On vous explique l'affaire de la "sextape" qui agite le Sénat, dans laquelle la justice a été saisie

Le médecin de l'institution, sur le point d'être licencié, se dit victime d'une "cabale" orchestrée par une assistante qu'il avait dénoncée, car elle se vantait de détenir une vidéo intime impliquant un sénateur.
Article rédigé par franceinfo avec AFP
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L'hémicycle du Sénat, au Palais du Luxembourg, à Paris, le 25 janvier 2023. (XOSE BOUZAS / HANS LUCAS / AFP)

C'est une accusation de chantage qui fait du bruit depuis plusieurs jours dans le cadre feutré du Sénat. Dans une lettre envoyée à tous les sénateurs, vendredi 9 février, le médecin de la chambre haute, sur le point d'être licencié, se dit victime d'une "cabale" après avoir dénoncé le comportement d'une de ses assistantes. Il affirme que celle-ci se vante de posséder une vidéo intime d'un sénateur et de pouvoir s'en servir comme moyen de pression. Gérard Larcher, président du Sénat, a annoncé saisir la justice. Franceinfo revient sur les principaux éléments de cette affaire.

Qu'a révélé "Le Canard enchaîné", d'où est partie l'affaire ?

Dans son édition de mercredi, Le Canard enchaîné évoque l'existence d'"une sextape" impliquant "un sénateur" et une assistante du médecin du Sénat. Et affirme que cette vidéo d'un moment intime "entre adultes consentants", il y a deux ans, est devenue, pour cette dernière, "un moyen de pression" au sein de l'institution. L'hebdomadaire ne donne pas le nom du sénateur concerné, mais raconte que le médecin s'est plaint à sa hiérarchie du comportement de sa subordonnée à l'automne, et que l'affaire est tenue secrète depuis "trois mois".

Pourquoi le Sénat licencie-t-il ce médecin ?

Le Canard enchaîné explique que les questeurs du Sénat, chargés de gérer les finances de la chambre haute, ont engagé fin janvier une procédure de licenciement envers le médecin en question, qui exerce au Palais du Luxembourg depuis cinq ans. Ils lui reprochent plusieurs choses, dont le fait d'avoir réalisé des "prestations extérieures rémunérées au profit de la SNCF" ou de détenir des parts dans une société civile immobilière. Rien en rapport avec sa dénonciation du comportement de son assistante et de la "sextape" qu'elle détiendrait.

Comment se défend le praticien ?

Le médecin du Sénat a envoyé vendredi à l'intégralité des sénateurs une lettre, consultée par franceinfo. Il écrit : "L'administration me reproche de détenir des parts dans une société civile immobilière. (...) Je n'ai pas vu que cela était interdit dans les termes de mon contrat." Affirmant que son licenciement "pour faute grave" doit être effectif le 15 février, il dénonce une "cabale" à son encontre "de la part de la haute administration".

Pour le médecin, "la réalité de la cause de [son] licenciement" repose sur le fait qu'il avait alerté l'administration à propos du comportement de son assistante, "se prévalant d'être la maîtresse d'une autorité au Sénat au moment de son recrutement". "Cette secrétaire a toujours expliqué qu'elle avait la possibilité de faire 'virer' qui elle souhaitait, en utilisant ses rapports privilégiés avec cette autorité au Sénat", écrit-il, estimant en avoir subi les conséquences. Selon Le Canard enchaîné, le médecin a expliqué à sa hiérarchie, à l'automne, que son assistante lui avait transmis la "sextape" en sa possession pour attester de son influence.

Comment réagit le Sénat ?

Le groupe des sénateurs écologistes a adressé une lettre à Gérard Larcher, président du Sénat, vendredi, pour lui demander que "toute la transparence soit faite sur cette affaire". "Trop souvent, l'opacité qui règne sur la gestion des affaires internes du Sénat, loin de protéger l'image de l'Institution, lui nuit", écrit l'élu écologiste Guillaume Gontard, pour qui la chambre haute "ne peut se soustraire davantage à l'exigence démocratique de transparence et d'exemplarité".

Le cabinet de Gérard Larcher a fait savoir, vendredi après-midi, que ce dernier avait décidé de "procéder à un signalement auprès du procureur de la République", considérant qu'il "appartient désormais à la justice de se saisir des faits en cause". "La réalisation et la diffusion des enregistrements vidéo que le médecin a indiqué avoir en sa possession sont susceptibles de recevoir une qualification pénale", explique le cabinet.

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