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Démission de Nicolas Hulot : "Toute personne qui voudrait le remplacer serait condamnée à faire de la figuration"

"Faute de changement de cap, toute personne est condamnée à subir les mêmes frustrations que Nicolas Hulot" estime Julien Bayou, le porte-parole d'Europe-Écologie-Les Verts.

Article rédigé par franceinfo
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Julien Bayou, porte-parole d'Europe-Écologie-Les Verts, ici en avril 2018. (JEREMIAS GONZALEZ / MAXPPP)

"Le gouvernement sera au complet d'ici mardi", a promis le porte-parole du gouvernement après la démission de Nicolas Hulot du ministère de la Transition écologique mardi dernier. Et un nom circule déjà : celui de Daniel Cohn-Bendit. L'ancien député européen écologiste reconnaît avoir été contacté par Christophe Castaner et attend de voir Emmanuel Macron pour prendre sa décision.

Pour Julien Bayou, porte-parole d'Europe-Écologie-Les Verts (EELV), invité de franceinfo samedi 1er septembre, "toute personne qui va au gouvernement sur cette ligne-là est condamnée à faire de la figuration ou à démissionner après beaucoup de frustrations".

franceinfo : Faut-il une tête d'affiche à tout prix ?

Julien Bayou : Malheureusement non. Ce n'est pas une seule personne qui peut tout changer, si vous avez tout le gouvernement contre vous. C'est ce qu'a vécu Nicolas Hulot et il est évidemment sincère, on a vu son explication cette semaine. Il avait contre lui le ministère de l'Agriculture, le ministère de l'Économie, le Premier ministre, le président. En fait, le cap du gouvernement est incompatible [avec la protection de l'environnement]. Je prends juste un exemple, la rénovation thermique qui réduit les émissions de gaz à effet de serre, qui crée de l'emploi et qui baisse les factures des ménages. On sait qu'on a besoin de ce qui a été donné aux riches, avec la baisse de l'impôt de solidarité sur la fortune. Donc il faut juste choisir, on ne peut faire en même temps le soutien aux pesticides et le soutien à l'agriculture bio. C'est vraiment une question d'orientation, de cap du gouvernement et malheureusement le gouvernement a déjà dit qu'il ne changerait pas de cap. Toute personne qui va au gouvernement sur cette ligne-là est condamnée à faire de la figuration ou à démissionner après beaucoup de frustrations.

Est-ce que Daniel Cohn-Bendit, aujourd'hui ex-député européen, est un atout pour l'écologie politique ?

J'ai énormément de respect pour Dani. J'ai fait sa campagne il y a dix ans. Mais je m'y tiens, faute de changement de cap, toute personne est condamnée à subir les mêmes frustrations que Nicolas Hulot. Vous savez, les réfractaires au changement ce sont finalement les membres de ce gouvernement. Parce qu'on voit bien que l'agriculture intensive est à bout de souffle, il faut en changer. Le nucléaire, on voit bien que cela ne fonctionne pas, que ça coûte très cher, qu'il y a des retards, que c'est dangereux, il faut changer vers le développement des énergies renouvelables. C’est ce qu'ont très bien compris nos voisins, les Danois, les Portugais, les Allemands. Mais en France, on a un gouvernement qui est vraiment réfractaire aux changements.

Daniel Cohn-Bendit connaît les codes de la politique, il a des réseaux. N'est-il pas plus armé que Nicolas Hulot pour être ministre ?

Peut-être qu'il démissionnera plus tôt ! Vous avez toutes les associations qui critiquent les lobbies. Toute la population qui attend de pouvoir manger sainement, respirer tranquillement et ce gouvernement qui freine. Ils ont choisi leur camp. Celui des privatisations, des marchands, de l'aide aux plus riches. Ils ont choisi entre une planète respirable pour tous et du champagne pour quelques-uns. Malheureusement, avec la baisse de l'ISF et tous les cadeaux qui ont été fait sans contrepartie aux entreprises, le gouvernement Macron a choisi le champagne pour quelques-uns.

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