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Nicolas Sarkozy, à la fois président et candidat

Pendant une heure quinze, jeudi, sur France 2 et TF1, Nicolas Sarkozy a expliqué et défendu l'accord sur la zone euro conclu la nuit précédente à Bruxelles. Le chef de l’État a aussi annoncé un nouveau plan de rigueur de 6 à 8 milliards d'euros.
Article rédigé par Olivier Biffaud
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Nicolas Sarkozy (AFP/Eric Fefferberg)

Pendant une heure quinze, jeudi, sur France 2 et TF1, Nicolas Sarkozy a expliqué et défendu l'accord sur la zone euro conclu la nuit précédente à Bruxelles. Le chef de l'État a aussi annoncé un nouveau plan de rigueur de 6 à 8 milliards d'euros.

Nicolas Sarkozy va tenir un double rôle jusqu'à la fin janvier 2012 : président en exercice et candidat en campagne. En répondant aux questions de Yves Calvi (France Télévisions) et Jean-Pierre Pernaut (TF1), jeudi soir à la télévision, le chef de l'Etat a partagé son intervention en deux séquences bien distinctes.

Dans un premier temps, M. Sarkozy a endossé son costume de président de la République pour se faire pédagogue de la crise. Il a expliqué l'économie de l'accord qui avait été conclu, moins de vingt-quatre heures plus tôt entre les partenaires européens, à Bruxelles, pour sauver la zone euro. En faisant comprendre son rôle central.

Si l'Europe n'avait pas été sauvée, "c'est le monde qui sombrait dans la catastrophe", a assuré le président de la République. Il a voulu se donner une dimension historique en revendiquant, sans l'air d'y toucher, une place au Panthéon de la construction européenne.

Défenseur de l'Europe, alors qu'elle montre des signes inquiétants d'affaiblissement, il s'est aussi montré protecteur de ses concitoyens au moment où cette construction européenne peut leur apparaître très couteuse. M. Sarkozy a assuré que le plan de redressement des banques françaises n'avait rien couté aux Français. Et, selon lui, l'aide apportée à la Grèce répondra aux mêmes critères.

Un nouveau tour de vis budgétaire

C'est dans cette position présidentielle qu'il a fait part de sa certitude de voir atteintes les prévisions de croissance pour 2011, soit 1,75%, mais une diminution de celle-ci en 2012, à 1% seulement - ce dont nombre de conjoncturistes doutent déjà. Toujours présidentiel, il a aussi annoncé un nouveau tour de vis budgétaire de 6 milliards à 8 milliards d'euros, dont les détails seront connus dans "une dizaine de jours". Après la prochaine réunion du G20.

Au fil de sa démonstration, M. Sarkozy s'est défait d'une partie de son costume présidentiel pour endosser une veste de candidat. Après les décisions désagréables et impopulaires qui étaient du ressort du président en exercice, il pouvait passer à l'autre personnage. Une mutation s'est alors opérée : de pédagogique et convaincant, il est devenu confus, frôlant la mauvaise foi.

Dès lors, il a mis en cause son prédécesseur socialiste à l'Elysée, François Mitterrand, sur les nationalisations, après avoir salué son action sur l'Europe.

Puis il s'en est pris au gouvernement socialiste de la période de cohabitation (1997 à 2002), et plus particulièrement à Martine Aubry - DSK étant hors jeu - sur les 35 heures qui sont, a-t-il martelé, à l'origine de "la rupture de la compétitivité" de l'économie française. Cette "folie" a été payée par les plus faibles, a-t-il souligné.

Les points faibles du candidat

Il était donc logique que dans la foulée, après s'être attaché au passé, il cible le présent avec François Hollande. Le candidat socialiste à l'élection présidentielle s'est vu reprocher sa proposition sur la création de 60 000 postes dans l'éducation nationale. "Mais où va-t-on trouver l'argent", a demandé le président-candidat.

"Ce n'est pas mon genre de dire que c'est la faute des autres", a ajouté M. Sarkozy à la suite de son réquisitoire. Peut-être pour faire un trait d'humour ?

La fin de son intervention sur les affaires et sur les sondages a été pour le moins laborieuse, mettant en évidence ce qui seront, probablement, les points faibles du candidat Sarkozy. Car candidat pour un second mandat, à n'en pas douter, le chef de l'Etat le sera. L'annonce ne se fera pas à l'automne 2011, comme il l'avait assuré en 2010, mais fin janvier ou début février 2012. D'ici là, il n'aura qu'un souci : faire son devoir.

Il n'en demeure pas moins que ce double rôle, qui confine à la schizophrénie politique, va être de plus en plus pesant pour M. Sarkozy. Tous ses opposants ne manqueront pas de le lui faire remarquer. D'autant que volontairement et involontairement, le chef de l'Etat a donné, jeudi 28 octobre, le coup d'envoi de la campagne du candidat.

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