La fin des vacances de Monsieur Hulot
Pour beaucoup, Nicolas Hulot est cet homme au visage buriné, à la chevelure revêche, qui parle derrière son masque de plongée du fond des océans ou s'émerveille d'un paysage depuis son ULM. Voilà pour l'animateur d'Ushuaïa, émission à succès lancée en 1987 par celui qui avait auparavant été photographe de plage, puis photo-reporter-globe-trotter, passionné de moto à 20 ans.
Son ami l'aviateur Patrick Dutartre le décrit avant tout comme un animal sauvage. Un solitaire que ses proches disent aussi charmeur, séducteur même. A l'écoute et ouvert, il peut toutefois se montrer colérique, fragile, sensible. Et il n'hésite pas à bombarder de SMS celui qui l'a critiqué d'une façon qu'il juge injustifiée. Un aventurier également dans la lune, s'amuse son camarade Jean-Paul Besset, qui le voit en digne petit-fils du Mr Hulot qui inspira Jacques Tati.
Des revenus proches du million d'euros
Un Mr Hulot junior que ses copains surnomment "Commandant couche-tôt". Cousteau qui aurait troqué son bonnet rouge pour un bonnet de nuit. Pas du genre fêtard mondain malgré des revenus annuels proches du million d'euros lorsqu'ils étaient encore rendus publics au milieu des années 2000. Ses proches le disent généreux, pas dans l'ostentation. Il vit en famille dans une villa qui surplombe la mer à Saint-Lunaire en Bretagne, où il y pratique le kyte-surf quasi quotidiennement.
Pourquoi alors, à près de 56 ans, quitter cette vie confortable pour se lancer dans l'arène politique ? Par sens du devoir. C'est en tout cas la version de son ami Patrick Dutartre. Ce qui est sûr est que l'animateur a longtemps hésité avant de se lancer. Et ce n'était pas la première fois. En 2007, il avait déjà menacé de se présenter à la présidence, avant de renoncer. Rebelote en 2009. Il tergiverse mais ne rejoint finalement pas les listes Europe-Écologie pour les européennes.
Le crédo d'Hulot jusqu'à présent était donc plutôt l'influence. Avoir l'oreille des puissants. Jacques Chirac d'abord, à qui il inspira la Charte de l'environnement intégrée à la Constitution et qui lui proposa deux fois d'être ministre. Nicolas Sarkozy ensuite avec la taxe carbone finalement avortée. Face aux résultats limités, l'écolo cathodique change donc de méthode. Endurci aussi par le naufrage de son film Le syndrome du Titanic . C'est ce que pense en tout cas Dominique Bourg, philosophe et membre du comité de veille écologique de la Fondation Nicolas Hulot.
Les coups commencent déjà à pleuvoir
Nicolas Hulot ne fait pas l'unanimité dans le milieu écolo. Stéphane Lhomme, président de l'Observatoire du nucléaire, vient ainsi de se présenter à la primaire verte spécialement "contre" l'animateur, qui cartonne dans les enquêtes de popularité. Parmi les critiques dont il fait l'objet, un appel jugé tardif à sortir du nucléaire, seulement après la catastrophe de Fukushima. Le fait aussi que sa Fondation soit financée par EDF, justement chantre de l'atome, par L'Oréal aussi ou encore TF1... Pas forcément des parangons de vertu verte, soulignait récemment un rapport parlementaire. La Fondation travaille en toute indépendance assure néanmoins le proche conseiller Jean-Paul Besset.
Une Fondation dont Nicolas Hulot quittera la présidence dès cette semaine, tout comme il cessera d'être salarié de TF1... pour reprendre toutes ces activités dans un an ? Ce n'est pas exclu. " Il n'est pas fait pour la politique", explique un de ses amis, qui le voit mal accepter un ministère et l'imagine plutôt dans une hypothétique "ONU de l'environnement". Peut-être un nouveau recyclage en vue pour Nicolas Hulot.
Jérôme Jadot
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