Dans la famille Buisson, rien ne va plus entre le père et le fils
Georges Buisson, fils du conseiller impliqué dans l'affaire des enregistrements clandestins de conversations avec Sarkozy, a travaillé avec son père lorsque celui-ci était à l'Elysée. Depuis, les deux hommes se font la guerre.
Toi aussi, mon fils ? Patrick Buisson s'est peut-être posé la question, mercredi 5 mars, en découvrant ses enregistrements clandestins révélés par Le Canard enchaîné et le site Atlantico. A l'heure de démasquer l'auteur des fuites à la presse, certains regards se sont tournés vers Georges Buisson, le fils unique de l'ancien conseiller de Nicolas Sarkozy. Un Brutus en puissance. Les deux hommes sont en conflit et ne se parlent plus, souligne Le Monde.
"Je ne suis pas à l'origine des fuites, car je ne dispose tout simplement pas des fichiers", s'est défendu Georges Buisson, jeudi, dans un entretien au Point. Il y appelle son père "Patrick Buisson", avec froideur et distance. Et reconnaît en savoir plus sur les enregistrements paternels : "Un jour, au début du quinquennat de Nicolas Sarkozy, il m'a demandé de faire une copie sur CD de deux fichiers présents sur son dictaphone. (...) En ouvrant au hasard un des documents téléchargés sur le CD, j'ai découvert une conversation politique entre Patrick Buisson, le président de la République et un certain Henri" (Guaino ?).
Joue-la comme papa
En 2007, Georges Buisson a 30 ans et l'heure est au "tel père, tel fils". Comme papa, Georges commence comme journaliste, promotion 2001 de l'Institut pratique du journalisme (IPJ), à Paris. Comme papa, il rejoint la chaîne Histoire, détenue par TF1. Comme papa, il garnit son portefeuille grâce aux contrats que signe avec l'Elysée la société familiale de conseil Publifact. En 2009, le père, actionnaire principal à 58%, empoche 580 000 euros de dividendes, quand le fils, actionnaire à 40%, se contente de 400 000 euros, révèle Libération.
Le nom de Georges Buisson revient aussi, en tant que propriétaire, dans les documents de deux sociétés civiles immobilières créées par Patrick Buisson, ainsi que dans l'organigramme de la société Publi-Opinion, fondée en 2009 pour "l'exécution de sondages décidés par la présidence de la République", indique Marianne. Les branches des Buisson se multiplient.
"J'ai été trahi par mon père"
A la fin du quinquennat de Nicolas Sarkozy, rien ne va plus. Le scandale des sondages de l'Elysée éclate en 2009, lorsque la Cour des comptes découvre une convention contraire au Code des marchés publics. Georges Buisson estime "avoir servi pendant des années de 'prête-nom' dans les sociétés de son père", écrit Le Monde. "J'étais à mille lieues de me douter que l'amateurisme se jouait des deux côtés", à l'Elysée et chez les Buisson, dit le fils.
"J'ai le sentiment d'avoir été trahi par mon père, confie-t-il en 2013 à Marianne. Quand je l'interroge sur ces montages, il me répond que tout cela a été fait dans mon intérêt, pour réduire les frais de succession lorsque j'hériterai. Mais ce n'est pas tout à fait la vérité. La vérité, c'est que ça lui permet de payer moins d'impôts."
"C'est une chose de rendre service, c'en est une autre de se faire manipuler", assène-t-il aujourd'hui au Monde. Georges Buisson décide de couper les ponts avec son père et quitte la gérance de Publi-Opinion. En revanche, il dit se heurter "à un mur" dans le cas de Publifact, dont son père refuserait de racheter ses parts. "C'est aussi pour lui une façon de me tenir."
Patrick et Georges en viennent aux mains
Le fils n'échappe pas aux éclaboussures de l'affaire des sondages, qui lui valent d'être perquisitionné, en même temps que son père et son oncle, en avril 2013. Le fils finit par saisir la justice pour régler le conflit qui l'oppose à son père. Débouté en première instance, il attend, aujourd'hui, le procès en appel.
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