Primaire à droite : "Fillon, c'est du Sarkozy, sans les défauts de Sarkozy"
Pour le politologue Bruno Cautrès, chercheur au Cevipof (centre d'études de la vie politique française), le résultat de la primaire de la droite montre "une volonté de tourner la page de Nicolas Sarkozy, mais aussi la page Hollande".
Le politologue Bruno Cautrès, chercheur au Cevipof (centre d'études de la vie politique française) affirme, lundi 21 novembre, sur franceinfo, que la nette avance de François Fillon lors du premier tour de la primaire de la droite, dimanche 20 novembre, traduit "une volonté de tourner la page de Nicolas Sarkozy, mais aussi la page Hollande".
franceinfo : Comprenez-vous qui s'est passé hier soir, la déroute de Nicolas Sarkozy, la dynamique exceptionnelle de François Fillon ?
Bruno Cautrès : Le centre de gravité de la droite a clairement penché du côté des réformes fortes sur la question du périmètre de l'Etat, sur la question du modèle social français, sur l'économie, et il y avait fondamentalement, dans l'électorat de la droite, une volonté qui s'est exprimée dimanche, à la fois de tourner la page Sarkozy, mais aussi la page Hollande. Le second tour s'annonce "projet contre projet", entre une droite beaucoup plus centriste - Alain Juppé parlait dimanche soir de réformes qu'il veut plus consensuelles - par rapport à une droite qui souhaite, au fond, poser clairement la question du nombre de fonctionnaires, des dépenses publiques, et donc il y a derrière ce premier tour d'hier, déjà, quelque chose très important qui s'est joué sur la présidentielle."
Finalement, le tour de force de François Fillon, n'est-ce pas d'avoir fait oublier qu'il a été le Premier ministre de Nicolas Sarkozy ?
Le paradoxe c'est que François Fillon a été le Premier ministre de Nicolas Sarkozy, et, très longtemps, de nombreux analystes ont pensé qu'il n'arriverait pas à se sortir de cette image, qu'on ne comprendrait pas bien pour quelles raisons il n'avait pas dit, lorsqu'il était Premier ministre, qu'il ne partageait pas les orientations de Nicolas Sarkozy. Ça indique très clairement que, au fond, la victoire dimanche soir au premier tour de François Fillon, c'est du Nicolas Sarkozy, sans les défauts de Nicolas Sarkozy, mais, en même temps, avec cette grande différence qui est que François Fillon a mis toute sa campagne sur la question de l'économie alors que Nicolas Sarkozy a tiré d'un autre côté qui était celui de l'identité, des frontières, de l'immigration
Si l'on regarde les réserves de voix de chacun, est-ce qu'Alain Juppé a encore ses chances ?
Ça semble très difficile : quand on a, dans une élection, un candidat qui, au premier tour, réunit pas loin de la moitié des voix (on est à six points d'une victoire au premier tour de François Fillon), les réserves de voix pour l'autre candidat sont extrêmement faibles, d'autant plus que Nicolas Sarkozy a abattu une carte maîtresse qui était d'apporter son soutien tout de suite à François Fillon, Bruno Lemaire également. Du côté d'Alain Juppé on a NKM, on aura peut-être Jean-François Copé, et ça va s'arrêter là. On peut même se dire que, sans l'appui d'électeurs de gauche dimanche, Alain Juppé ne se qualifiait peut-être pas.
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