Fayots ou révoltés... comment les parlementaires ont rempli leurs déclarations d'intérêts
Les déclarations d'intérêts des députés et sénateurs ont été rendues publiques. La lecture des documents montrent que tous les élus n'ont pas apprécié l'exercice.
Le Parlement s'est engagé dans la voie de la transparence, non sans douleur. Après les débats houleux autour du texte sur la moralisation de la vie publique, à l'automne dernier, les déclarations d'intérêts des députés et sénateurs ont finalement été publiées sur internet, jeudi 24 juillet.
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L'initiative permet à chaque citoyen d'en savoir plus sur les activités de son élu en dehors de son mandat, mais elle n'a pas suscité une grande adhésion dans les hémicycles des deux assemblées, à tel point que la défiance se ressent aujourd'hui dans certains documents publiés. Fayots ou révoltés, tous n'ont pas apporté le même soin à l'exercice.
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Les fayots
Pour de nombreux parlementaires, l'exercice avait tout l'air d'être une formalité. Ils sont nombreux à avoir barré la plupart des cases de leur déclaration pour y inscrire "néant". Mais d'autres ont, semble-t-il, pris le plus grand soin pour compléter leur déclaration. Quitte à n'omettre aucun détail, comme les 16 euros d'action au Crédit agricole du socialiste Olivier Faure.
Le député socialiste François Brottes précise lui qu'"à part l'agent d'entretien, l'ensemble de mes collaborateurs ne travaillent que pour moi". Son collègue PS Matthias Fekl a pris la peine de joindre en annexe une longue liste de ses activités de représentations pour le conseil régional d'Aquitaine.
Les révoltés
Et puis il y a ceux qui n'hésitent pas à crier leur colère. Henri Guaino, par exemple. Le député UMP n'apprécie visiblement pas de voir son patrimoine en partie dévoilé aux yeux du grand public. Interrogé sur Sud Radio, il dit "désapprouver moralement profondément" la publicité des déclarations d'intérêts, jugeant "dégradant d'aller se déshabiller sur la place publique".
D'autres font part de leur indignation directement sur leur déclaration d'intérêts. "Vive le cumul", écrit ainsi l'UMP Jacques Myard sur le document adressé à la Haute autorité, qu'il conclut par "A bas l'inquisition !". Eric Jalton, membre du groupe socialiste, l'a rempli à sa manière : sans même prendre la peine de marquer son prénom et en usant et en abusant des ratures. Plutôt brouillon.
L'UMP Edouard Philippe a lui aussi distillé ses commentaires tout au long de sa déclaration. Quand on lui demande ses revenus d'avocats, il répond : "Je ne suis pas certain de comprendre la question. Vous voulez connaître mon taux horaire le jour de l'élection ? Ma rémunération mensuelle moyenne ? Annuelle ?" Résultat, il n'en fournit aucune et précise à la fin du document avoir cessé son activité au 1er août 2012, "ce que la loi n'impose pas, afin de ne donner prise à aucune polémique sur d'éventuels conflits d'intérêts".
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