Les anti-nucléaires ne veulent pas d’un Tchernobyl ou d’un Fukushima bis en France
LE BLAYAIS, en Gironde : la centrale "la plus dangereuse de France" selon Tchernoblaye
L'un des temps forts de la campagne organisée dans toute la France par le réseau Sortir du nucléaire est le pique-nique et la manifestation devant la centrale du Blayais, à Braud-et-Saint-Louis, près de Blaye. Entre 300 et 1.000 personnes, selon les sources, sont venues y participer de tout le sud-ouest. Parmi eux, Jean-Michel Paillé, syndicaliste Sud éducation et membre du réseau Sortir du nucléaire. C’est lui qui a organisé le covoiturage au départ de la Charente. Il constate, depuis l'accident de Fukushima, une mobilisation des Français de plus en plus importante. "Il y a eu une émotion" après le séisme qui a frappé le Japon le 11 mars dernier et provoqué l’accident à la centrale nippone qui n’est pas retombée depuis, explique-t-il. "Il y a eu quatre manifestations depuis et à chaque fois il y a eu du monde", poursuit le militant antinucléaire, qui a rempli les voitures pour Blaye ce lundi.
Blaye, au nord de Bordeaux, où le président de l'association antinucléaire Tchernoblaye, Stéphane Lhomme, manifeste lui aussi. Cette centrale est "la plus dangereuse de France", selon lui. " C’est une centrale qui est inondable, comme cela a été démontré pendant la tempête de décembre 1999 qui a mis hors service la plupart des systèmes de refroidissements… On avait frôlé la catastrophe", rappelle-t-il. Une centrale vieille de 30 ans cette année. "Il n’y a donc aucune raison de (la) faire fonctionner plus longtemps", estime M. Lhomme, pas plus que les "13 (autres) réacteurs en France qui sont arrivés à cet âge et qu’il faut fermer" poursuit-il.
La France "a complètement cassé la filière du renouvelable", selon EELV
Militants écologistes de Lorraine cette fois-ci, mais aussi d'Allemagne et de Luxembourg se sont également donnés rendez-vous devant la centrale mosellane de Cattenom. Construite en 1991, elle aurait déjà totalisé, selon eux, plus de 800 incidents. Parmi les manifestants, Gilbert Poirot, le représentant d'Europe écologie-Les Verts en Lorraine. Pour lui, les résistances françaises à la sortie du nucléaire ont une explication toute simple. En faisant le choix du nucléaire, la France "a complètement cassé la filière du renouvelable", explique-t-il, contrairement à l’Allemagne, qui a fait "le bon choix" et qui est devenue "une référence" en matière d’énergie verte, poursuit-il. L’Allemagne, qui sous la pression de l’opinion publique, a décidé de fermer 7 des 17 réacteurs que compte le pays, en raison de leur âge avancé.
"Sortir du nucléaire est un objectif prioritaire", selon Nicolas Hulot
Une demi-douzaine de rassemblements au total étaient prévus ce week-end à la frontière franco-allemande. En Alsace, Nicolas Hulot s'est joint au cortège des manifestants qui réclament la fermeture de la centrale de Fessenheim, située à environ 90 km au sud de Strasbourg. Mise en service en 1977, c'est la doyenne du parc nucléaire français. A l'occasion de ce déplacement, le candidat écologiste à la présidentielle de 2012 en France a déclaré que la sortie du nucléaire était désormais "un objectif prioritaire", la catastrophe de Fukushima ayant achevé de le convaincre. Nicolas Hulot, qui estime "envisageable" de sortir du nucléaire en "quelques décennies", met cependant en garde contre toute "précipitation". "C'est un changement d'état d'esprit", reconnait l'animateur de télévision, tout en se disant "convaincu que d'autres scénarios énergétiques sont possibles et on va tranquillement les envisager ensemble. Et cessons de nous dire qu'on ne peut pas faire autrement ! ", a-t-il lancé. Nicolas Hulot qui base le calendrier d'une sortie réussie du nucléaire sur " trois piliers " : le développement massif d'un bouquet énergétique, une politique drastique d'efficacité énergétique et le développement de la recherche sur les énergies alternatives.
Avec 58 réacteurs sur son sol, la France dispose du deuxième parc de centrales nucléaires au monde. Selon un sondage Ifop réalisé après l’accident de Fukushima, 8 Français sur 10 souhaitent une réduction significative de la part du nucléaire d'ici 20 ou 30 ans.
Cécile Mimaut.
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