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Reportage Mort de Jean-Pierre Elkabbach : "Il fallait aller droit au but" et "être soi-même", se souviennent des députés qui l'ont connu en interview

Parmi les députés rencontrés après la mort mardi du plus célèbre intervieweur, le socialiste Jérôme Guedj se rappelle qu'"il vous obligeait à sortir de ce que vous aviez presque envie de préparer et de dire".
Article rédigé par Victoria Koussa
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Jean-Pierre Elkabbach lors d'une interview sur Europe 1, en mars 2012. (LIONEL BONAVENTURE / AFP)

Certains députés ont perdu des plumes face à celui que tout le monde appelle simplement "Elkabbach". D'autres, des gouttes de sueur. "On n'oublie jamais sa première interview avec Jean-Pierre Elkabbach, se souvient le député socialiste Jérôme Guedj. On pétoche un petit peu, c'est comme rentrer dans un monument historique, ça impressionne. On essaye d'être au niveau parce que, de toute façon, on sait que sinon on va se faire gentiment mais sèchement allumer quand même." Jean-Pierre Elkabbach, connu pour n'avoir jamais ménagé ses intercoluteurs, s'est éteint mardi 3 octobre à l'âge de 86 ans.

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Malgré le risque de prendre des coups, le député socialiste est retourné plusieurs fois sur le plateau de Jean-Pierre Elkabbach, pour apprendre. "Il vous obligeait à sortir de ce que vous aviez presque envie de préparer et de dire, et d'être vous même. Je voyais que de part et d'autre de la table d'Europe 1, on était tous les deux à parler avec les mains parce qu'on est un peu beaucoup méditerranéens, lui et moi. Et donc ça crée aussi une forme de chaleur, d'expressivité qui donnait du relief aux interviews."

"La piqûre faisait mal"

Le député Renaissance Karl Olive y a aussi goûté. L'ancien maire de Poissy est monté plusieurs fois sur le ring. "Quand je suis arrivé sur le plateau, la première chose qu'il m'a dite avant le générique, c'est 'ici on ne tortille pas, donc vous ne tortillez pas, vous allez droit au but'. Donc on ne se perdait pas dans les conjonctures, dans les conjonctions de coordination, il fallait aller droit au but avec Jean-Pierre Elkabbach. Il y avait beaucoup de complicité, beaucoup de bienveillance avant l'entretien, pendant l'entretien, souvent, on ne le voyait pas venir, mais la piqûre faisait mal."

Mais d'autres députés, qui ne l'ont pas connu personnellement, sont moins élogieux. "Marine Le Pen, vous n'avez pas honte ? Pardon, vous n'avez pas honte. Vous n'avez pas de regrets ?", peut-on entendre dans l'une des interviews les plus connues de Jean-Pierre Elkabbach. "Il l'avait bien renvoyée dans ses cordes, il avait cette manière de faire qui était très efficace, reconnaît l'Insoumis Antoine Léaument. On n'était pas très content quand ça nous tombait dessus sur nous, les Insoumis. Il essayait toujours de poser des questions de politique politicienne plutôt que des questions de fond, de faire faire une erreur à la personne qui était présente."

"C'est une manière de faire du journalisme qui n'est pas celle qui m'intéresse le plus."

Antoine Léaument, député LFI

à franceinfo

Fair play, la présidente du Rassemblement National Marine Le Pen salue sur X (anciennement Twitter), un "observateur avisé" au style incisif et à la liberté de ton qui "resteront dans les mémoires".

A l'Assemblée nationale, des députés se souviennent de Jean-Pierre Elkabbach - Reportage de Victoria Koussa

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