"Comment pouvait-il ignorer que je serais là ?" : le lobbyiste des chasseurs pointé par Nicolas Hulot s'étonne après la démission du ministre
"Je ne suis qu'une modeste goutte d'eau", se défend mardi auprès de franceinfo Thierry Coste, après la démission du ministre de la Transition écologique et solidaire.
"On avait une réunion sur la chasse (...) et j'ai découvert la présence d'un lobbyiste qui n'était pas invité à cette réunion. Et c'est symptomatique de la présence des lobbies dans les cercles de pouvoir." Nicolas Hulot n'est pas parti sans rien dire. Au moment d'annoncer sa démission en direct sur l'antenne de France Inter, mardi 28 août, le ministre de la Transition écologique et solidaire a fait référence à Thierry Coste, conseiller politique de la Fédération nationale des chasseurs (FNC), trop influent à son goût.
>> Comment Nicolas Hulot justifie sa démission du gouvernement
Le "lobbyiste des chasseurs" est revenu pour franceinfo sur la réunion de la discorde, et le départ de Nicolas Hulot.
Franceinfo : Comment avez-vous accueilli la démission de Nicolas Hulot ?
Thierry Coste : Personnellement, je regrette qu’il soit parti. C'est le rôle d’un ministre de l’Écologie d’être un aiguillon pour qu’on avance, même si c’est un rôle un peu ingrat. Depuis qu’il est au gouvernement, j'ai veillé à ce que le monde de la chasse ne le critique jamais. Je n'ai aucune animosité à son endroit.
En annonçant sa décision sur France Inter, Nicolas Hulot dénonce votre présence lors d'une réunion de travail, lundi. Comment réagissez-vous ?
Si mon ami Nicolas Hulot en a décidé ainsi... (rires). J’ai été le premier surpris en écoutant France Inter ce matin. On découvre qu'il démissionne à cause des chasseurs, à cause du lobbyiste des chasseurs... Je suis une bien modeste goutte d'eau.
Comment pouvait-il ignorer que je serais là, alors que j'ai participé à toutes les réunions de négociation ?
Thierry Coste, conseiller politique de la FNCà franceinfo
J'étais déjà présent le 15 février, lors d'une première réunion dans le bureau d'Emmanuel Macron. Il était normal que je sois là, je suis le conseiller politique de la FNC depuis 24 ans, je fais partie des meubles. Et on n'était pas une délégation, il n’y avait que quatre représentants de la fédération de chasse, dont moi, les deux ministres, le président et son conseiller, et François Patriat. Ce n'est pas le genre de réunion où vous pouvez vous faufiler, comme je l'ai lu.
Clairement, il cherchait un prétexte. Mais il n’avait pas besoin de prétexte pour démissionner, ça n'est pas la première fois qu’il avait envie de le faire.
Thierry Costeà franceinfo
Comment s'est déroulée cette rencontre ? Aviez-vous anticipé la décision de Nicolas Hulot ?
La réunion a duré deux heures parce qu'il fallait rendre compte de tous les points qui faisaient l’objet de concertations. Ça se passe très bien, nous ne sommes pas d’accord sur tout mais le président donne la parole à chacun et tranche. Moi et le conseiller du président participons assez peu.
Le principal désaccord porte sur les chasses traditionnelles : le ministre d’État dit qu’il faut beaucoup plus de sanctions, qu'il existe des choses inadmissibles en matière de souffrance animale. D'ailleurs, le président va plutôt dans son sens et demande à la FNC de faire des propositions précises, dans un délai court. Aucun sujet ni arbitrage abordé par le chef de l’État n’est une surprise. Le seul sujet délicat a été le prix du permis de chasse et ça n’était pas de la responsabilité de Nicolas Hulot.
Je tutoie le ministre d’État et je n’ai pas de difficulté avec lui. Nos relations de travail étaient très correctes, on ne s’est jamais engueulé. C'était un dialogue courtois, on a travaillé pendant des mois avec ses collaborateurs, donc ça me paraît grossier de dénoncer ma présence. Il est vrai que je suis assis juste en face de lui, c'est peut-être ça qui l'a énervé...
À la fin de la réunion, il vient me saluer, et j’entends qu’il est un peu grognon.
Thierry Costeà franceinfo
On avait décidé de faire une autre réunion avec lui ensuite pour bien se caler sur la communication, mais je le vois qui part. Paraît-il que c’est à ce moment-là qu’il est en colère et qu’il se plaint de ma présence, mais je ne l'ai pas entendu.
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