Le débat de l'entre-deux-tours vu depuis la "riposte party" du PS
C'est à la Bellevilloise, dans le XXe arrondissement de Paris, que l'équipe web du PS a donné rendez-vous aux cybermilitants pour suivre le débat de l'entre-deux-tours. Plus de 400 personnes devant un écran géant, et presque autant d'ordinateurs.
C'est la dernière "riposte party" du PS. L'une des plus importantes aussi. Pour suivre le débat qui oppose François Hollande à Nicolas Sarkozy ce mercredi 2 mai, quelque 400 personnes ont répondu à l'appel de l'équipe web du candidat socialiste.
PS, EELV, MRC et même MoDem
Outre les piliers de l'équipe de la campagne en ligne, des militants, des sympathisants, souvent habitués des "ripostes party", mais aussi quelques petits nouveaux. Une dizaine de militants écologistes, quelques sympathisants MoDem et même un ou deux villepinistes ont fait le déplacement.
Adrien, militant EELV, se justifie : "Il n'y a qu'un seul bulletin à mettre dans l'urne au deuxième tour. Ce soir, on se place hors des batailles d'appareil. On reprendra la bataille après, pendant les législatives."
Les poids lourds du parti, eux, sont au siège du parti, rue de Solférino. Ce qui ne les empêche pas d'alimenter la riposte.
"Une war-room a été mise en place à Solférino, mais on utilise les mêmes hashtags, #VoteHollande et #ledébat", explique Romain Pigenel. "Pierre Moscovici, Manuel Valls ou Najat Belkacem sont très actifs sur leurs comptes, on échange à distance", précise-t-il.
"Bonjour à OK Corral"
Dès le début du débat, la salle salue les interventions de François Hollande. Pour Mounir Mahjoubi, l'un des membres de l'équipe "Sarkozy est arrivé comme un boxeur. Hollande était prêt à faire un débat posé, mais il a accepté de répondre et de rentrer dans le combat".
Même son de cloche du côté de Jean-Baptiste Soufron, avocat et membre de l'équipe numérique : "C'est l'un des débats les plus violents de tous les temps, c'est "bonjour à OK Corral", agressif de part et d'autre", affirme-t-il, un oeil sur l'écran géant, l'autre sur son téléphone.
"Regarde Sarkozy, il est à deux doigts de se lever là, même Hollande, alors qu'il est d'ordinaire très calme", s'exclame-t-il.
#VoteHollande vs #AvecSarkozy
Sur le web aussi, la bataille fait rage. "Ca clashe en ligne , je viens de me faire insulter par un militant UMP", explique Romain Pigenel, responsable "influence et activisme Web" de l'équipe Internet du candidat, placé au centre de la salle, sur la table appelée "la tour de contrôle", qui réunit le noyau dur de l'équipe web.
En effet, pour le débat, l'UMP a également tout fait pour mobiliser les cybermilitants, et une soirée riposte a été organisée au QG du parti, dans le 15ème arrondissement.
Mais apparemment, le PS garde l'avantage. A 22h30, un petit comparatif sur le nombre de tweets dans les deux camps le montre : 52 310 tweets pour #VoteHollande contre 43 639 pour #AvecSarkozy, selon Romain Pigenel.
"Bullshit bingo"
Et dans cette salle qui réunit les militants les plus connectés, un jeu bien plus classique circule aussi, le "Bullshit bingo". Autrement dit, le bingo des mensonges.
"Dès que Sarkozy nous sort un de ses poncifs, on coche", précise Marie-Isabelle, une habituée des "riposte party".
Quand Nicolas Sarkozy parle d'islam, les cris fusent aux quatre coins de la salle : "Bingooooo". "S'il nous fait Tariq Ramadan et les 700 mosquées je complète ma ligne", s'exclame Marie-Isabelle.
Des militants confiants
Non loin du petit groupe, Catherine, 69 ans, a perdu sa connexion wifi et s'inquiète de ne pas pouvoir envoyer ses tweets. "Hollande a un calme que j'aimerais bien avoir", glisse-t-elle. "Je l'ai vu évoluer, progressivement, et là, ça y est, il est dans la peau d'un président, ça se sent", affirme la doyenne de la soirée.
Thomas Hollande, concentré sur l'écran géant, semble satisfait de la prestation de son père : "François Hollande a tout de suite été incisif, Sarkozy avait promis de débusquer les imprécisions, et finalement il n'y en a aucune. J'étais déjà plutôt serein, mais là je suis rassuré", ajoute-t-il.
Au fur et à mesure, l'ambiance, d'abord studieuse, se détend. L'heure tourne. Quand Nicolas Sarkozy évoque DSK, le candidat est hué.
"envolée lyrique"
Ce n'est qu'à la fin que la salle se lève pour une longue ovation au candidat socialiste. L'ambiance devient festive, les commentaires positifs fusent.
Christiane Taubira, députée et conseillère régionale de Guyane, l'une des rares élues à être présente, est ravie : "François Hollande a été exceptionnel. Je pense que Sarkozy ne s'attendait pas à cette pugnacité; je suis encore plus confiante qu'hier", déclare-t-elle.
Thomas Hollande analyse de son côté les moments forts du débat : "Il y a eu deux grands moments", dit-il, "celui où Sarkozy a commencé à être agressif et où Hollande lui a dit qu'il pouvait difficilement faire la victime, et l'anaphore de la fin, "moi, président", son envolée lyrique a marqué tout le monde ici".
"A vos tweets"
Vincent Feltesse, responsable de la campagne numérique de M. Hollande, prend le micro pour saluer les chiffres de la soirée sur Twitter et encourager les cybermilitants à rester mobilisés.
"Dès demain, à vos tweets, au petit déjeuner, en amenant vos enfants à l'école, dans le bus, faites savoir qu'il n'y en a qu'un qui a gagné !", lance-t-il.
Les yeux rivés à son téléphone pendant le débat, il se défend : "Je ne faisais pas que tweeter, j'ai fait le père fouettard avec les élus, je leur envoyais des sms pour leur donner les bons hashtags !"
Fleur Pellerin, chargée du pôle « société et économie numérique » au sein de l'équipe de M.Hollande a elle aussi fait chauffer son smartphone : "J'ai tweeté comme une folle, 200 ou 300 tweets dans la soirée", dit-elle en souriant, avant de commenter, elle aussi, le lyrisme de M. Hollande : "L'acmé c'était le "moi président", ça a mis Sarko K-O, on peut être fiers."
En fin de soirée, alors que les militants ont pour la plupart quitté la salle, Ségolène Royal fait une apparition furtive. Comment a-t-elle trouvé le débat ? "Très bien", dit-elle.
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