LREM : "démocratie", "confiance", "ultra-motivation", la vérité du terrain des "marcheurs" de l'Eure
Dans l'Eure, les militants de La République en marche semblent aux antipodes des cent "marcheurs" qui démissionneront vendredi du mouvement. Ces militants normands sont convaincus que leur parole est prise en compte.
Une centaine d'adhérents de La République en marche (LREM) ont annoncé qu'ils démissionneront vendredi 17 novembre, veille du premier conseil national du mouvement qui fera de Christophe Castaner, seul en piste, le délégué général du parti. Ces "marcheurs-frondeurs" dénoncent un manque de démocratie dans le fonctionnement interne d'un mouvement qui perdrait son souffle. Dans l'Eure, ce sentiment ne semble pas partagé par des militants, peu nombreux, mais convaincus, comme à la première heure.
Des militants à la recherche d'une nouvelle ambiance
C'est indéniable, il existe un écart important entre le nombre d'adhérents et le nombre de militants actifs. Guillaume Rouger, le référent départemental, chargé de coordonner le mouvement localement le reconnaît. Dans l'Eure, La République en marche revendique 2 500 adhérents et la grande majorité se caractérise... par sa passivité. L'ambiance, sur le terrain, a forcément changé, depuis qu'Emmanuel Macron est à l'Elysée et que plus de 300 députés LREM sont à l'Assemblée nationale, raconte un jeune "marcheur".
Il y a eu la période de campagne où nous étions très actifs. Les boîtes aux lettres, les marchés, les affiches. Là, on est dans une période un peu creuse.
un jeune militantà franceinfo
Pour démentir la perte de vitesse de son mouvement, la direction nationale met en avant les 166 000 adhésions acquises depuis l'élection présidentielle de mai dernier. Toutefois, ce n'est pas ce que ressent l'animatrice de l'un des 30 comités locaux de l'Eure. Cette mère de famille, cadre dans l'industrie, évoque des difficultés à recruter, tout en se félicitant du socle de départ. "Le mouvement n’est peut-être pas très populaire du fait des réformes en cours, qui peuvent ne pas plaire à tout le monde, mais avec les personnes là dès le départ, on continue notre bonhomme de chemin, tous ensemble", déclare-t-elle.
La motivation et l'espoir de remonter les infos à Paris
Les "marcheurs" de l'Eure ne se présentent pas du tout comme déprimés. Au contraire, le patron du mouvement dans le département, Guillaume Rougé, décrit des militants investis à l'extrême.
Dans notre travail quotidien, sur le terrain, nous avons des gens ultra-motivés qui ne comptent pas leurs heures, qui font ça en plus de leur boulot et qui sont à 200 %.
Guillaume Rougerà franceinfo
Tous parlent du temps consacré au parti, deux à trois heures par jour au minimum, ainsi que des week-ends entiers. Un exemple de cet investissement se présente à Saint-André-de-l’Eure, à 20 kilomètres d'Evreux. La commune de 4 000 habitants, compte 20 militants LREM, dont une demi-douzaine d'assidus. Carine Bonnard en fait partie et elle prend son rôle très au sérieux, convaincue d'avoir une double mission, la défense de l'action d’Emmanuel Macron et son rôle, en quelque sorte, d'antenne du pouvoir.
Ça peut être une discussion avec sa coiffeuse sur les nouveaux régimes des indépendants. Croiser quelqu’un dans l’Education, dans la police. C'est aussi prendre le pouls de nos territoires pour que cela puisse être pris en considération.
Carine Bonnard, militante LREMà franceinfo
Les municipales dans le viseur de LREM ?
Les élections présidentielle et législatives passées, il faut à présent décliner le macronisme à l'échelle locale, explique Joris Besnier, animateur du comité La République en marche à Gaillon, une commune de 8 000 habitants, qui souffre, dit-il, de l’absence de commerces. Le comité réfléchit : "On voudrait essayer de comprendre les enjeux et être force de proposition pour que les commerces reviennent." Quand il est interrogé sur les futures élections municipales, ce "marcheur" de Gallion se défend de toute arrière-pensée pour le scrutin de 2020. Il n’y pense pas du tout, affirme-t-il.
Ce serait dommage de retomber dans les vieilles pratiques politiciennes. Certains veulent mettre des boîtes à livres dans leur village, pour créer de la connexion entre les gens. Je ne pense pas que ce soit intéressé.
Joris Besnier, animateur du comité LREM à Gallionsur franceinfo
Il est pourtant certain que ce genre d'initiative, même modeste, qui permet de mailler le territoire intéresse au sommet. Lundi prochain, le parti La République en marche, mettra en ligne, sur son site internet, une formation intitulée "Agir localement".
Les critiques sur le déficit de démocratie au sein du parti repoussées
Aucun des militants de l'Eure rencontrés ne met en cause le fonctionnement du jeune mouvement. Joris Besnier, l'animateur du comité de Gallion, dit même toute sa "confiance" aux membres des instances nationales. "Ce sont des personnes qui ont participé à la naissance du mouvement, qui travaillent depuis le départ avec Emmanuel Macron. Je ne vois pas pourquoi j’irais leur reprocher la manière de fonctionner", explique-t-il.
Inji Alcuntas est chargée de coordonner les actions des comités locaux dans le département. Cette militante est convaincue que le pouvoir de la base se déploie au quotidien dans ces instances.
Personne ne nous dit comment on doit agir, parler. Sur tous les sujets, nous avons été consultés. Le manque de liberté, moi je ne le vois pas. Au contraire, j’ai l’impression d’avoir une autonomie et d’avoir ce côté démocratique du mouvement.
Inji Alcuntas, coordinatrice des comités LREM dans l'Eureà franceinfo
Parmi tous ces militants, un seul, pourtant, a obtenu le pouvoir de voter ce week-end afin de désigner les nouvelles instances dirigeantes : Guillaume Rouger, le référent. Il a été nommé par Paris, fin octobre.
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