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Duo à l'Intérieur, présence du MoDem renforcée, parité... Ce qu'il faut retenir du remaniement

Deux semaines après la démission de Gérard Collomb, Edouard Philippe a revu la composition de son gouvernement, mardi.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Le Premier ministre Edouard Philippe quitte le palais de l'Elysée, à Paris, le 24 septembre 2018. (PHILIPPE LOPEZ / AFP)

"Une équipe renouvelée, dotée d'un second souffle, mais dont le mandat politique reste le même", assure l'Elysée, mardi 16 octobre. Deux semaines après le départ fracassant de Gérard Collomb du gouvernement, le Premier ministre Edouard Philippe a remanié son équipe. Cette annonce met un terme à deux semaines d'incertitude et d'impression de "flottement" au sommet de l'Etat sur l'ampleur et la forme de ce changement d'équipe gouvernementale, le quatrième depuis le début du quinquennat d'Emmanuel Macron.

>> Les détails de la journée et les réactions au remaniement

De la promotion de Christophe Castaner à l'Intérieur à l'arrivée de Franck Riester à la Culture en passant par le départ de plusieurs figures gouvernementales, voici ce qu'il faut retenir des changements opérés, annoncés dans un bref communiqué.

Quatre départs, huit nouveaux entrants

Deux figures connues quittent le gouvernement. Françoise Nyssen cède son portefeuille de la Culture au député Agir (centre-droit) Franck Riester, payant là son manque d'ancrage politique et une communication brouillonne sur de multiples affaires. Le ministre de l'Agriculture Stéphane Travert, critiqué notamment pour sa complaisance supposée à l'égard des lobbies, cède son portefeuille. Moins connus du grand public, Jacques Mézard, ancien ministre de la Cohésion des territoires, et Delphine Gény-Stephann, secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Economie et des Finances, sont aussi sur le départ. Cette dernière, nommée à l'occasion d'un mini-remaniement en novembre 2017, a surtout été médiatisée pour le montant son patrimoine – 16 millions d'euros, selon L'Obs.

Côté entrants, huit nouvelles figures : le député de droite Franck Riester à la Culture, Didier Guillaume, ancien collaborateur de Manuel Valls, à l'Agriculture, l'élu MoDem Marc Fesneau comme ministre chargé des Relations avec le Parlement, ou encore l'ancienne de Danone Emmanuelle Wargon comme secrétaire d'Etat auprès du ministre de la Transition écologique et solidaire.

La députée LREM Christelle Dubos fait de son côté son entrée comme secrétaire d'Etat auprès de la ministre des Solidarités et de la Santé, l'énarque Agnès Pannier-Runacher devient secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Economie et des Finances, idem pour le porte-parole de LREM Gabriel Attal au ministère de l'Education nationale et de la Jeunesse. L'ancien patron des renseignements, Laurent Nuñez, devient lui aussi secrétaire d'Etat, mais auprès du ministre de l'Intérieur. Au total, le gouvernement d'Edouard Philippe est donc élargi à 34 ministères et secrétaires d'Etat (sans compter le Premier ministre), contre 30 auparavant. Loin de la promesse du candidat Macron, le 12 mars 2018 sur TF1 : "Je constituerai un gouvernement de 15 membres maximum, très ramassé".

Un fidèle pour remplacer Gérard Collomb à l'Intérieur

Homme de confiance d'Emmanuel Macron devenu incontournable dans la chaîne du pouvoir, Christophe Castaner est nommé au ministère de l'Intérieur, en remplacement de Gérard Collomb, parti à la reconquête de son fauteuil de maire à Lyon. Il sera épaulé dans sa tâche par Laurent Nuñez, jusqu'à présent à la tête de la Direction générale de la Sécurité intérieure (DGSI), désigné secrétaire d'Etat à son côté.

Mais dans la passation, le ministère de l'Intérieur a perdu un peu de sa superbe : à l'inverse de son prédécesseur, Christophe Castaner ne possède pas le titre de "ministre d'Etat", dont la portée protocolaire est utilisée pour souligner l'importance de certains ministères au sein du gouvernement. Gérard Collomb arrivait en deuxième position dans l'ordre protocolaire ; Christophe Castaner est, lui, relégué à la onzième place.

