Cet article date de plus de douze ans.

Popularité en berne, intentions de vote stagnantes : M. Sarkozy est-il battu à quatre mois du scrutin ?

Nicolas Sarkozy peut-il encore gagner ? A quatre mois de la présidentielle, le président sortant, qui ne s'est pas encore déclaré candidat, est dans une position difficile. Aucun de ses prédécesseurs n'a abordé ce scrutin dans cet état de faiblesse.
Article rédigé par Olivier Biffaud
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 7min
L'entrée du palais de l'Elysée (PATRICK KOVARIK / AFP)

Nicolas Sarkozy peut-il encore gagner ? A quatre mois de la présidentielle, le président sortant, qui ne s'est pas encore déclaré candidat, est dans une position difficile. Aucun de ses prédécesseurs n'a abordé ce scrutin dans cet état de faiblesse.

A quatre jours de ses vœux de fin d'année aux Français et à quatre mois du premier tour de la présidentielle, Nicolas Sarkozy est dans une situation délicate. Jamais un président de la Ve République avant lui n'a abordé une année électorale avec un tel déficit de popularité.

Le chef de l'Etat sortant, qui n'a pas encore annoncé sa candidature à l'élection présidentielle des 22 avril et 6 mai 2012, cumule aujourd'hui beaucoup de handicaps.

Comme tous les dirigeants de l'Union européenne, il est confronté à une crise économique et financière sans équivalent depuis 1929. Celle-ci a déjà emporté un bon nombre de gouvernements.

Inflation mise à part, tous les indicateurs économiques sont au rouge : récession annoncée, menace sur le tripe A, chômage au sommet, déficit du commerce extérieur abyssal, dette publique représentant 86,2% du produit intérieur brut (PIB), déficit public en léger recul à 5,7 % du PIB, investissements en berne, moral des ménages à plat... Et les Français sont les champions du pessimisme !

Une bataille de communication est engagée

Depuis des mois, l'Elysée et les ministres se relaient pour dire que le président a "protégé" les Français contre la crise... et personne d'autre ne l'aurait fait mieux que lui. Surtout pas les socialistes, suggèrent les "éléments de langage" concoctés par les conseillers du "Château" à destination des dirigeants de la majorité.

Car depuis des mois, c'est bien une bataille de la communication qui est engagée par M. Sarkozy et son entourage contre des faits tenaces, des sondages d'intentions de vote peu encourageants, des enquêtes de popularité désespérantes et des études inquiétantes.

Inquiets, les ténors de la majorité auraient des raisons de l'être. Aucun des prédécesseurs de M. Sarkozy à l'Elysée n'a abordé la joute électorale, à quatre mois de l'échéance, avec un aussi faible taux de "satisfaits" derrière lui : 34%. C'est ce que rappelle Jean-Luc Parodi, directeur de recherche à la Fondation nationale des sciences politques dans le dernier sondage Ifop sur les cotes de popularité de l'exécutif.

Un Français sur trois est "très mécontent"

Quatre mois avant la consultation présidentielle de 1965, le général de Gaulle comptait 52% de "satisfaits" de son action. Pour Valéry Giscard d'Estaing, en 1980, ils étaient 40%. Fin 1987, François Mitterrand disposait d'un matelas de 56% de "satisfaits", et fin 2001, Jacques Chirac d'un stock de 54%.

De ces quatre présidents sortants qui se présentait à leur réélection, seul VGE avait une popularité inférieure à 50% et seul il fut battu quatre mois plus tard.

L'examen de la popularité de deux premiers ministres qui se sont cassés les dents sur l'élection présidentielle n'est pas plus rassurant pour les ténors de la droite. En décembre 1994, Edouard Balladur comptait 50% de "satisfaits " de son action à Matignon (et 43% de "mécontents"); en décembre 2001, Lionel Jospin en avait 43% (contre 45% de "mécontents").

A ce moment de la campagne, le pourcentage de 34% des sondés "satisfaits" de l'action du chef de l'Etat est historiquement bas. Plus grave encore est la répartition des "mécontents". Car si 5% sont "très satisfaits", ils sont 33% de "plutôt mécontents" et surtout 33% encore de "très mécontents". Autant dire que ceux là sont perdus corps et biens pour M. Sarkozy.

Intentions de vote : déficit patent chez les 25 à 49 ans

Du côté des intentions de vote, le tableau n'est pas beaucoup plus réjouissant. Invariablement, tout au long de l'année et jusqu'en décembre, le chef de l'Etat a été devancé par les trois prétendants socialistes testés - sauf Ségolène Royal - et, après la "primaire citoyenne", par le candidat désigné.

François Hollande fait la course en tête, il est toujours donné largement gagnant au second tour et les souhaits de victoire se tassent mais ils sont toujours en sa faveur. En regard, une majorité de Français (58%) "ne fait pas confiance" à M. Sarkozy "pour affronter efficacement les principaux problèmes qui se posent au pays".

Si le président sortant dispose, selon les enquêtes d'opinion, d'une réserve électorale parmi les "65 ans et plus", en revanche, il souffre d'un déficit patent chez les "25 à 34 ans" et les 35 à 49 ans".

Enfin, une étude détaillée portants sur les traits de caractères de six candidats laisse dubitatif sur la perception que les Français ont de leur président.

Pour une majorité, "il est dynamique", "il a des convictions", "il a une stature présidentielle" et "il est compétente". Mais pour cette même majorité, "il ne comprend pas les problèmes des gens comme vous", "il ne tiendra pas ses engagements", il n'est ni "sincère", ni "honnête", ni "sympathique".

Une campagne menée tambour battant

Last but not least, M. Sarkozy devra compter avec plusieurs candidats de droite dont il se serait bien passé : la chrétienne-démocrate Christine Boutin, le souverainiste Nicolas Dupont-Aignan, le néo-gaulliste Dominique de Villepin, le centre-droit Hervé Morin et le chasseur Frédéric Nihous. Tous n'iront peut-être pas jusqu'au bout mais ceux qui resteront l'éloigneront de son score de 2007 : 31,1%.

D'autant que la présence de Marine Le Pen, sur son extrême droite, et celle de François Bayrou, sur son centre-gauche, ne vont pas lui faciliter la tâche. D'un côté, il y un électorat, siphonné dans le réservoir du Front national en 2007, qui se sent "trahi"; de l'autre, un électorat "effrayé" par la droitisation du discours gouvernemental sous l'impulsion du ministre de l'Intérieur, Claude Guéant.

M. Sarkozy parviendra-t-il à surmonter tous ces obstacles ? Il a montré, en 2007, sa capacité à mener une campagne tambour battant. Elle était combattive, enjôleuse et pleine de com'. Cinq ans après, il est passé par l'épreuve du pouvoir et il peut être jugé par l'électorat. Sévèrement pendant quatre ans.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.