Les réactions politiques au procès de Jacques Chirac, sans Jacques Chirac
Jacques Chirac n'a "plus l'entière capacité de participer au déroulement des audiences" de son procès. Il a demandé au tribunal que ses avocats "puissent le représenter". Le communiqué des avocats de l'ancien président de la République (1995-2007) est tombé samedi. Le tribunal de Paris devra décider ce matin s’il accède ou non à cette requête ou si le procès, qui doit normalement s’ouvrir cet après-midi, est renvoyé.
Poursuivi pour une affaire d'emplois fictifs à l'époque où il était maire de Paris, Jacques Chirac, aujourd’hui âgé de 78 ans, souffrirait, selon le rapport médical de dernière minute présenté par ses avocats d’"anosognosie", un trouble neuropsychique caractérisé par l'incapacité, pour celui qui en souffre, de reconnaître la maladie ou le trouble fonctionnel dont il est atteint.
Une nouvelle qui divise la classe politique. A l’UMP, Jean-François Copé a déclaré avoir "beaucoup de peine" en voyant l’état de santé de Jacques Chirac aujourd'hui. "C'est vrai que je pense à lui", a déclaré le secrétaire général du parti de la majorité hier soir dans le JT de France 2.
Invité de l’émission Radio France Politique, Jean-Pierre Raffarin s'est dit lui aussi "très touché" par la dégradation de la santé de l'ancien Chef de l'Etat, dont il fut le Premier ministre. "J’ai eu un Chirac en pleine force et penser le voir aujourd’hui affaibli, c’est pour moi quelque chose de triste et de touchant", a dit le sénateur UMP de la Vienne.
Le ministre du Travail, Xavier Bertrand, affirme pour sa part que Jacques Chirac n'avait "jamais voulu se soustraire à la justice", tandis que le ministre de l'Education nationale, Luc Chatel, se dit certain que "le procès aura lieu".
Au Parti radical, Jean-Louis Borloo a fait part de sa "compassion", avant de relancer l'idée d'un grand plan de lutte contre la dépendance en France. "Je présenterai un plan d'autonomie et d'aide à la dépendance tout de suite", a promis sur Canal Plus hier le Président du PR, possible candidat à la présidentielle.
Fidèle de Jacques Chirac, l'ancien Premier ministre Dominique de Villepin estime dans le JDD qu'"il faut que ce procès ait lieu". "Je veux aussi saluer la volonté et le souhait de Jacques Chirac de voir le procès aller jusqu'à son terme", ajoute-t-il. "Jacques Chirac ne se défausse pas. Bien au contraire, il écrit même aujourd'hui au tribunal pour que ses avocats portent sa défense".
A gauche, Jean-Michel Baylet, candidat PRG à la primaire socialiste, n'est lui "pas sûr que ce procès soit indispensable". " Les temps ont changé. S'il est malade, fatigué et pas en état de supporter un procès de cet ampleur, qu'on lui fiche la paix", a-t-il déclaré en marge de l’université d'été du PRG ce week-end à Seignosse, dans les Landes.
Un avis que ne partage pas Ségolène Royal. D’accord pour que Jacques Chirac n’assiste pas au procès "puisqu'il a un certificat médical" mais les débats doivent se tenir. Invitée hier de BFMTV2012/ Le Point/RMC, la candidate à la primaire socialiste estime qu’il"faut que justice soit rendue pour que les Français sachent que la justice (est) la même pour tous".
Pour François Hollande, favori des sondages pour la primaire PS, le fait que Jacques Chirac n’assiste pas à son procès "n'est ni bon pour la justice, ni bon pour le chef de l'Etat", a-t-il déclaré au "Grand jury" RTL/LCI/Le Figaro. François Hollande qui juge que le procès doit avoir lieu, même en l'absence de l'ex-chef de l'Etat. Et de faire part de son intention de modifier le statut pénal du chef de l'Etat s'il est élu président de la République, afin de mettre fin à l'immunité présidentielle.
Cécile Mimaut, avec agences
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.