Franck Riester pour reprendre le portefeuille de Françoise Nyssen

Un homme politique de métier succède à une éditrice et femme de lettres. Françoise Nyssen, figure du monde de l'édition, cède son portefeuille de la Culture au député Agir (centre-droit) Franck Riester. De multiples affaires immobilières ont entaché l'image de l'ancienne éditrice ces derniers mois. Une nomination à fort symbole politique à l'approche des élections européennes, où Emmanuel Macron cherche à rassembler les pro-Européens.

Agé de 44 ans, Franck Riester est affublé d'une image d'ambitieux, mais est aussi un représentant de la droite modérée, qu'il s'est efforcé de fédérer sous la bannière d'Agir, un parti encore balbutiant censé concurrencer Les Républicains de Laurent Wauquiez et offrir un appoint, si nécessaire, à la majorité.

La parité et la place de la société civile respectées

Sans compter le Premier ministre, le gouvernement remanié compte désormais 34 membres, avec une égalité parfaite : 17 femmes et 17 hommes. Dans le détail, la parité tient aussi : parmi les ministres d'Etat, un homme (François de Rugy, à la Transition énergétique) et une femme (Nicole Belloubet, garde des Sceaux) ; en tout 11 hommes ministres pour 10 femmes au même poste, 6 hommes secrétaires d'Etat pour 7 femmes. Un remaniement de ce côté-là conforme aux engagements pris par Emmanuel Macron pendant la campagne, souligne-t-on à l'Elysée. Autre promesse tenue : 15 membres du gouvernement sont membres de la société civile.

Le MoDem confirme sa présence avec Marc Fesneau

Il fallait donner des gages au MoDem, qui montrait des signes d'impatience vis-à-vis de LREM. C'est désormais chose faite avec la nomination de Marc Fesneau, actuel patron du groupe MoDem à l'Assemblée nationale, au poste de secrétaire d'Etat des relations avec le Parlement. A 47 ans, cette figure encore peu connue du grand public s'est imposée comme une personnalité qui compte dans la majorité, indique Le Monde. Son fait d'armes le plus récent ? Avoir perturbé la nomination de Richard Ferrand à la présidence de l'Assemblée nationale en présentant lui-même sa candidature. L'idée était d'envoyer un message à la majorité, accusée de ne pas assez associer les troupes de François Bayrou. Marc Fesneau avait réussi à réunir 86 voix, bien au-delà des 46 députés de son groupe.

La directrice de la communication de Danone à la Transition écologique

Parmi les nominations déjà très commentées, figure celle d'Emmanuelle Wargon, secrétaire d'Etat auprès du ministre de la Transition écologique et solidaire François de Rugy, en remplacement de Sébastien Lecornu. Cause du courroux : la nouvelle nommée est l'ancienne directrice générale en charge de la responsabilité d'entreprise, des affaires publiques et de la communication chez Danone. Elle y a dirigé "avec doigté le lobbying, les relations avec les pouvoirs publics du groupe agroalimentaire dans le monde", rapporte Le Figaro, qui souligne aussi qu'elle appartient à la même promotion de l'ENA qu'Edouard Philippe. Une fonction qui fait tache, pour certains, alors que l'ancien ministre de la Transition écologique Nicolas Hulot a fustigé, lors de sa démission, le pouvoir des lobbies.

Néanmoins, tout le monde ne voit pas d'un mauvais œil cette nomination. "Nous ne lui faisons pas de procès d'intention, explique à franceinfo Michel Dubromel, président de France Nature Environnement. Cette personne a de l'expérience, aussi bien dans le privé que dans le public. C'est un élément intéressant. Elle représente les partenaires que nous avons habituellement."

Gabriel Attal devient le plus jeune ministre de la Ve République

A 29 ans, Gabriel Attal devient le plus jeune ministre d’un gouvernement de la Ve République, en battant à quelques mois près François Baroin, nommé porte-parole du gouvernement en mai 1995. Ce jeune loup de la politique est nommé secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Education nationale et de la Jeunesse, Jean-Michel Blanquer.

La nomination de cet ex-socialiste est tout sauf une surprise, rappelle Le Monde, tant le députéLREM des Hauts-de-Seine fait figure d'étoile montante de laMacronie depuis le début du quinquennat. Il avait rejointEmmanuelMacron dès 2016 et la création du mouvement En marche. Promu fin 2017 porte-parole du mouvement présidentiel,GabrielAttal n’est pourtant pas novice en politique. Adhérent du Parti socialiste dès 2006, il était rentré en 2012 au cabinet deMarisolTouraine comme numéro deux du porte-parole du gouvernement actuel, BenjaminGriveaux.

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