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"Moi président de la République..." : la force de l'anaphore

"Moi président de la République ..."Par cette anaphore (formule reprise à chaque début de phrase), François Hollande a commencé la séquence la plus marquante du débat. Raillée par Copé, mais reprise avec fierté par le PS et déjà archivée par tous.
Article rédigé par Anne Brigaudeau
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
François Hollande lors du débat contre Nicolas Sarkozy (2 mai 2012) (BERTRAND LANGLOIS / AFP)

"Moi président de la République ..."Par cette anaphore (formule reprise à chaque début de phrase), François Hollande a commencé la séquence la plus marquante du débat. Raillée par Copé, mais reprise avec fierté par le PS et déjà archivée par tous.

Quel président comptez-vous être ? A cette question posée mercredi 2 mai lors du débat télévisé de l'entre deux-tours, François Hollande a répondu par une envolée où se sont succédé les phrases commençant, à seize reprises, par "Moi, président de la République". "

"Moi président de la République, je ne serai pas le chef de la majorité ...Moi président de la République, je ne traiterai pas mon premier ministre de collaborateur ...Moi président de la République, je ne participerai pas à des collectes de fond pour mon propre parti dans un hôtel parisien ... Moi président de la République, je ferai fonctionner la justice de façon indépendante ..."

Un réquisitoire contre le quinquennat écoulé de Nicolas Sarkozy scandé par cette figure de style appelée "anaphore", consistant à commencer une phrase par le même mot ou groupe de mots.

Nicolas Sarkozy, roi de l'anaphore en 2007

Une technique rhétorique qu'avait beaucoup utilisée Nicolas Sarkozy lors de sa précédente campagne présidentielle, comme le notait ici l'universitaire et blogueur Jean Véronis.

Et de citer l'exemple d'un discours de Nicolas Sarkozy à Dijon, le 23 avril 2007: "Pourquoi tant de haine ? Parce que je dis que dans l'identité française il y a des valeurs qui ne sont pas négociables ?" ..".Pourquoi tant de haine ? Parce que je n'accepte pas la repentance ?" ..."Pourquoi tant de haine ? Parce que je dis que tous les colons n'étaient pas des exploiteurs ...?"

Par l'effet de répétition, l'anaphore permet de graver une formule dans les mémoires, avec une véritable force persuasive ("Moi président de la République ..."). Sur France Inter jeudi, François Hollande a assuré qu'il n''avait pas préparé cette séquence.

Répétée ou improvisée, elle devrait faire date, pour le meilleur comme pour le pire. "Pour les Guignols, c'est une rente", a estimé le secrétaire général de l'UMP, Jean-François Copé, sur Radio Classique jeudi.

L'équipe web de François Hollande, elle, s'en est immédiatement emparée et l'a mise en ligne sur son compte officiel Dailymotion où elle avait été vue près de 10.000 fois à 10 heures du matin jeudi.

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