François Bayrou se dit "blessé" mais prêt au combat, à quelques heures du procès sur les assistants parlementaires européens du MoDem
François Bayrou le reconnaît lui-même : au moment où s'ouvre le procès, il est "blessé". Pas humilié, mais victime selon lui d’une "machination politique", il en est absolument persuadé, dans le seul but de le "détruire", de le "salir". Lui qui avait fait de la moralisation de la vie publique le cœur de son engagement politique, éphémère ministre de la Justice – cinq semaines en 2017, au lendemain de la première élection d’Emmanuel Macron – François Bayrou l’admet avec beaucoup d’amertume, il est depuis "empêché". Il comparaît à partir de lundi 16 octobre et pendant cinq semaines devant le tribunal correctionnel de Paris, dans l'affaire des assistants parlementaires européens du MoDem
François Bayrou a prévu d'être là, physiquement, à chaque seconde de ce long procès. Ce qui fait dire à ses amis qu’il est "obnubilé". Mais en fait, il y va "comme à la guerre : seul". François Bayrou a interdit à sa femme et à ses enfants de venir, par crainte d’être troublé par leur présence. Pendant l’audience, l’actuel maire de Pau aura une pensée pour Marielle de Sarnez. Son bras droit, ancienne députée européenne, est décédée il y a près de trois ans d’une leucémie. François Bayrou est convaincu que les poursuites judiciaires l'ont rongée au point d'en mourir.
Ne pas transformer le procès en tribune politique
La justice reproche à François Bayrou, ainsi qu'aux dix autres prévenus, anciens cadres et élus centristes, d’être responsables d’un système frauduleux : ils sont soupçonnés d'avoir utilisé entre 2005 et 2017 des fonds européens pour rémunérer des assistants parlementaires qui travaillaient en réalité pour l'UDF, puis le MoDem.
Que l'ordonnance de renvoi l'innocente console un peu le président du mouvement. Il n'a pas envie de revanche ou de vengeance. Il veut même se garder de transformer ce procès en tribune politique, même si la tentation est grande. En 2021, dans son discours hommage lors des obsèques de Marielle de Sarnez, François Bayrou avait évoqué deux formes de courage : le vrai, celui des gens qui ont peur, mais y vont quand même ; et l’autre, le courage des inconscients, de ceux qui n’ont peur de rien. Lui jure être plutôt dans la deuxième catégorie.
C'est son avenir politique qui va se jouer pendant cinq semaines. François Bayrou l'a complètement intégré. Mais il a parlé de ce procès en tête-à-tête avec Emmanuel Macron, et en voit l’issue comme l'espoir d'une rédemption. Quand il rencontre des journalistes ou parle avec des amis, il se plaît à rappeler qu’en 2027, il n’aura pas tout à fait l’âge de Joe Biden, et que les grands hommes de l’Histoire ont parfois attendu 40 ans dans l’ombre avant d’accéder au pouvoir.
En préparant ce procès, François Bayrou lit et relit un poème de Victor Hugo mettant en scène Napoléon Ier à la naissance de son fils : "L’avenir ! L'avenir ! L’avenir est à moi", dit le père. Et l’auteur de lui répondre : "Non, Sire, l’avenir n'est à personne, il est à Dieu".
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