Stages en entreprise : après les collégiens, au tour des députés
Le constat de l'association Entreprise et Progrès est sans appel : seuls 10 % des députés auraient une expérience en entreprise. Pour remédier à cette situation, l'association a lancé en début de semaine une initiative au nom évocateur : "Moi parlementaire, une semaine dans les pas d'un PDG". Une intiative qui n'a pas manqué de faire réagir les parlementaires.
Le concept
L'association patronale propose ni plus ni moins aux députés que de passer une semaine en immersion à leurs côtés. Les 120 entreprises membres de l'association se sont d'ores et déjà engagées à accueillir ces stagiaires pas tout à fait comme les autres. Au programme : être placé dans une "situation apprenante de l'entreprise " explique à L'Express Max de Chanterac, attaché à la direction générale de L'Oréal. "Ils auront l'occasion d'assister à des réunions d'importance, intéressantes pour eux. Ils découvriront la façon dont nous travaillons au sein de l'équipe dirigeante. "
L'objectif
"Dans un contexte de crise où la croissance et l'emploi sont des impératifs absolus, il est essentiel que les députés et les chefs d'entreprises se connaissent mieux pour travailler ensemble " indique Denis Terrien, le président d'Entreprise et Progrès, dans un communiqué de presse.
Les députés enthousiastes...
Dans ce même communiqué daté du 5 mai, Entreprise et Progrès affirme avoir déjà l'accord d'une quinzaine d'élus.
Parmi les députés de la première heure, le député-maire UDI du Nord Francis Vercamer, qui pourtant a été chef d'entreprise. Il souhaite constater comment les nombreux textes législatifs agissent sur le fonctionnement de l'entreprise.
Parmi les autres députés emballés, on trouve le député socialiste de Côte-d'Or Laurent Grandguillaume qui déroule son point de vue au Bien Public : "C'est intéressant d'avoir cette vision du fonctionnement de l'entreprise, notamment quand on aborde des textes, comme la lutte contre le chômage pour avoir les positions les plus réalistes possibles. "
... Et les autres
Mais l'idée de faire un stage en entreprise ne séduit pas tous les parlementaires, loin de là. Et chacun a une explication toute trouvée. Pour Alain Suguenot, député UMP de Côte-d'Or interrogé par le Bien Public , "ce projet est plutôt fait pour les parlementaires, notamment les nouveaux, qui viennent de domaines ou ont des compétences qui n'ont rien à voir avec l'entreprise. "
"Nous avons toute une équipe : des spécialistes, des chargés de missions, des administrateurs, qui viennent éclairer les travaux " (la députée PS Kheira Bouziane, dans le Bien public)
Enfin, il y a ceux qui estiment qu'un stage d'une semaine ne servira pas à grand-chose. "Qui peut penser sérieusement qu'un député ayant fait toute sa carrière en politique puisse saisir en une semaine les problématiques qu'un exploitant agricole ou un artisan plâtrier recontre tout au long de l'année ? " s'interroge le député socialiste de l'Ariège Alain Fauré sur Francetv info.
Une initiative vraiment utile ?
Pour le sociologue Jean-François Amadieu, interrogé par Le Figaro , l'initiative est avant tout symbolique. "Cette immersion aura l'allure d'un stage de découverte de collégien, avec des activités, des discussions informatives... Ils ne vont pas vivre la vraie vie d'un salarié lambda qui fait la ligne 13 du métro parisien tous les matins. "
D'autant que des journées d'immersion en entreprises ont déjà été mises en place pour les sénateurs... au début des années 2000, rappelle le professeur d'économie sociale Michel Abhervé pour Alternatives Économiques . En 2001, 35 sénateurs avaient participé à ces stages en entreprises.
Dernier point, ces stages sont prévus pendant les vacances parlementaires. Reste à savoir combien de députés consacreront toute une semaine à ce stage.
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