L'inquiétude de Patrick Devedjian
"La situation actuelle exige un grand projet de société. Je ne le vois nulle part", estime, dans un entretien au Monde, le président du conseil général des Hauts-de-Seine, qui pense que l'élection de 2012 "va être difficile"
A ses yeux, "il faudra proposer un projet profondément novateur qui réponde aux angoisses d'une société bouleversée par la mondialisation". "C'est indispensable, car on ne gagne pas uniquement sur un bilan ni sur la politique internationale", poursuit Patrick Devedjian. Les relations de ce dernier s'étaient tendues avec Nicolas Sarkozy et son fils Jean, conseiller général des Hauts-de-Seine, dans les mois précédant les cantonales de mars.
Il voit néanmoins "une chance" pour son camp: le fait que "la gauche ne propose qu'un changement de personne".
Le maire d'Antony multiplie les critiques sur la stratégie impulsée par Jean-François Copé à la tête de l'UMP. Il se dit ainsi "très réservé sur la critique des primaires" et rappelle qu'"en 2007, la primaire à l'UMP "a été très utile" pour ce dernier. Selon lui, "les socialistes, une fois qu'ils auront choisi leur candidat, sauront se rassembler derrière lui ou elle".
Dans le même temps, il estime qu'"il est préoccupant pour l'UMP de ne faire entendre que la voix de la Droite populaire, même si celle-ci a tout à fait le droit de s'exprimer". "Sarkozy a gagné, en 2007, sur le message très fort du petit Français au sang mêlé. Cela correspond à quelque chose de profond dans notre société, et croire qu'on peut gagner en 2012 sur la thématique inverse est illusoire", poursuit-il. Il pense que cette position risque de faire fuir l'électorat centriste.
Patrick Devedjian critique aussi l'application du principe du non-remplacement d'un départ à la retraite sur deux, "règle systématique aveugle".
Il s'inquiète aussi de la possibilité de convoquer le Parlement en Congrès pour inscrire la "règle d'or" budgétaire dans la Constitution, critiquant implicitement Jean-François Copé, qui pousse le chef de l'Etat à prendre cette décision. "Un Congrès comporterait un grand risque au regard des marchés financiers", estime-t-il. En cas d'échec, "qui sera accusé d'avoir provoqué cet évènement ?", demande-t-il. Réponse: "le président". Et d'ajouter: "Il n'est pas nécessaire de le pousser au suicide politique".
La réaction de Jean-François Copé
Le secrétaire général de l'UMP a tenté de minimiser les prises de position de Patrick Devedjian. Chacun a le droit de "s'exprimer, voire de critiquer", a-t-il dit. "Je préfèrerais qu'il complète ses critiques par des propositions mais je suis persuadé qu'il le fera. Le principal, c'est qu'on soit rassemblés au final", a ajouté Jean-François Copé.
Jean-François Copé, vendredi, lors de l'ouverture du campus de l'UMP à Marseille
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