La légalisation de l'euthanasie en débat au Sénat : la commission des Affaires sociales fait machine arrière
Les sénateurs examinent aujourd'hui une proposition de loi visant à légaliser l'euthanasie. Le texte, controversé, prévoit que des personnes gravement malades puissent, dans certains cas, demander une "assistance médicalisée" pour "une mort rapide et sans douleur". Adoptée en commission la semaine dernière par 25 voix pour, 19 contre, et deux abstentions, le texte vient pourtant d’être vidé de sa principale substance… par cette même commission.
En adoptant ce matin l'amendement présenté par la sénatrice UMP de Paris Marie-Thérèse Hermange, la commission des Affaires sociales du Sénat a en effet supprimé le premier article du texte. Un article clé puisque c’est précisément celui qui indique que "toute personne capable majeure, en phase avancée ou terminale d'une affection accidentelle ou pathologique grave et incurable, lui infligeant une souffrance physique ou psychique qui ne peut être apaisée ou qu'elle juge insupportable, peut demander à bénéficier (...) d'une assistance médicalisée permettant, par un acte délibéré, une mort rapide et sans douleur ".
La proposition de loi adoptée en commission le 18 janvier l’avait été "dans la précipitation", justifie Marie-Thérèse Hermange. En attendant, le débat aura bien lieu la nuit prochaine en séance plénière au Sénat mais il va sans doute tourner au baroud d'honneur. Le texte sera ensuite soumis en deuxième lecture à l'Assemblée nationale. Mais autant dire là aussi que la proposition de loi initiale n'a aucune chance d'être votée, une majorité du groupe UMP étant contre.
Mais quelle que soit l'issue du vote, au Sénat puis à l'Assemblée, le débat pourrait s'inviter dans la campagne présidentielle. Le Parti socialiste, qui avait déposé une proposition de loi en novembre à l'Assemblée, retoquée par les députés, l'a inscrite dans son programme. Interrogée sur le sujet hier soir sur Canal+, Martine Aubry s'est déclarée "favorable" à la proposition de loi, réclamant toutefois des " précautions " dans son application.
La semaine dernière, le premier vote de la commission des Affaires sociales, alors favorable au texte, avait suscité un large débat dans la classe politique. Dans une tribune publiée dans Le Monde daté d’aujourd’hui, le Premier ministre François Fillon s’est ouvertement opposé au texte.
Cécile Mimaut, avec agences
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