Sénatoriales : les enjeux du scrutin
Trois petites années à gauche et puis s'en va ? Et si, dimanche, le Sénat rebasculait à droite ? L'hypothèse paraît finalement assez logique : lors des dernières élections municipales, la droite l'a largement emporté. Et comme les grands électeurs sont majoritairement issus des conseils municipaux, ils devraient logiquement voter pour leur bord politique.
Aujourd'hui, la gauche, avec 177 sénateurs, détient neuf sièges de plus que la droite, qui en a 168. La majorité absolue au Sénat est à 175 ; il manque donc (seulement) sept sièges à la droite. Le sénateur UMP Roger Karoutchi espère 182 à 185 sièges pour son parti.
Ce n'est tout de même pas gagné. Certes la gauche se présente divisée dimanche, ce qui risque de lui coûter des sièges, notamment dans les Bouches-du-Rhône où le dissident Jean-Noël Guérini, exclu du PS, se présente. Mais la droite n'est pas forcément en reste : dans l'Hérault, il y aura quatre listes de droite (et deux de gauche) pour quatre sièges. Tout cela pourrait finalement profiter au Front national, en embuscade dans deux départements, les Bouches-du-Rhône et le Var.
Des conséquences limitées pour le gouvernement
Un Sénat à droite, quelles seraient les conséquences pour le gouvernement ? Sur le papier, elles sont minimes. Dans le processus législatif, le dernier mot revient toujours à l'Assemblée nationale. Et puis, depuis trois ans, le Sénat était peut-être à gauche mais il a toujours retoqué les textes budgétaires du gouvernement.
Reste qu'un Sénat à droite lui donnerait une plus grande capacité de nuisance. La nouvelle majorité aurait ainsi la possibilité d'utiliser toutes les ficelles de procédure pour faire traîner l'examen d'un texte de loi auquel elle est hostile. Elle pourrait aussi imposer ses débats politiques... même si ceux-ci ne sont pas suivis d'effet.
Seul point de blocage possible : une éventuelle réforme constitutionnelle. Promise par le candidat François Hollande, la réforme, qui prévoyait notamment le droit de vote des étrangers ou la modification du statut pénal du chef de l'Etat, s'éloigne de plus en plus. Il faut, pour qu'elle soit adoptée, au moins trois cinquièmes des voix dans les deux chambres.
Les sénateurs ne peuvent pas renverser le gouvernement - ça, c'est l'apanage de l'Assemblée nationale. En contrepartie, le président de la République ne peut pas dissoudre le Sénat, il ne peut s'en prendre qu'à l'Assemblée.
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