Les syndicats de fonctionnaires ont protesté mercredi contre le projet de réforme des retraites qui se dessine peu à peu
Ils dénoncent "une parodie de négociation" après que des sources gouvernementales aient annoncé une augmentation des cotisations des fonctionnaires.
Le gouvernement s'apprêterait à relever le taux de ces cotisations, actuellement de 7,85% contre 10,55% dans le privé, afin de collecter 3 milliards d'euros.
L'exécutif conteste que les modalités de la réforme, qui sera présentée aux syndicats entre 15 juin et le 16 juin, soient déjà arbitrées. Pourtant, le député UMP Yves Bur, rapporteur du budget de la Sécurité sociale à l'Assemblée nationale déplore que "Les fuites se font vers la presse, pas vers le Parlement".
"Ce que demandent notamment nos militants, c'est qu'il y ait un vrai signal en termes de convergence public-privé", a-t-il cependant déclaré mercredi à Reuters. "Ce signal sera donné sur la cotisation des fonctionnaires. Il faut aller vers l'égalité (avec les taux du secteur privé) mais il faut le faire progressivement" et sans compensation salariales, a-t-il ajouté.
Les syndicats remontés
Ni la méthode adoptée, ni les mesures évoquées ne conviennent aux organisations syndicales et disent en conséquence n'avoir plus que la rue pour peser, en septembre, sur le débat parlementaire.
"Le gouvernement devrait plutôt taxer les "36 milliards de dividendes annuels du CAC 40", a déclaré à l'AFP Jean-Marc Canon, secrétaire général de la première fédération de fonctionnaires.
En venant déposer sous la pluie ses 214.188 pétitions au ministère du Travail, Bernard Thibault a lui souligné: "Il y a une écoute, ça ne veut pas dire qu'il y ait prise en compte. Au contraire", a dit le secrétaire général de la CGT.
"Tout arrive par petits bouts", constate pour sa part Eric Aubin, chargé des retraites à la CGT. "La méthode constatée depuis quelques semaines c'est d'alimenter chaque jour un peu plus ce que sera le projet de loi." Pour lui, la consultation des partenaires sociaux n'est pour le gouvernement qu'une astuce de communication.
Quand la CGT demande "une plus grande contribution des profits et des dividendes", on lui dit que "c'est impossible au nom d'un supposé taux rédhibitoire des prélèvements obligatoires". Mais si ces prélèvements augmentent en "surtaxant des revenus" de fonctionnaires qui "en moyenne n'atteignent pas 2.000 euros mensuels", le gouvernement semble considérer qu'il "n'y a aucun problème", ajoute le texte, qui rappelle que le taux de cotisation retraite du privé, hors régimes complémentaires, est de 6,75%.
"Ces annonces en pleine concertation rendent la concertation impossible, nous ne travaillons pas comme ça, nous ne pouvons travailler comme ça", avait déjà réagi mardi Brigitte Jumel, des fonctionnaires CFDT.
L'Unsa-Education a estimé dans un communiqué que cette hausse du taux de cotisation se traduirait au minimum par une perte de revenu disponible de 40 à 100 euros par mois.
Le syndicat Force Ouvrière de l'équipement a souligné dans un communiqué que les employés et ouvriers de la catégorie C de la Fonction publique "débutent leur carrière" avec un traitement en dessous du Smic. "Le gouvernement s'apprête à baisser les traitements bruts des fonctionnaires de 3%", soit "une part des 100 milliards de coupes budgétaires (...) promises à Bruxelles et aux marchés financiers", a estimé dans un communiqué la Fédération FO de l'Enseignement et de la Culture.
Les députés communistes réclament un référendum
Mercredi, la vingtaine de députés PCF et apparentés à l'Assemblée ont demandé un référendum sur la réforme des retraites. "Le gouvernement avait annoncé la tenue d'un grand débat national sur cette question. Or chaque jour, il distille ses intentions, chaque fois présentées comme non négociables", dénoncent les députés dans un communiqué qui fustigent "le report de l'âge légal de la retraite si cher à la patronne du Medef" Laurence Parisot, "l'allongement de la durée de cotisation", "la remise en cause du droit à retraite anticipée pour les salariés victimes de pénibilité" et le fait que les fonctionnaires soient "stigmatisés comme privilégiés".
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