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Municipales : comment Benjamin Griveaux est en train de gagner la bataille de l'investiture LREM à Paris

Ça se tend chez LREM à l'approche du choix du candidat à la mairie de Paris. Des prétendants à l'investiture face à Benjamin Griveaux, qui fait figure de favori, contestent le mode de désignation, plaidant pour une "consultation citoyenne". Ils ont depuis été recadrés par la direction du parti, qui rejette toujours l'idée d'une primaire.

Article rédigé par franceinfo
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Le député Benjamin Griveaux dans les jardins de l'Assemblée nationale, le 12 juin 2019. (MAXPPP)

"Halte au feu !" L'avertissement a été lancé dimanche 16 juin par le patron des députés de La République en marche (LREM), sur France 3. Gilles Le Gendre a dit vouloir éviter une "guerre fratricide" pour la course à la mairie de Paris au sein du parti présidentiel, où certains étalent désormais leurs divisions au grand jour. "Je trouve que l'affaire est en train de prendre un très vilain tour. Ça ne me plaît pas du tout", a tranché le chef du groupe LREM à l'Assemblée.

>> Municipales à Paris : à LREM, c'est commission impossible pour satisfaire les candidats à l'investiture 

Au cœur de la discorde : le mode de désignation du candidat à la mairie de Paris, ainsi que la date de cette désignation. La charge a été lancée samedi par un ex-secrétaire d'Etat (Mounir Mahjoubi), deux députés (Cédric Villani et Hugues Renson) et une élue d'arrondissement (Anne Lebreton). Dans une tribune publiée par le JDD, ces quatre candidats à l'investiture de LREM pour les municipales de 2020 à Paris ont choisi de faire front commun contre le favori, Benjamin Griveaux, en réclamant la tenue d'une "consultation citoyenne" qui servirait à désigner le champion du parti présidentiel.

"Les pratiques des vieux partis"

Les candidats à l'investiture critiquent la procédure de désignation en cours, trop opaque à leurs yeux, et demandent un délai supplémentaire, au-delà du mois de juillet retenu par les instances de LREM. "Entre une désignation précipitée, prise entre les quatre murs d'un mouvement politique, et une primaire qui déchire, il y a la place pour un processus fait de débat serein et de consultation citoyenne", écrivent-ils. "Parce que les citoyens sont les meilleurs experts de leurs propres vies, faisons leur confiance pour qu'ils puissent prendre part à la désignation du futur ou de la future maire de Paris", ajoutent les signataires de la tribune. Les quatre alliés de circonstance ne s'étendent pas sur les modalités de cette hypothétique "consultation", qui serait différente d'une simple primaire.

Si le processus actuel va à son terme, le choix du candidat sera arrêté le 10 juillet, au lendemain d'auditions devant la commission nationale d'investiture. Les concurrents de Benjamin Griveaux redoutent en réalité que cette procédure ne favorise l'ancien porte-parole du gouvernement, le plus connu du lot, considéré en outre comme très proche d'Emmanuel Macron.

"Nous avons été élus il y a deux ans sur la promesse de faire de la politique différemment, estime Hugues Renson, interrogé par Le Monde (article abonnés). Ce serait dommage d’en revenir aux pratiques des vieux partis, alors que nous pouvons consulter ceux qui vont porter cette campagne." Et "en off", deux candidats au moins se lâchent auprès du quotidien et doutent sérieusement des chances de Benjamin Griveaux : "Il peut être très charmeur, mais aussi méprisant, cassant, agressif, et c’est ce que sentent les gens", dit l'un. Quand un autre assène : "Regardez le dernier sondage de l'Ifop pour Paris Match. Benjamin est tombé à 19% d’opinions positives au niveau national. Il rétrécit LREM !"

"Ils parlent entre eux, mois je suis avec les Parisiens"

Face à ces attaques, la réponse de Benjamin Griveaux n'a pas tardé samedi, dans les colonnes du Monde "Les primaires sont des machines à perdre, or, moi, je veux que nous gagnions Paris." Et d'ajouter : "J'invite donc tout le monde au calme et au respect de nos règles communes, qui ne prévoient pas de primaires. Pourquoi faudrait-il les violer aujourd’hui ?" Dimanche, il a enfoncé le clou auprès du Parisien : "Je ne comprends pas cette réaction". Redoute-t-il un front anti-Griveaux ? "Ils sont juste quatre (...) Ils parlent entre eux, moi je suis avec les Parisiens."

Une fin de non-recevoir appuyée par une tribune publiée également samedi sur le HuffPost par des référents de LREM à Paris. Au nombre de quinze, les signataires écrivent : "Nos statuts, votés en juillet 2017, définissent les conditions de désignation des candidats" et la commission d'investiture qu'ils prévoient "en a la responsabilité", est "compétente et autonome", font-ils valoir.

"Elle a défini son calendrier. Un calendrier à nos yeux adapté vu le chemin que nous avons à parcourir pour donner à Paris un nouveau souffle, ajoutent-ils. Il est temps désormais de laisser notre commission nationale d'investiture mener sereinement son travail, dans le cadre et les règles qui ont été définis et acceptés de tous. La diversité des idées qui seront présentées aux membres de cette commission par chacun des candidats à l'investiture contribuera à renforcer notre projet pour Paris", concluent-ils.

L'idée d'une primaire rejetée

Ce discours a été appuyé lundi par le coprésident de la commission nationale d’investiture LREM, Alain Richard. "L'organisation d'une primaire est exclue. D'autant que si nous lancions ce processus, pourquoi est-ce qu'on ne nous réclamerait pas la même chose à Brive-la-Gaillarde ou ailleurs ?", explique-t-il au Parisien.

Soutenu par une "large partie des cadres de LREM à Paris" selon Le Monde, Benjamin Griveaux peut aussi compter sur des appuis au gouvernement, ceux de Marlène Schiappa et de Julien Denormandie. "Regardez, presque tous les élus et les responsables du parti à Paris sont avec moi, c’est la preuve que je sais rassembler", lance-t-il au Monde.

Enfin, Stanislas Guerini, délégué général de LREM, a définitivement fermé la porte à l'idée d'une primaire, lors d'une conférence de presse, lundi. Ainsi, comme prévu initialement, le candidat LREM à Paris devrait bel et bien être désigné par la commission nationale d'investiture le 10 juillet. Malgré la contestation des rivaux de Benjamin Griveaux.

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