Un tweet xénophobe des Républicains réclamant l'expulsion des Algériens suscite l'indignation jusqu'en interne

Plusieurs élus dénoncent ce photomontage et les mots utilisés par le parti de droite. L'entourage d'Eric Ciotti assure néanmoins que le visuel, publié jeudi matin, ne sera pas retiré.
Article rédigé par franceinfo
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Le président du parti Les Républicains, Eric Ciotti, à l'Assemblée nationale, à Paris, le 20 décembre 2023. (XOSE BOUZAS / HANS LUCAS / AFP)

Les Républicains se retrouvent sous le feu nourri des critiques pour un visuel xénophobe que le parti de droite a publié sur le réseau social X, jeudi 30 mai. Ce photomontage a été publié en réponse à un tweet de l'hebdomadaire conservateur Valeurs actuelles au sujet de la demande formulée par l'Algérie, lundi, de restitution de biens "historiques et symboliques" par la France, au nom du devoir mémoriel en lien avec le travail mené sur la période de colonisation française.

Sur ce visuel figurent des images d'archives montrant des supporters qui célèbrent des victoires sportives de l'Algérie sur les Champs-Elysées, à Paris, sans dates précises. "IL FAUT TOUT REPRENDRE", est-il écrit sur ce montage. Le photomontage est accompagné du commentaire suivant : "Message de service à l'Algérie, il faut tout reprendre, les biens et le mal : criminels, délinquants, clandestins, OQTF", avec le mot-dièse #OneTwoThree, souvent clamé et partagé sur les réseaux sociaux par les supporters algériens pour encourager leur équipe lors de diverses compétitions. Ce hashtag est lui-même suivi d'un émoji d'avion, une référence directe à l'expulsion des personnes évoquées plus haut.

Ce n'est pas la première fois que Les Républicains visent l'Algérie, souvent pointée du doigt par la droite pour ne pas accepter le retour de ses citoyens sous obligation de quitter le territoire français (OQTF). En 2023, la formation politique avait déposé une proposition de résolution pour revenir sur l'accord franco-algérien de 1968, qui fixe les conditions d'entrée et de séjour en France des ressortissants algériens

La gauche a immédiatement exprimé de très vives critiques à l'égard de cette publication. "Ce tweet est infâme, indigne d'une formation politique qui se prétend républicaine. Vous ne valez pas mieux que ceux qui utilisent la haine comme unique ligne politique", a lancé Sandrine Rousseau, députée écologiste. "Hors du champ républicain", s'est emporté le député La France insoumise Paul Vannier, à propos de ce tweet "digne de l'extrême droite" selon le patron du Parti socialiste, Olivier Faure.

Un autre député PS, Arthur Delaporte, a annoncé sur X qu'il avait signalé la publication "pour incitation à la haine et au racisme". "Avec des tweets pareils, vous n'êtes plus Les Républicains. Vous êtes juste Les Racistes. Supprimez ce tweet honteux", a lancé sur la même plateforme Patrick Kanner, patron des sénateurs socialistes.

Xavier Bertrand demande le retrait du tweet

Cette prise de position a suscité de vives critiques jusqu'à l'intérieur du parti de droite. "La droite républicaine ne devrait pas essayer d'imiter les populistes en espérant gratter quelques voix. La campagne menée courageusement par François-Xavier Bellamy montre que nous pouvons faire bien mieux", a dénoncé sur X le député LR du Territoire de Belfort, Ian Boucard.

En début de soirée, jeudi, Xavier Bertrand a "condamné avec force" ce tweet "qui ne reflète ni les valeurs ni l'histoire" des Républicains. "Aucun calcul électoral n'autorise à insulter un pays et son peuple, quelles que soient les divergences qui nous opposent. Je demande le retrait de ce tweet indigne qui abîme la belle campagne que mène François-Xavier Bellamy", a tweeté le président LR de la région Hauts-de-France.

"On brouille tout..."

De manière anonyme, d'autres membres du parti de droite se sont aussi offusqués de ce visuel xénophobe. "Les codes de ce tweet et l'image utilisée ne correspondent pas à un parti de gouvernement. On brouille tout...", se lamente un cadre des Républicains. "Aux jeux des slogans caricaturaux, les extrêmes auront toujours une longueur d'avance !", regrette une élue du parti. "Ce tweet me scandalise. Je ne suis pas d'extrême droite", s'exclame pour sa part une élue LR, qui demande le retrait de la publication du réseau social.

Contacté par franceinfo, l'entourage d'Eric Ciotti, président de LR, assure cependant que le tweet ne sera pas supprimé et qu'il est pleinement assumé, à 10 jours d'élections européennes cruciales pour la formation politique. "La société a un besoin urgent d'apaisement, alors que La France insoumise et Reconquête cherchent à tout hystériser et conflictualiser", souffle un élu francilien du parti, crédité d'environ 7% selon une moyenne des sondages réalisée par le site Toute l'Europe.

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