Le tournant social-démocrate de Hollande embarrasse la droite
Après la conférence de presse du chef de l'Etat, les principaux responsables de l'UMP et de l'UDI sont apparus divisés dans leurs réactions.
S'il espérait semer le trouble à droite, François Hollande a réussi son coup. En proposant de mettre fin d'ici à 2017 aux cotisations familiales versées par les entreprises – en échange de quoi celles-ci créeraient des emplois –, le chef de l'Etat a pris à contre-pied l'UMP et l'UDI. Difficile, en effet, d'être dans l'opposition, et de reconnaître que l'on partage néanmoins les orientations décidées par le président de la République.
Au lendemain des annonces de François Hollande, mercredi 15 janvier, la droite et le centre-droit sont donc apparus divisés dans leurs réactions. Le président de l'UMP, Jean-François Copé, a par exemple mis en doute la "crédibilité" du chef de l'Etat. Et le député-maire de Meaux de mettre en garde le patronat, car "le diable se cache dans les détails". L'ancien Premier ministre, François Fillon, n'a vu dans le pacte de responsabilité de François Hollande "qu'un slogan, une nouvelle usine à gaz". "Je ne fais aucune confiance à François Hollande pour mettre en œuvre ce qu'il a annoncé (...). Il n'a plus aucune crédibilité pour mettre en œuvre le moindre projet", a lui aussi asséné l'ancien ministre du Travail, Xavier Bertrand.
Mais d'autres, nettement plus nuancés, ont reconnu que les mesures annoncées allaient bel et bien dans le sens prôné par la droite depuis plusieurs mois. "Le discours sonne agréablement aux oreilles. Quand j'entends parler de politique de l'offre, de soutien aux entreprises, de simplification, je suis prêt à soutenir, à dire : oui, c'est la bonne direction pour la France", a ainsi lâché l'ancien ministre Bruno Le Maire, rédacteur du projet de Nicolas Sarkozy pour la présidentielle de 2012. "Il faut dire clairement que ce changement de discours est le bienvenu", a lui aussi concédé l'ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin. Même discours pour l'ancien ministre de l'Economie François Baroin : "Si cette prise de conscience est solide et si elle est sérieuse, objectivement, on ne peut qu'accompagner cette démarche."
Baroin et Raffarin prêts à voter le pacte
Même embarras à l'UDI. "Trois ans encore. Put… ça va être long !" lâchait l'ancien ministre de la Défense Hervé Morin, à peine la conférence de presse de François Hollande terminée. Mais un peu plus tard, son ami Jean-Louis Borloo se réjouissait de voir que François Hollande s'était "placé verbalement dans la ligne de la politique réformiste que la situation de la France exige".
La droite va devoir se déterminer clairement, puisque le président a annoncé l'engagement de responsabilité du gouvernement sur son pacte, dont le calendrier et la méthode doivent être précisés en Conseil des ministres. François Baroin et Jean-Pierre Raffarin n'ont pas exclu, a priori, de le voter. "S'il y a une politique qui redonne confiance aux entreprises, je la soutiendrai", a également concédé François Fillon.
Marine Le Pen, elle, ne pouvait rêver de plus beau cadeau. La présidente du Front national a vu dans ce tournant libéral l'illustration d'une thèse frontiste au long cours : "L'existence dans notre pays d'un parti unique qui regroupe le PS et l'UMP." Pour le patron de Debout la République, le souverainiste Nicolas Dupont-Aignan, "Sarkozy l'a rêvé, Hollande le fait".
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