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Loi sur le renseignement : trois choses vues lors de la journée de mobilisation des anti

Appels aux députés, rassemblement... Avant le vote solennel à l'Assemblée nationale, prévu mardi, les opposants au projet de loi sur le renseignement ont jeté lundi leurs dernières forces dans la bataille.

Article rédigé par Vincent Matalon
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 5min
Une pancarte brandie lors de la manifestation des opposants au projet de loi sur le renseignement, lundi 4 mai 2015 à Paris. (ALAIN JOCARD / AFP)

"24 heures avant 1984". A la veille du vote solennel du projet de loi sur le renseignement à l'Assemblée nationale, les opposants au texte ont organisé, lundi 4 mai à Paris, une journée de mobilisation visant à dénoncer la mise en place de mesures qui, selon eux, ne feraient pas tache dans le célèbre roman de George Orwell.

De la "war room" militante du 11e arrondissement aux discours pluvieux de l'esplanade des Invalides, francetv info les a suivis. Voici trois choses vues pendant cette journée marathon.

La gloire de Chantal, reine des appels aux députés

Il est tout juste 12h30 lorsque Julien Bayou, porte-parole d'Europe Ecologie-Les Verts (EELV), hausse la voix dans la grande salle de réunion du "Tank". "Stop ! Stop ! Le député MoDem Jean Lassalle a basculé contre le projet de loi !" lance-t-il sous les acclamations de la vingtaine de militants qui s'affairent autour d'une grande table, dans cet espace de travail collaboratif pour les pros du numérique, niché dans une petite rue du 11e arrondissement de Paris. 

Depuis 10h30, ces opposants d'associations variées tentent de joindre par téléphone les députés qui, à quelques heures du vote, n'ont pas encore affiché leur position à propos du texte sur le renseignement. Et si les applaudissements ont retenti pour la première fois aujourd'hui, c'est grâce à Chantal. "J'ai appelé l'Assemblée et, après quelques secondes, l'attaché parlementaire de Jean Lassalle m'a directement passé le député", explique cette militante "de très, très longue date" d'EELV.

"Au téléphone, il m'a confié qu'il avait de sérieux doutes quant à la position à adopter. J'ai repris l'argumentaire que la Quadrature du net a imprimé, et j'ai ajouté que, dans mon travail, je constatais tous les jours que, lorsque l'on choisissait la voie de la répression, rien ne fonctionnait jamais. Il m'a remercié, et promis qu'il voterait contre", raconte avec un débit-mitraillette cette éducatrice spécialisée. Son assurance et ses arguments ont un peu plus tard convaincu un autre député, PS cette fois, de rejoindre les rangs des opposants au projet de loi. "Il m'a fait promettre de ne pas donner son nom à la presse avant le vote !" sourit Chantal.

"Nous voulons être entendus, pas écoutés", le slogan du jour

C'est une petite pancarte, que Yann, assistant-monteur de 24 ans, a bricolé à la hâte dans le métro, et qu'il a transporté jusqu'au rassemblement anti-projet de loi, organisé lundi soir aux Invalides par l’Observatoire des libertés et du numérique. Pendant une heure entière, alors que les responsables politiques et associatifs se relaient au micro, on y lit côté pile "Panoptique, pas mon truc". Côté face, "Nous voulons être entendus, pas écoutés"

Cette dernière formule fait mouche. A deux reprises, des voix de gauche pointent du doigt le morceau de plastique brandi par Yann. "Certains députés nous ont dit qu'ils étaient contre le projet de loi, mais qu'ils n'avaient pas l'intention d'aller voter demain. Mais, comme le dit si justement la pancarte face à moi, 'nous voulons être entendus, pas écoutés !'" a ainsi lancé au micro Raquel Garrido, secrétaire nationale du Parti de gauche, sous les applaudissements des centaines d'opposants rassemblés sous la pluie.

Pas de quoi donner la grosse tête à Yann. "J'ai dû lire la formule quelque part, ou en être inspiré par un article lu en m'informant sur le projet de loi... Ce n'est pas vraiment de moi !" lâche-t-il une fois la manifestation terminée. 

Frigide Barjot, en marge de "l'union sacrée"

Pendant plus d'une heure, sur l'esplanade des Invalides, les organisateurs du rassemblement ont montré à quel point le projet de loi sur le renseignement arrivait à réunir contre lui une myriade d'opposants. Ligue des droits de l'Homme, Syndicat de la magistrature, celui des avocats de France, mais aussi Amnesty International : les drapeaux étaient nombreux. Tristan Nitot, entrepreneur et membre du Conseil national du numérique, s'est même amusé de "l'union sacrée" qui le conduisait à prendre la parole sous une banderole de la CGT.

Mais, s'il y a bien une personne que l'on n'imaginait pas croiser ce soir-là, c'est sans doute Frigide Barjot. Après les discours, l'ex-égérie de la Manif pour tous s'est attardée, presque seule, au milieu d'activistes qui, pour la plupart, lui jetaient des regards méfiants. 

"C'est vrai qu'il y a beaucoup d'organisations marquées à gauche, mais je n'ai pas senti de véritable opposition à ma présence ici", explique-t-elle. Et de justifier son engagement par la crainte que, en augmentant les moyens donnés aux services de renseignement, la loi "empêche l'émergence de mouvements citoyens qui sortent du politiquement correct, comme celui [contre le mariage pour tous] de 2013, et qui grandissent sur internet".

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