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Démission de François de Rugy : "C'est la victoire de la défiance qui est en train d'instiller un poison dans notre démocratie"

Après la démission mardi du ministre de l'Ecologie et de la Transition solidaire consécutive aux révélations de Mediapart, le directeur général de l'Observatoire de l'éthique publique met en garde contre les approches "hystérisées" de ce type d'affaires.

Article rédigé par franceinfo
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François de Rugy, le 11 juillet 2019. (GEORGES GOBET / AFP)

La démission de François de Rugy signe la victoire de l'information, se réjouissait mardi Edwy Plenel, président et co-fondateur de Mediapart, à l'origine des révélations sur le désormais ex-ministre de la Transition Ecologique. "C'est la victoire de la défiance qui est en train d'instiller un poison dans notre démocratie", réagit quant à lui, mardi 16 juillet sur franceinfo, Matthieu Caron, directeur général de l'Observatoire de l'éthique publique, un think tank fondé en 2018 présidé par l’ancien député socialiste René Dosière"Les révélations au compte-gouttes sont un poison, estime-t-il. Évidemment, il y a ici une faute politique, mais il faut prendre du recul par rapport à tout ça et remettre les choses en perspective en se posant les bonnes questions.

Il faut s'inscrire dans une logique de transparence tranquille, c'est ce que porte l'Observatoire de l'éthique publique.

Matthieu Caron

à franceinfo

L'épisode, selon lui, pose trois questions. "La première est de savoir à partir de quand un ministre doit démissionner, indique Matthieu Caron. Certes c'est une question politique, mais c'est aussi une question juridique." Par le passé, note-t-il, pouvait-on se prévaloir de la "jurisprudence Bérégovoy-Balladur", selon laquelle un ministre devait démissionner s'il était mis en examen.

De nouveaux critères pour garantir la stabilité

"Aujourd'hui, oppose le directeur général de l'Observatoire de l'éthique publique, il n'y a même plus d'enquête préliminaire, ni d'information judiciaire, ni de mise en examen, et immédiatement le ministre doit démissionner. Le président de la République ou le Premier ministre peuvent à tout moment démissionner. Il y a une question politique là-dedans." Il appelle dès lors à établir de nouveaux critères, pour garantir davantage de stabilité et éviter les incessantes démissions, nuisible selon lui au travail du pouvoir politique.

Je ne suis pas du tout en train de défendre M. de Rugy. C'est une autre question. Je dirais que cette affaire va bien au-delà de la question de monsieur de Rugy.

Matthieu Caron

à franceinfo

La deuxième question posée, selon le directeur général de l'Observatoire de l'éthique publique, est celle de l'encadrement du train de vie des élus, pour laquelle subsiste un angle mort. "Nous allons faire un certain nombre de propositions dans les prochains jours, assure-t-il, que ce soit pour le train de vie du Parlement ou du gouvernement. Par exemple, nous allons proposer qu'il y ait un déontologue du gouvernement, comme il y en a un pour l'Assemblée nationale ou comme il y a un comité de déontologie au Sénat." 

Préférer une approche "sereine" plutôt qu'"hystérisée"

Plus globalement, selon Matthieu Caron, c'est le rapport des citoyens à la transparence qui est posé : "La robe ne fait pas le médecin, l'habit ne fait pas le moine, comme on dit, mais M. de Rugy a beaucoup oeuvré pour son institution et peu de monde le dit, souligne Matthieu Caron. C'est lui qui a baissé de 15% les dépenses du train de vie de l'Hôtel de Lassay, il a mis fin à la gratuité des transports pour les anciens membres du Parlement, à un certain nombre d'avantages pour les anciens présidents de l'Assemblée nationale." 

"Bien sûr, conclut-t-il, ce n'est pas parce qu'il fait la transparence pour son institution qu'il la fait pour lui-même." "Mais, met en garde Matthieu Caron, dans cette affaire, comme dans les précédentes et comme pour les futures, il faut avoir une approche sereine dans la façon d'appréhender le phénomène, et non pas une approche trop hystérisée. C'est extrêmement inquiétant pour notre démocratie."

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