Municipales : la candidature de Rachida Dati à Paris divise la majorité et ravit la gauche
Une ministre déjà en campagne ? Rachida Dati, nouvellement nommée au ministère de la Culture, a annoncé sa candidature à la mairie de Paris mercredi 17 janvier. "Mon objectif, c'est Paris. Bien sûr, je serai candidate. Je l'ai toujours dit", a déclaré l'élue parisienne sur RTL. Du côté d'Emmanuel Macron, le président de la République a assuré, lors de sa conférence de presse mardi, n'avoir conclu aucun "deal" à ce sujet avec elle. Rachida Dati, maire du 7e d'arrondissement de la capitale, en campagne tout en étant ministre de la Culture : ce cas de figure fait grincer des dents jusque dans la majorité.
Rachida Dati a annoncé mercredi qu'elle allait démissionner de la présidence de groupe LR et apparentés au Conseil de Paris, mais continue de recevoir un timide soutien de la droite parisienne. Une démission motivée par le "souci de se consacrer pleinement à sa mission de ministre de la Culture et d'éviter toute division au sein du groupe qu'elle a su consolider en trois ans", souligne l'élu LR Aurélien Véron auprès de l'AFP. Cela ne l'empêchera pas d'"animer" le groupe "dans la perspective de sa candidature pour reprendre la mairie de Paris en 2026", a ajouté ce conseiller de Paris.
Les membres de Renaissance gênés aux entournures
"Les choses sont bizarrement emmanchées", confiait un conseiller de l'exécutif à franceinfo mercredi. Les dents grincent un peu, voire beaucoup notamment chez les militants historiques de Renaissance à Paris, pour beaucoup venus de la gauche. "Qu'est-ce que ça peut lui apporter de partir aussi tôt ? Des emmerdes", résume avec des mots fleuris un conseiller de l'exécutif. Car en 2020, lors des dernières élections municipales, aucun accord n'avait été possible entre la droite et les macronistes. Et les troupes n'ont pas tant changé depuis. "Évidemment qu'il y a un accord [avec Emmanuel Macron]", a même jugé, très "mécontent", un député macroniste parisien auprès de l'AFP, rejetant l'idée d'un ralliement. "Jamais je ne ferai la campagne de Rachida Dati. On est nombreux comme ça", a-t-il prévenu. Dans le même temps, d'autres voient un côté opportuniste chez le chef de l'État : "Il laisse Dati se lancer, il voit ce que ça donne, si ça marche il avise, si elle se crame, LR n'aura pas de candidat."
Chez Horizons, allié d'Emmanel Macron, on fait aussi passer des messages : "Pierre-Yves Bournazel, élu du 18e arrondissement, sera un très bon maire de Paris", a fait savoir Édouard Philippe. Une façon de mettre en garde : non, Rachida Dati ministre n'est pas la candidate naturelle du camp macroniste.
La ministre de la Culture a, en revanche, deux éléments de consolation : elle a beau avoir été exclue des LR, elle reste soutenue par ses troupes à Paris. Et deuxième élément, le chef de l'État a confirmé mardi qu'il entendait réformer le mode de scrutin à Lyon, Marseille, ainsi qu'à Paris. Ce changement permettrait aux électeurs d'élire directement leur maire, avec l'espoir à droite et chez Renaissance que ce mode de scrutin soit moins favorable à Anne Hidalgo, l'actuelle maire de la capitale.
"Dati 2026" ne fait pas peur au camp d'Anne Hidalgo
Pour la gauche parisienne c'est "une non-surprise", une preuve de "fébrilité" de la part de Rachida Dati.
"Elle accélère" parce qu'elle perd pied dans son propre camp, parce qu'elle "a du mal à faire le lien entre les républicains et la majorité", analyse auprès de franceinfo un proche de sa rivale Anne Hidalgo. Autour de la maire socialiste de Paris, qui maintient le flou sur sa volonté ou non de repartir aux prochaines municipales, on tient à afficher sa sérénité, quitte à l'exagérer. "C'est un boulevard pour nous car l'électorat de centre gauche ne votera jamais Rachida Dati", se persuade une figure du PS dans la capitale.
D'après cette figure, retirer de la course un possible candidat macroniste, tel Clément Beaune, qui incarnait la gauche, "clarifie les choses. Le vote se fera entre deux candidates, la gauche ou la droite", s'il y a bien un accord avec Renaissance comme le laisse entendre Rachida Dati elle-même. Ces socialistes veulent croire que dans la tête des électeurs, Rachida Dati est un "symbole de la Sarkozy mania, de la droite bling-bling". Mieux encore, sa candidature "va nous remettre dans une configuration où la gauche sera désirée".
L'annonce de Rachida Dati d'être candidate à la mairie de Paris en 2026 a fait bondir Yannick Jadot. Pour le sénateur écologiste, qui s'est exprimé sur LCP, c'est "une insulte au monde de la culture qui a besoin de soutien" ainsi qu'une "insulte aux Parisiennes et aux Parisiens". Il assure avoir "bien compris" que Rachida Dati "était ministre de la Culture pour obtenir le soutien des macronistes à l'élection parisienne".
Un nouveau mode de scrutin qui pourrait changer la donne
Si la majorité parvient à changer le mode de scrutin dans la capitale, comme l'a esquissé Emmanuel Macron dans sa conférence de presse, il y a plus d'inquiétude du côté de la gauche. La majorité municipale s'agite, car qu'Emmanuel Macron soutienne ouvertement le projet de réforme change la donne. Une conférence de presse est prévue jeudi 18 janvier à l'Hôtel de ville, organisée à la dernière minute par le camp Hidalgo. Pour les soutiens de l'actuelle maire, ce qui est en jeu, c'est la représentation des habitants dans leur diversité. Ceux qui vivent dans le 18e ou le 20e arrondissement n'ont pas les mêmes problématiques que ceux du 16e par exemple. Mais pour la majorité présidentielle, le mode de scrutin actuel donne plus de poids aux arrondissements de gauche et favorise donc Anne Hidalgo.
La maire de Paris voit, elle, dans cette réforme une volonté de la macronie de lui nuire personnellement, comme elle le confie à franceinfo. "On ne règle pas, dit-elle, des problèmes politiciens avec des modes de scrutins".
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