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Pourquoi il a fallu attendre sept ans avant d'inaugurer la Cité nationale de l'histoire de l'immigration

François Hollande doit prononcer, lundi, un discours dans ce musée qui a connu de nombreuses polémiques. Francetv info revient, en cinq actes, sur l'histoire mouvementée du Palais de la Porte Dorée, à Paris.

Article rédigé par Marie-Violette Bernard
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Le Palais de la Porte Dorée qui abritera le musée de l'histoire de l'immigration, à Paris, le 10 octobre 2013. (YVES TALENSAC / PHOTONONSTOP / AFP)

Boudée par Nicolas Sarkozy, squattée par les sans-papiers, désertée par les visiteurs... En sept ans, la Cité nationale de l'histoire de l'immigration a connu bien des péripéties. Ce musée, voulu par Lionel Jospin, dès 2001, puis Jacques Chirac, doit être inauguré par François Hollande, lundi 15 décembre, en fin de journée. Sept ans après son ouverture.

Francetv info revient sur les cinq actes qui ont mené à cette cérémonie officielle, longtemps repoussée.

Acte 1 : Jacques Chirac décide la création du musée

Le projet d'une Cité nationale de l'histoire de l'immigration, censé lutter contre la xénophobie, était, à l'origine, porté par Lionel Jospin. Alors Premier ministre, il propose sa création en 2001, sur les conseils de l'historien Pierre Weil, selon Marianne. Mais quelques mois plus tard, le socialiste est devancé au premier tour de la présidentielle par Jean-Marie Le Pen, en mai 2002. Cette percée du Front national pousse le président Jacques Chirac à acter la création du musée de l'histoire de l'immigration. 

Acte 2 : Nicolas Sarkozy refuse d'y mettre les pieds

Le musée de l'histoire de l'immigration a ouvert ses portes en octobre 2007, dans un contexte tendu, rappelle Le Figaro. Nicolas Sarkozy, élu président en mai, a annoncé quelques mois plus tôt la création d'un ministère de l'Immigration et de l'identité nationale, dirigé par Brice Hortefeux.

Au même moment, le parlement envisage "d'instaurer des tests ADN lors des regroupements familiaux". Un projet rejeté par plusieurs historiens du conseil scientifique du musée, dont Pierre Weil, qui démissionne. Résultat : Nicolas Sarkozy refuse d'inaugurer la Cité nationale de l'histoire de l'immigration, privée de cérémonie officielle.

Acte 3 : Eric Besson fuit les huées des manifestants

Deux ans plus tard, l'exécutif tente une nouvelle fois d'inaugurer le site installé au Palais de la Porte Dorée, dans le 12e arrondissement de Paris. Les ministres de l'Education, Xavier Darcos, et de l'Immigration, Eric Besson, sont censés jouer les maîtres de cérémonie, le 30 mars 2009. Mais l'opération s'avère plus compliquée que prévue, comme le note Le Monde.

Alors que les deux ministres montent sur l'estrade, des étudiants présents dans la salle se mettent à crier : "Arrêt des rafles, arrêt des expulsions !", ou encore "Solidarité avec les sans-papiers". La plupart des slogans visent Eric Besson, chargé par Nicolas Sarkozy de réaliser 27 000 reconduites de migrants aux frontières. Un objectif atteint, et même dépassé, comme le rappelle Le Figaro.

"Est-il indispensable de salir l'éducation nationale en l'associant au ministère des expulsions ?", interpelle alors une étudiante, tandis que plusieurs associations de défense des sans-papiers attendent à l'extérieur. Face aux tensions, Eric Besson et Xavier Darcos battent en retraite. Et quittent le Palais de la Porte Dorée, sans avoir prononcé leur discours inaugural.

Acte 4 : Les sans-papiers y dressent leur campement

Un an après le passage malheureux d'Eric Besson à la Cité nationale de l'histoire de l'immigration, l'image du musée est une nouvelle fois écornée. Environ 500 travailleurs sans-papiers investissent, le 7 octobre 2010, le bâtiment. Objectif : obtenir la régularisation de leur situation, indique Mediapart

Afin d'éviter une nouvelle polémique sur le traitement des migrants, le gouvernement et la direction du musée choisissent de ne pas expulser les manifestants. Résultat : les sans-papiers occupent le musée pendant près de quatre mois, avant d'être évacués en janvier 2011, selon L'Express.

Le centre culturel est même fermé à deux reprises, en décembre 2010 puis en janvier 2011. Selon la direction, qui dénonce alors "l'insalubrité""des incidents sérieux, et notamment des menaces à l'encontre du personnel", "la situation [s'est] progressivement enlisée et dégradée". A tel point que les visiteurs, déjà peu nombreux, désertent les couloirs de la Cité nationale de l'histoire de l'immigration. Le projet d'une inauguration officielle est mis de côté jusqu'à nouvel ordre.

Acte 5 : François Hollande inaugure (enfin) le musée

Après sept ans d'attente, la Cité nationale de l'histoire de l'immigration va enfin recevoir la visite officielle d'un président de la République. François Hollande doit y prononcer son premier discours sur l'immigration depuis son élection, lundi 15 décembre. "Le fait qu'un président de la République ait le courage politique de dire que l'immigration, c'est quelque chose de très important pour la France, ça, c'est un événement", estime, dans Le Parisien, Benjamin Stora, le nouveau directeur de la Cité, nommé en septembre. Un signe d'autant plus fort, rappelle le journal, que François Hollande avait parcouru les couloirs du Palais de la Porte Dorée le jour de son ouverture, en 2007, en tant que simple visiteur.

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