Le Vatican reconnaît l'Etat de Palestine par un accord historique
Le Saint-Siège a signé, ce vendredi 26 juin, un accord sans précédent avec l'Etat de Palestine. Le texte achevé en mai après quinze ans de négociations porte sur les droits de l'Eglise catholique dans les territoires régis par l'Autorité palestinienne.
Le texte a été ratifié au Palais Pontifical par le ministre palestinien des Affaires étrangères Riyad al-Maliki ainsi que par le secrétaire du Vatican pour les relations avec les Etats, l'évêque britannique Paul Richard Gallagher.
Quinze années de négociations avaient été nécessaires pour mettre au point le texte de ce traité achevé par une commission bilatérale le 13 mai dernier et élaboré à partir d'un accord de base conclu en 2000 entre le Vatican et l'Organisation de libération de la Palestine (OLP).
Le Vatican reconnaît l'Etat palestinien "comme lieu de naissance du christisme et berceau des relations monothéistes "
Plus qu'historique, ce traité revêt un caractère symbolique et diplomatique fort. En effet, la signature de cet accord équivaut de facto pour les autorités palestiniennes, une reconnaissance officielle de leur Etat, ce qui engendre le grand mécontentement d'Israël. L’Organisation de libération de la Palestine (OLP) affirme d'ailleurs que cet accord fait du Vatican le 136ème pays à reconnaître l’Etat de Palestine.
Holy See ratifies recognition of #Palestine on 67' border with new bilateral agreement signed today in the #Vatican. pic.twitter.com/lI3r8ApmgA
— Palestine PLO - NAD (@nadplo) June 26, 2015
Le ministre palestinien des Affaires étrangères Riyad al-Maliki a qualifié la journée d'"historique ", car l'accord "n'aurait pas été possible sans la bénédiction " du pape François.
Ce dernier avait canonisé en mai 2015, en présence de M. Abbas les premières saintes palestiniennes, Mariam Bawardi (1846-1878) et Marie-Alphonsine Ghattas (1843-1927), en hommage et en soutien aux chrétiens arabes palestiniens.
Ce texte, a-t-il souligné, définit "le statut spécial de la Palestine comme lieu de naissance du christianisme et comme berceau des relations monothéistes " et garantit "le statut et la protection des lieux saints " chrétiens.
Il faut toutefois noter que le Vatican emploie déjà le terme d'"Etat de Palestine" depuis le début 2013, se conformant à l'appellation retenue en 2012 par un vote de l'Assemblée générale de l'Organisation des Nations-Unies (ONU). L'Institution avait reconnu à la Palestine le jeudi 23 novembre 2012 au siège de l'ONU à New-York, le statut d'Etat observateur non-membre, un statut identique à celui dont dispose le Vatican.
Le Vatican souhaite la reprise des négociations dans le conflit israélo-palestienien
L’accord exprime le soutien du Vatican à une solution "du conflit entre Israéliens et Palestiniens dans le cadre de la formule de deux Etats ", avait expliqué en mai Monseigneur Antoine Camilleri, chef de la délégation du Saint-Siège, dans un entretien au quotidien du soir italien l’Osservatore Romano .
L'évêque britannique Paul Richard Gallagher qui a signé l'accord affirme souhaiter la reprise des négociations entre les deux camps. "Cela nécessite des décisions courageuses mais cela constituerait une contribution majeure à la paix dans la région ", a t-il déclaré.
Le Vatican signe un premier traité avec l'"Etat de Palestine" http://t.co/DdnSji2pYM pic.twitter.com/xaVmM7VE6i
— Zaman France (@Zaman_France) June 26, 2015
Le secrétaire du Vatican pour la relation avec les Etats ajoute que la ratification du traité "montre le progrès accompli par l'Autorité palestinienne dans les dernières années, et surtout le niveau de soutien internationa l".
Il ajoute espérer qu'il "servirait de modèle pour d'autres pays majoritairement arabes et musulmans " du Moyen-Orient dont la liberté religieuse est menacée.
Israël "regrette " un accord qui nuirait aux efforts de paix
Le ministère israélien des Affaires étrangères a exprimé "ses regrets concernant la décision du Vatican de reconnaître officiellement l'Autorité palestinienne comme un Etat, dans l'accord signé aujourd'hui ", indique dans un communiqué son porte-parole Emmanuel Nahshon.
"Cette mesure précipitée nuit à la perspective de faire avancer un accord de paix et porte atteinte aux efforts internationaux visant à convaincre l'Autorité palestinienne de revenir à des négociations directes avec Israë l", ajoute t-il.
"Nous regrettons également les textes unilatéraux dans l'accord, qui ignorent les droits du peuple juif sur la terre d'Israël et les lieux saints du judaïsme à Jérusalem (...)
Israël ne peut accepter les décisions unilatérales contenues dans l'accord, qui ne prennent pas en considération les intérêts essentiels israéliens et le statut historique spécial du peuple juif à Jérusalem ", affirme le Ministère israélien des Affaires étrangères
Un exercice diplomatique complexe avec des communautés catholiques des deux camps
Le jeu des négociations est un exercice très complexe pour le Saint-SIège puisque il existe des communautés catholiques des deux côtés de la Terre sainte de Jérusalem, berceau du christianisme et lieu de pèlerinage majeur. En juin 2014, le pape François avait reçu au Vatican les présidents israélien Shimon Peres et palestinien Mahmoud Abbas pour une "prière pour la paix ".
Le Vatican avait également engagé des relations diplomatiques avec Israël depuis 1993. Le Saint-Siège tente veinemement depuis 1999 d'arriver à un accord sur les droits juridiques et patrimoniaux des congrégations catholiques dans l’Etat hébreu, dont leur exonération fiscale, à raison de rencontres semestrielles.
La signature du vendredi 26 juin pourrait désormais changer la donne. "Israël étudiera l'accord en détail et ses implications sur la coopération future " avec le Vatican, indique le ministère israéliens des Affaires étrangères.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.