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Seize milliards d'euros de contrats et un séjour tranquille en France pour Hu Jintao

Une première salve de contrats a été signée hier entre la France et la Chine, au premier jour de la visite officielle du président chinois Hu Jintao en France, pour 16 milliards d'euros. L'aéronautique, le nucléaire, Total et les telecoms sont les premiers bénéficiaires. La journée d'aujourd'hui aura un tour plus politique, avec un déplacement à Nice pour un accord sur le G20. La ville a été transformée en bunker pour éviter toute manifestation sur les droits de l'Homme.
Article rédigé par franceinfo
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Sur le marché du silence, celui de la France a désormais un prix : 16 milliards d'euros de contrats, et accessoirement, un accord pour ne pas gêner la future présidence française du G20.
_ Lors du magnifique dîner officiel donné hier à l'Elysée, le président de la République pouvait se montrer satisfait de la journée. Et le président chinois Hu Jintao a pu savourer tranquillement les raffinements de la cuisine et de la haute couture à la française, sans avoir à subir de note discordante sur la politique et les droits de l'Homme.

“Les Chinois sont incontournables, autant être avec eux”, souligne un conseiller de l'Elysée pour justifier cet exercice de realpolitik, qui n'est certes pas le premier auquel se livre la diplomatie française. Il a commencé à porter ses fruits, avec cette première et juteuse salve de contrats signée quelques heures avant le dîner officiel. A noter, la petite différence de chiffrage entre les délégations française et chinoise : 16 milliards d'euros pour les Français, seulement 14 milliards selon les estimations chinoises, pour 24 à 26 accords.

Au premier rang des principaux bénéficiaires, l'avionneur européen Airbus, qui place 102 appareils. La moitié des 50 A320 vendus seront assemblés dans l'usine chinoise de Tainjin, seule implantation extra-européenne d'Airbus.
Ensuite vient Areva qui fournira 20.000 tonnes d'uranium sur 10 ans. La construction d'une usine de retraitement et d'une coentreprise doivent suivre. Nicolas Sarkozy a tenté d'avancer un pion supplémentaire en proposant un partenariat sur l'ensemble de la filière nucléaire.
Total, de son côté, trouve une unité de transformation de charbon au pied du sapin. Alcatel Lucent, Groupama, Axa et GDF-Suez sont les autres heureux bénéficiaires.

  • L'interview de la présidente d'Areva, Anne Lauvergeon, sur France Info :

    La journée d'aujourd'hui sera consacrée au second volet de la visite de Hu Jintao, plus politique. Le président chinois voulait voir la Côte d'Azur. Nicolas Sarkozy l'accompagne donc à Nice pour parler du G20, que la France doit présider à partir de la semaine prochaine. Le chef de l'Etat entend que tout se passe pour le mieux. Il espère notamment réussir la réforme du système monétaire international, assurer la stabilité des prix des matières premières et faire évoluer la gouvernance mondiale. Pour obtenir le soutien de son puissant hôte, il a promis d'associer la Chine à sa présidence, alors que Pékin est de la guerre des monnaies, refusant de se laisser imposer un calendrier de dévaluation du yuan.

    De tels résultats valent bien un petit reniement aux yeux des autorités françaises. Nice a donc été mise en état d'alerte, avec des forces de police omniprésentes pour éviter toute manifestation hostile et toute présence de militants des droits de l'Homme. Amnesty International appelle à un rassemblement. Mais le silence est d'or. La seule allusion au sort du dernier prix Nobel de la paix, Liu Xiaobo, a été faite jeudi par une ministre chinoise pour dire que ce n'était “pas un sujet à aborder” entre les deux pays.
    _ Message reçu à 100% à l'Elysée.

    Grégoire Lecalot, avec agences

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