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L'Etat veut effacer l'ardoise du Crédit Lyonnais

DECRYPTAGE | Le gouvernement va emprunter 4,5 milliards d'euros aux marchés financiers pour solder la faillite du Crédit Lyonnais. L'affaire remonte à 1995. A l'époque, l'Etat avait emprunté près de 20 milliards d'euros pour sauver la banque. Aujourd'hui, il compte bien profiter de conditions financières favorables pour tourner cette page au plus vite. 
Article rédigé par Lucas Roxo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
  (Maxppp)

L'information est donnée par le journal le Parisien, dans son édition dominicale : l'Etat va anticiper d'un an un emprunt de 4,5 milliards d'euros sur les marchés financiers pour solder la dette issue du naufrage du Crédit Lyonnais. Une information confirmée par le ministère du Budget. Quelle dette, comment et combien : France Info décrypte une affaire vieille de vingt ans. 

Qu'a-t-on appelé "l'affaire Crédit Lyonnais" ? 

En 1993, des investissements massifs "pourris" plongent le Crédit Lyonnais dans une situation de quasi-faillite. S'en suit une période trouble, dont on retient notamment l'incendie du siège de la banque centrale à Paris. La banque, alors contrôlée par l'Etat, finit par être privatisée en 1999.

Mais entre temps, pour sauver le Crédit Lyonnais, l'Etat a créé deux structures : le Consortium de réalisation, chargé de vendre des actifs du Crédit Lyonnais, et l'EPFR (Etablissement public de financement et de restructuration), qui avait emprunté à l'époque 130 milliards de francs (environ 19,8 milliards d'euros) à l'établissement bancaire.

En résumé, leur rôle consiste à régler le passif de la banque. Pour cela, ils souscrivent un prêt de 130 milliards de francs auprès du Crédit Lyonnais, qui doivent être remboursés grâce aux cessions d'actifs. Aujourd'hui, les dettes n'ont toujours pas fini d'être remboursées : il reste une traite de 4,5 milliards d'euros à régler avant le 31 décembre 2014.

Pourquoi maintenant et pas en 2014 ?

L'Etat a donc encore un an pour rembourser. La décision de Bercy peut donc paraitre surprenante, puisqu'en théorie le délai court jusqu'au 31 décembre de l'année prochaine. Pourquoi faire cela dès maintenant ? C'est parce que le ministère du Budget souhaite rendre l'opération la moins coûteuse possible pour l'Etat.

En empruntant 4,5 milliards d'euros, l'Etat va payer des intérêts. Or, les taux sont très bas en ce moment : mieux vaut donc emprunter dès maintenant, afin d'éviter le risque d'une éventuelle remontée les taux. Et puis, avec ce dernier versement l'Etat est en passe de solder le volet financier de la quasi-faillite du Crédit Lyonnais. Une affaire dont le gouvernement souhaiterait se débarasser une bonne fois pour toutes. 

Comment l'Etat va-t-il s'y prendre ? 

"Il est bien prévu dans le projet de loi de finances rectificative une reprise de dette de l'EPFR ", a indiqué un porte-parole du ministère.

Précisément, un des articles de la loi de finances rectificative de 2013 qui doit être présentée mercredi en Conseil des ministres "autorisera l'Agence France Trésor - le service de Bercy chargé de la dette - à emprunter 4,5 milliards d'euros sur les marchés financiers ", avec pour objectif de rembourser "les dernières dettes générées par la quasi faillite de cette banque publique en 1993 ". Il s'agira donc d'autoriser l'Agence France Trésor à lever les fonds suffisants sur les marchés financiers. Il faudra, avant cela, que le Parlement accepte la mesure. 

Combien cela va-t-il coûter ? 

En 2011, la Cour des comptes avait déjà signalé au gouvernement Fillon que la dette se creusait. Finalement, en tout, le passif du Crédit Lyonnais aura coûté 14,7 milliards d'euros à l'Etat. Selon les calculs effectués par le journal Le Parisien, cela équivaut à 223 euros par Français. 

 

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