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Trois politiques piégés par la transparence à l'étranger

Alors que le gouvernement tente un "choc de moralisation" de la vie politique, francetv info revient sur trois responsables politiques étrangers qui se sont heurtés à la transparence en vigueur dans leur pays.

Article rédigé par Louis San
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Mona Sahlin, alors à la tête du Parti social-démocrate, à Stockholm (Suède), le 16 septembre 2010. (JONATHAN NACKSTRAND / AFP)

En pleine tempête politique déclenchée par l'affaire Jérôme Cahuzac, le gouvernement tente une "moralisation" de la vie politique. Il a ainsi contraint ses ministres, lundi 8 avril, à publier leur déclaration de patrimoine d'ici au 15 avril. Cette volonté de transparence, déjà en vigueur dans les pays nordiques ou aux Etats-Unis, peut faire dérailler une carrière politique. La preuve en trois exemples.

Aux Etats-Unis : un proche d'Obama privé de ministère pour fraude fiscale

C'est le premier échec de Barack Obama après son arrivée à la Maison Blanche. Nous sommes fin 2008. Ceux qui souhaitent rejoindre le président américain doivent remplir un questionnaire de 60 pages, examiné à la loupe par des juristes. Barack Obama souhaite faire de Tom Daschle son ministre de la Santé. Mais, comme le relate la correspondante de France Inter à Washington, le chef de l'Etat "a très vite (…) découvert que l'ancien sénateur avait triché sur ses impôts, et sa candidature a été retirée dès le 3 février [2009]". "I think it was a mistake. I screwed it up" ("Je pense que cela a été une erreur. J'ai merdé"), reconnaît Barack Obama lors d'une interview sur CNN :

Que dit la loi, là-bas ? Les Américains passent au crible les antécédents des candidats à des fonctions gouvernementales, pour limiter les risques de scandale. Cette enquête préalable s'appelle le vetting process, explique Le Figaro. Ministres, mais aussi collaborateurs, ambassadeurs, juges, procureurs, membres de conseils consultatifs passent sur le gril.

En Suède : la numéro 2 du gouvernement démissionne pour 5 000 euros

Novembre 1995. Mona Sahlin, la vice-ministre d'Etat, démissionne. Son tort : avoir utilisé, entre 1990 et 1991, sa carte bancaire de fonction pour environ 53 174 couronnes (soit près de 5 000 euros) de dépenses personnelles. Parmi ces emplettes, la location d'une voiture et deux barres de chocolat Toblerone, qui donnent leur nom à l'affaire. Mona Sahlin explique avoir rapidement remboursé la totalité de la somme utilisée. Mais le mal est fait.

Mona Sahlin, alors à la tête du Parti social-démocrate, à Stockholm (Suède), le 16 septembre 2010. (JONATHAN NACKSTRAND / AFP)

Que dit la loi, là-bas ? "Pour les Suédois, les ministres sont là pour servir, pas pour se servir", résume France 2 dans un reportage tourné à Stockholm pour l'émission "Un œil sur la planète", en 2011. Le principe de transparence concerne les ministres, mais aussi toute l'admnistration, comme l'explique le gouvernement suédois sur son site.

En Suède (encore) : la ministre de la Culture avoue n'avoir pas payé sa redevance pendant seize ans

Octobre 2006. Cecilia Stegö Chilo annonce sa démission, quelques jours seulement après sa nomination au sein du gouvernement conservateur. Elle reconnaît ne pas avoir payé sa redevance audiovisuelle depuis seize ans et ne pas avoir déclaré au fisc les nourrices de ses enfants. Quelques jours auparavant, la ministre du Commerce, Maria Borelius, a démissionné pour "exactement les mêmes raisons", rapporte Le Nouvel Observateur.

Cecilia Stegö Chilo, alors ministre suédoise de la Culture, le 6 octobre 2006 à Stockholm (Suède). (LEIF R JANSSON / SCANPIX SWEDEN)

Que dit la loi, là-bas ?  En Suède, tout est minutieusement contrôlé. "Frais de réception, de déplacements, communications téléphoniques (...), les données personnelles, comme les factures les plus modestes, sont accessibles à tous", explique Le Figaro.

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