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La loi "anti-bandes" en discussion à l'Assemblée

La proposition de loi du député UMP Christian Estrosi pour créer une infraction réprimant la “participation à une bande violente” et les violences avec port de la cagoule, est examinée à l'Assemblée nationale à partir d'aujourd'hui.
Article rédigé par franceinfo
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Deux jours après la mort d'un adolescent suite à une bagarre à main armée entre deux bandes du Blanc-Mesnil, en Seine-saint-Denis, les députés examinent la proposition de loi de Christian Estrosi (UMP) créant une infraction pour “participation à une bande violente” sous la pression de l'actualité.
_ Le porte-parole de l'UMP, Frédéric Lefebvre, a d'ailleurs profité de ce drame, dès dimanche, pour demander aux députés de voter le texte “à l'unanimité”.

Missionné par Nicolas Sarkozy sur fond d'une hausse des chiffres de la
délinquance, le député-maire UMP de Nice, Christian Estrosi, proche du président, a mis au point une proposition de loi pour punir d'une peine de prison -jusqu'à trois ans- la “participation à une bande violente”, le port de la cagoule constituant une circonstance aggravante.

Trois ans de prison

Le texte Estrosi étend également le délit de participation à un attroupement armé aux personnes non armées et définit les modalités d'un enregistrement audiovisuel des opérations de maintien de l'ordre et d'arrestations. La surveillance des halls d'immeuble est en outre facilitée et la vente à la sauvette en groupe devient un délit. “Il ne s'agit pas de réprimer un groupe formé d'une +bande de copains+ mais un groupe menaçant de commettre des violences ou des destructions”, plaide Christian Estrosi.

Applaudies à droite, ces mesures suscitent scepticisme, voire opposition à gauche. Seul Manuel Valls, maire PS d'Evry, se dit tenté de voter le texte s'il permet de “lutter efficacement” contre les bandes. Position isolée, le PS voyant dans le texte un arsenal “inutile” et “inefficace”, voire “dangereux” pour le PRG.

“Suspects d'être suspects”

D'autant que le second volet du texte, visant à prévenir la violence dans
les établissements scolaires, rend plus aléatoire encore un accord.
_ Il fait partie d'une batterie de mesures annoncées par Nicolas Sarkozy le 18 mars à Gagny (Seine-Saint-Denis), après qu'une vingtaine de jeunes gens, encagoulés et armés, eurent envahi un lycée.

Les sociologues qui ont travaillé sur les phénomènes de bandes ne sont pas plus enthousiastes et dénoncent l'aspect uniquement répressif du texte. Michel Fize, chercheur au CNRS et auteur de “Les Bandes”, rappelle qu'il existe déjà des outil juridiques : “la bande organisée malveillante et délinquante existe, elle s'appelle l'association de malfaiteurs ”. D'autres s'inquiètent du manque de définition d'une bande : “Où finit le groupe de copains, où commence la bande ?”, se demande Laurent Mucchielli, auteur de “Les bandes de jeunes”, avec Marwan Mohammed. Et ils s'inquiètent de la notion d'intention, craignant que les jeunes ne deviennent “suspects d'être suspects”.

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