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Enrico Macias veut "dégommer" les élus LFI : on vous résume la polémique

Le chanteur Enrico Macias a tenu des propos controversés en début de semaine à la télévision au sujet de la France insoumise. Le parti LFI les a désormais signalés au parquet de Paris.
Article rédigé par franceinfo - Aurore Richard
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Enrico Macias, à Nice, le 22 septembre 2019. (DYLAN MEIFFRET / MAXPPP)

Enrico Macias et La France insoumise sont au cœur d’une polémique depuis mardi 10 octobre, après une intervention du chanteur sur CNews, trois jours après l'attaque du Hamas contre Israël. On vous explique.

>> Attaque du Hamas contre Israël : la position de La France insoumise crée la polémique, Elisabeth Borne dénonce des "ambiguïtés révoltantes"

Qu’a dit Enrico Macias ? 

Le chanteur Enrico Macias était invité mardi 10 octobre dans l’émission L’Heure des Pros 2 animée par Pascal Praud, sur CNews. Il dénonce alors la position de La France insoumise après l’attaque massive du Hamas contre Israël le samedi 7 octobre. LFI qui refuse de qualifier l’organisation islamiste du Hamas de "terroriste"

"Quand j'entends l'extrême gauche qui se défausse devant cette horreur, eh bien vous m'obligez à dire ce que je ne voulais pas dire :il faut les dégommer ces gens-là", déclare Enrico Macias. "Politiquement", précise Pascal Praud. "Bien sûr, mais peut-être physiquement", ajoute le chanteur de 84 ans, qualifiant aussi les membres de LFI de "complices" du Hamas.

Que répond LFI ? 

À la suite de ces propos, le groupe parlementaire La France insoumise alerte le parquet de Paris mercredi 11 octobre. La patronne des députés LFI, Mathilde Panot, a écrit à la procureure de la République de Paris sur la base de l’article 40 du code de procédure pénale qui dit que "toute autorité constituée, tout officier public ou fonctionnaire qui, dans l'exercice de ses fonctions, acquiert la connaissance d'un crime ou d'un délit est tenu d'en donner avis sans délai au procureur de la République et de transmettre à ce magistrat tous les renseignements, procès-verbaux et actes qui y sont relatifs". Autrement dit, cet article lui permet de dénoncer des faits ou des propos à la justice.

En l’occurrence, les propos d’Enrico Macias "semblent constituer un délit de provocation non suivie d’effet" selon Mathilde Panot. Le terme "dégommer" est "un appel à s’en prendre physiquement aux membres de la France insoumise", précise-t-elle, sachant que cela s’inscrit dans un contexte "de menaces constantes sur La France insoumise". "Ces propos (...) mettent en danger la vie de certains membres de LFI", assure également Thomas Portes, député La France insoumise de Seine-Saint-Denis.

Par ailleurs, en qualifiant les élus insoumis de "complices" du Hamas, c’est une accusation de "diffamation publique" pour la cheffe de file de LFI à l’Assemblée nationale.

Que risque Enrico Macias ? 

Concernant le "délit de provocation non suivie d’effet" dont parle Mathilde Panot, l’article 24 de la loi du 29 juillet 1881 indique que ceux qui auront directement provoqué à commettre des infractions, telles que "les atteintes volontaires à la vie, les atteintes à l’intégrité de la personne et les agressions sexuelles, définies par le livre II du code pénal" seront punis de cinq ans d’emprisonnement et de 45 000 euros d’amende.

Pour le délit de "diffamation publique" qui apparaît dans le courrier au parquet de Paris, il faut déjà préciser la distinction entre "diffamation publique" et "diffamation non-publique" que fait la justice. La diffamation est "publique" quand elle peut être entendue, vue ou lue par un grand nombre de personnes ou par le grand public. La loi punit plus sévèrement la diffamation publique parce qu’elle "porte donc plus gravement atteinte à la personne qui la subit", explique les autorités.

La loi du 29 juillet 1881 définit un cas général où la diffamation publique envers une personne privée ou un groupe de personnes privées est punissable d’une amende de 12 000 euros. Mais, dans le cas, où cette diffamation publique vise "le Président de la République, un ou plusieurs membres du membres du ministère (…) un citoyen chargé d’un service ou d’un mandat public", comme ici des élus LFI, l’article 31 prévoit 45 000 euros d’amende.

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