La Nupes est morte, selon beaucoup de députés : "C'est comme dans un couple, quand on fait une pause, c'est que c'est fini"
C'est la mort de la Nupes telle qu'on la connaît, celle qui s'articule autour de La France insoumise, et donc autour de Jean-Luc Mélenchon, qui tient la ligne à distance, mais d'une main de fer. Mardi 17 octobre, le Parti socialiste a voté un "moratoire" sur sa participation à la Nupes, à la suite du refus de Jean-Luc Mélenchon et de plusieurs figures de LFI de qualifier le Hamas d'organisation "terroriste", après l'attaque sanglante contre Israël. Plus tôt, le leader insoumis avait répondu sur X (anciennement Twitter) à Olivier Faure, premier secrétaire du PS, qui estimait que Jean-Luc Mélenchon ne pouvait plus "être celui qui incarne la gauche et l'écologie" : "Olivier Faure rompt la Nupes".
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Cette Nupes, née en juin 2022 pour les élections législatives, n'existait finalement plus qu'à l'Assemblée. Avec cette suspension des travaux communs, plus personne ne fait semblant et au Palais-Bourbon, tous confirment l'heure du décès. "C'est comme dans un couple, quand on fait un 'break', quand on fait une pause, c'est que c'est fini", résume un député.
En parallèle, des partisans de la Nupes préparent un plan de relance, en quelque sorte, pour créer une autre union de la gauche, sans le leader insoumis et son clan. Les "unionistes" s'activent en coulisses, mais personne ne sait encore où aller. On parle, on se donne rendez-vous, un jour chez l'un, un jour dans un café, ou encore dans les tribunes du Stade de France, où se sont retrouvés la patronne des verts Marine Tondelier, le socialiste Olivier Faure, l'insoumis François Ruffin, dimanche, à l'occasion du match du XV de France.
Faire quelque chose avec "la team des gentils"
"Il faut faire quelque chose avec la team des gentils", sourit un député Nupes. Selon les informations de franceinfo, cette "team" était en train de signer une tribune pour dénoncer d'une même voix le Hamas, mais le projet est tombé à l'eau.
Le sénateur écologiste Yannick Jadot estime, lui, que la Nupes est morte, mais qu'une alliance à gauche peut vivre. Il compare Jean-Luc Mélenchon à un "stalinien" : "Il a mené la purge interne et maintenant, il fait la purge externe pour se préparer pour 2027". Pourtant, certains proposent une porte de sortie. Cyrielle Chatelain, la présidente du groupe écologiste à l'Assemblée nationale, fait le même constat que beaucoup de ses collègues : la Nupes est en crise, elle n'avance plus. "Tout résumer à un homme et à ses positions, ce n'est pas à la hauteur du moment, dit-elle en référence à Jean-Luc Mélenchon. On a su faire une rupture en termes programmatique, sur des sujets importants. Mais nous n'avons pas fait aujourd'hui de rupture dans les pratiques politiques", lance la présidente.
#NUPES 🟣 Nous, écologistes, sommes convaincus que l’union est indispensable.
— Cyrielle Chatelain (@Cyrielle_Chtl) October 18, 2023
Notre appelons l’ensemble des députés de gauche et écologistes à se réunir. https://t.co/Qh1IHxUFRQ pic.twitter.com/utzXEXHks6
Les écologistes veulent redonner le pouvoir aux 151 députés de la Nupes et tout remettre à plat lors d'une grande assemblée générale, explique le député Benjamin Lucas. "Nous appelons à une discussion exigeante, sérieuse et sincère, et non pas par tweets interposés. Peut-être que l'on pourrait faire un moratoire sur les petites phrases et les invectives !", s'exclame l'élu.
L'invitation est en tout cas lancée et semble trouver un écho favorable chez certains insoumis croisés à l'Assemblée nationale. La députée Raquel Garrido adhère à 100% : "Tout ce qui nous dégrade, nous divise ou nous affaiblit n'est pas supportable pour l'électorat, pour les militants. Je pense que nous devons faire mieux et je demande à chacun d'y mettre du sien, pour ne pas nous empêcher de le faire."
Des "frondeurs" qui défendent "la ligne originelle"
Un appel indirect à Jean-Luc Mélenchon : de plus en plus de députés, insoumis y compris, sont aujourd'hui d'accord pour dire qu'il faut s'affranchir de l'ancien candidat à l'élection présidentielle. Et au sein de LFI, on s'active également, surtout depuis les propos mardi de Danièle Obono. La députée insoumise a qualifié le Hamas de "groupe politique islamiste" qui "résiste à une occupation" pour "la libération de la Palestine". Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a ensuite saisit la justice pour "apologie du terrorisme". Les propos de Danièle Obono ont été dénoncés par une grande partie de ses collègues LFI, parfois par les plus frileux du groupe, ceux qui ne prennent pas d'habitude position. Un député confie vouloir tenter de les retourner contre leur direction : "Il faut que j'aille traîner dans les couloirs, que j'aille les traiter un par un".
Les "frondeurs" insoumis, eux, veulent résister de l'intérieur pour défendre "la ligne originelle du parti". Il n'est pas question de quitter LFI et de se lancer envers et contre tous. "Si on se plante et que tout ça part dans le décor, explique l'un d'eux, qu'il n'y a aucune perspective d'union à gauche, vous pouvez commencer à écrire la biographie de Marine Le Pen, présidente en 2027."
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