre Moscovici, qui insiste tout de même que le fait que tant qu'il n'est pas déclaré coupable : “C'est une enquête préliminaire, il n'y a pas de mise en examen, donc je trouve que le déferlement médiatique sur cette affaire-là est quand même extrêmement fort. On apprend les choses heure par heure comme s'il y avait une volonté de faire savoir”. “Je ne crois pas au hasard dans ce genre de circonstances”, ajoute-t-il. Apparement, Julien Dray non plus. Reste à savoir si le coup - si coup il y a - vient de ses adversaires politiques, ou de ses amis.

Grégoire Lecalot, avec agences

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