Michèle Alliot-Marie : haro sur la cagoule
"Fous pas ta cagoule, fous pas ta cagoule / Du nord au sud, de l’est à l’ouest, même à Vesoul" chanteront peut-être les Fatal Bazooka dans les manifs. Car capuches et autres cagoules risquent d'être désormais interdites dans les cortèges de manifestants. La ministre de l'Intérieur l'a affirmé haut et fort ce matin : "Ceux qui manifestent pour leurs idées jamais ne dissimulent leurs visages", mais ceux qui se masquent "viennent pour casser, piller, s'attaquer aux forces de l'ordre."
Michèle Alliot-Marie réfléchit donc à interdire le port de tels vêtements dans les défilés, notamment en introduisant "dans la Lopsi (loi d'orientation et de programmation pour la sécurité intérieure) des dispositions permettant d'interdire ce type d'actions par des gens qui, de toute évidence, sont des voyous". La ministre a déjà fait valoir que cette interdiction existe déjà dans d'autres pays européens, comme l'Allemagne.
Cette décision intervient quelques jours après des violences commises par des personnes cagoulées ou à Strasbourg lors du sommet de l'OTAN. Michèle Alliot-Marie surfe donc sur l'actualité des faits-divers et justifie par cette nouvelle mesure la future loi sur les bandes organisées, concoctée par Christian Estrosi, à qui elle souffle la vedette. Un projet de loi dénoncé par l'opposition comme un énième texte sécuritaire qui ne s'attaque pas au fond du problème.
Reste à savoir quelle sera la marge de manœuvre de la police pour faire respecter cette interdiction. Procéder à des interpellations en pleine manif "présente des dangers, à la fois pour les manifestants pacifiques et pour ceux qui interviennent", selon un policier spécialisé, qui s'interroge : "Comment distinguer si tel manifestant arborant casquette et capuche rabattue ne fait que suivre une mode ou s'il l'utilise en vue de commettre des actions sous couvert de l'anonymat ?". Quant aux foulards dont d'autres se recouvrent le visage, cela peut aussi "n'être que pour se protéger des gaz lacrymogènes", ajoute-t-il.
Une chose est sûre : si le projet de Michèle Alliot-Marie voyait le jour, le Sous-commandant Marcos, révolutionnaire mexicain cagoulé, n'aurait jamais la possibilité de manifester pacifiquement en France...
Anne Jocteur Monrozier
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.