Cinq moments marquants de la vie d'Henri Emmanuelli
Le député des Landes, ancien secrétaire d'Etat, est mort à l'âge de 71 ans, a annoncé sa famille mardi.
Il a été pendant neuf ans banquier chez Rothschild. Mais contrairement à Emmanuel Macron, ce n'est pas ce que l'on retiendra d'Henri Emmanuelli. Figure majeure de la gauche, cet ancien secrétaire d'Etat au sein des gouvernements Mauroy et Fabius s'est éteint, mardi 21 mars, à l'âge de 71 ans, des suites d'une longue maladie, a annoncé sa famille. Il était hospitalisé depuis trois jours à Bayonne pour une double bronchite.
Trésorier du PS en 1987, Henri Emmanuelli avait présidé l'Assemblée nationale de 1992 à 1993, avant d'être brièvement premier secrétaire du PS entre 1994 et 1995. L'homme était aussi connu pour ses sourcils broussailleux et ses coups de gueule. Franceinfo revient sur quelques moments marquants de la vie de cet homme de gauche qui a reçu un vibrant hommage de ses pairs.
Quand il a demandé à Jacques Delors de "faire son devoir"
En 1994, Henri Emmanuelli prend la tête du PS et cherche à rassembler. A la surprise générale, celui que tout le monde classe comme très à gauche invite "au nom du rassemblement" l'européen Jacques Delors à être candidat à l'élection présidentielle. Lors du congrès du PS à Liévin, le 21 novembre 1994, Henri Emmanuelli s'adresse très directement à Jacques Delors. "Lundi dernier, Jacques, tu as dit que si tu devais être candidat, ce serait par devoir. Eh bien, au nom des socialistes, je te le dis, je pense que c’est ton devoir. Et si tu le décides, nous serons à tes côtés", lui lance-t-il. On connaît la suite : Jacques Delors décide finalement de jeter l'éponge et c'est Lionel Jospin qui le remplace au pied levé.
Quand il a été rattrapé par les affaires
Henri Emmanuelli a lui aussi été rattrapé par les affaires. Il a été condamné en 1997 à dix-huit mois de prison avec sursis et deux ans de privation de ses droits civiques dans l'affaire Urba de financement illégal du PS. Ce n'est pas à titre personnel mais en tant que trésorier du Parti socialiste qu'il a été condamné. Cela ne l'a pourtant pas empêché d'être réélu en 2000 député PS des Landes et président du Conseil général des Landes.
Quand il défendait bec et ongles la laïcité
Passé par la franc-maçonnerie, le député des Landes était très attaché à la laïcité, qu'il voyait comme une notion sacrée que la gauche, regrettait-il, n'avait pas assez su défendre. En 2004, il avait voté en faveur de la loi contre les signes religieux à l'école. "La difficulté que nous éprouvons tous, c'est de réaffirmer les principes de la laïcité sans donner le sentiment de tomber dans l'islamophobie. Cela est d'autant plus délicat que nous avons laissé se développer le communautarisme. Fallait-il une loi ? Au départ, je n'y étais pas très favorable. Je m'y suis rallié parce qu'il y a autant de bonnes raisons d'être pour que contre", expliquait-il dans une interview au Parisien, en 2004.
Quand il faisait un doigt d'honneur à François Fillon
La séquence est devenue culte, au point de rester, pour les plus jeunes, comme un souvenir marquant d'Henri Emmanuelli. En juin 2011, le député des Landes a adressé un rapide doigt d'honneur au Premier ministre François Fillon qui prenait la parole dans l'hémicycle. "Je n'ai pas fait de doigt d'honneur et si ça a été interprété de cette façon, j'en suis désolé", avait affirmé le député PS un peu plus tard en séance publique. "Si ça a pu choquer, j'en suis désolé, mais sachez que si j'ai quelque chose à dire à M. Fillon, ça ne passe pas par le biais d'un doigt d'honneur. Je suis encore assez grand et j'ai encore assez d'expérience pour lui dire ce que j'ai à lui dire sans faire de gestes inconvenants", avait-il ajouté.
Quand il poussait des coups de gueule contre le gouvernement
Figure historique de l'aile gauche du PS, Henri Emmanuelli avait apporté son soutien à Benoît Hamon à l'élection présidentielle. Le député des Landes ne faisait pas mystère de son peu d'enthousiasme lorsque Manuel Valls a été nommé au gouvernement en avril 2014. "Ce n'est pas le choix que j'aurais fait. C'est un choix politique que j'ai du mal à comprendre en raison de ce que nous venons de vivre", estimait-il sur BFTMV. "La réponse qu'il fallait, ce n'est pas un coup de barre à droite", ajoutait-il. Ce dernier avait fait partie des députés du groupe PS à l'Assemblée nationale qui s'étaient abstenus de voter la confiance à Manuel Valls.
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