Projet de loi immigration : après le vote de la motion de rejet, la gauche est-elle vraiment gagnante ?

Une motion de rejet a été votée lundi par l'Assemblée nationale contre le projet de loi sur l'immigration. Depuis, la gauche crie victoire mais la loi qui peut être adoptée en commission mixte paritaire risque d'être plus dure.
Article rédigé par Victoria Koussa
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
L'aile gauche de l'Assemblée nationale le 11 décembre 2023. (ALEXIS SCIARD / MAXPPP)

Le Rassemblement national surfe sur la crise et réclame une dissolution, Les Républicains font monter les enchères, c'est à se demander si la gauche est la grande perdante du vote de la motion de rejet de l'examen du texte sur l'immigration, lundi 11 décembre. Car pour faire avancer son projet de loi, le gouvernement opte pour une commission mixte paritaire. Une commission en majorité de droite qui risque de durcir encore plus le texte, l'inverse de ce que voulait la Nupes.

Ce scénario, une députée de gauche l'a anticipé. L'écologiste Delphine Batho est la seule de son camp à avoir voté contre la motion de rejet : "Il fallait prendre en compte le risque, c'est-à-dire le retour au texte du Sénat, une espèce de musée des horreurs avec la suppression de l'aide médicale d'État, la remise en cause du droit du sol. Cette conséquence possible, elle était prévisible dans le vote qui a eu lieu lundi. Pour moi, c'est une faute politique."

Mais pour les autres comme son collègue du groupe écologiste Benjamin Lucas, à l'initiative de la motion de rejet du projet de loi immigration, il fallait au contraire épargner aux Français un débat xénophobe. "D'abord, rien ne garantit que le texte aurait été moins dur après 15 jours de débat pendant lesquels le ministre de l'Intérieur aurait marchandé avec la droite. Nous voulions le rejet du texte parce que c'est un mauvais texte, écrit pour de mauvaises raisons, qui est extrêmement dur et brutal. Ce n'est pas un jeu."

"Pas plus de majorité" après le passage en CMP

Même si la version se durcit en commission mixte paritaire, elle n'aura aucune chance ensuite, lors du vote dans l'hémicycle, d'après l'Insoumis Eric Coquerel : "À ce moment-là, il n'y aura pas de majorité pour voter un texte plus à droite. Ça ne sera pas forcément la même majorité qui le refuse, ça viendra peut-être de certains macronistes, et je pense qu'il n'y aura pas plus de majorité." La gauche se prépare donc à rejeter de nouveau le texte qui pourrait sortir de la commission mixte paritaire et demande son retrait définitif.

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