"Les Républicains" : pourquoi le choix de Sarkozy ne fait pas l'unanimité
Plusieurs ténors UMP ont exprimé des réserves sur ce nouveau nom. Nicolas Sarkozy a décidé que les adhérents trancheraient.
Proposé par Nicolas Sarkozy, le nouveau nom de l'UMP – Les Républicains – est loin de faire l'unanimité. Devant les critiques de plus en plus nombreuses, le président de l'UMP a décidé de faire voter les adhérents de son parti, à la veille du congrès du 30 mai, a déclaré dimanche 2 mai Nathalie Kosciusko-Morizet.
D'ici là, Nicolas Sarkozy compte bien user de tous les arguments pour convaincre. Il a prévu de s'adresser aux militants dans les jours à venir, à travers une longue lettre, pour expliquer sa volonté de changement. Numéros 2 et 3 du parti, Nathalie Kosciusko-Morizet et Laurent Wauquiez ont pour leur part choisi de signer une tribune commune dans Le Monde pour défendre le nouveau nom.
Francetv info revient sur les principaux reproches adressés à cette nouvelle dénomination.
Parce qu'il crée une confusion avec le parti américain
Pour ses détracteurs, l'appellation entraînerait tout d'abord une confusion avec le parti de droite des Etats-Unis. "Les Républicains, je n'en suis pas fan à cause de la référence américaine", lâche, dimanche, Xavier Bertrand dans le JDD. Le député-maire de Saint-Quentin (Aisne), candidat de longue date à la primaire de 2016, aurait préféré un autre nom, proposant "Les Populaires". Il rejoint le député UMP Philippe Gosselin, qui ne cache pas son manque d'enthousiasme. "Les Républicains ? Yes, we bof", s'amuse le député dans le JDD, avec une allusion au slogan de Barack Obama. "Les Républicains ? Je n'y vois pas d'inconvénient même si je comprends qu'il y ait une sorte de confusion avec les Républicains américains", grince également François Fillon, interrogé sur BFMTV.
Les ténors de l'opposition rejoignent ainsi l'avis des sympathisants UMP. Selon un sondage Odoxa publié à la mi-avril, plus de 50% d'entre eux préfèrent le nom UMP aux Républicains, tandis que 53% des sympathisants jugent que "Les Républicains" fait trop américain.
Parce qu'il s'agit d'un mot trop vaste
Alain Juppé, lui, s'est montré bien plus critique que François Fillon sur le choix sémantique de Nicolas Sarkozy. "Nous n'avons pas vocation à monopoliser le mot de républicain", a-t-il expliqué à Europe 1. "Ça ne va pas être facile de dire : j'appartiens aux Républicains. C'est un concept un peu englobant, il y a beaucoup de républicains partout en France."
Un avis également défendu dans le JDD par l'ancien ministre Hervé Gaymard, proche d'Alain Juppé : "C'est un vocable beaucoup trop générique. Parce que tous les Français se sentent républicains. J'aurais préféré un nom plus dynamique, plus entraînant, plus différenciant."
L'UMP Edouard Philippe, lui aussi très proche du maire de Bordeaux, développe l'argumentaire dans Libération : "Les Républicains ? C’est un choix très curieux, et très contestable. (...) Je ne considère pas que nous soyons 'les Républicains'. Il me semble qu’un grand nombre d’élus et d’électeurs d’autres partis le sont tout autant." Le député-maire du Havre va jusqu'à considérer ce choix comme nuisible : "En nous nommant 'les Républicains', c’est comme si nous vidions la République de son sens. Je trouve cela dangereux. Ce serait un vecteur supplémentaire de clivages et de divisions."
Parce qu'il cache l'absence de projet clair
Le parti de droite a plusieurs fois changé de nom au cours de son histoire depuis la seconde guerre mondiale. UNR, UDR, RPR, UMP... Les sigles ont été nombreux. Mais, à chaque fois, relève l'ex-ministre Benoist Apparu, un nouveau projet s'incarnait dans ce nom. Mais, cette fois, l'ancien chef de l'Etat veut "forger un parti à sa main dans la perspective de 2017", raille un élu UMP non-sarkozyste cité par l'Agence France-Presse.
C'est peut-être ce que pense aussi le président du Sénat, Gérard Larcher, pour qui le changement de nom de son parti "n'est pas la priorité des priorités". Proche de François Fillon, il préfèrerait d'ailleurs garder l'appellation UMP, "l'Union pour un mouvement populaire, parce que je crois que c'est la dimension de l'union qu'on rappelle : nous avons rassemblé des centristes, des gaullistes, des radicaux, des souverainistes".
L'ancien chef de l'Etat, lui, explique qu'il souhaite à travers ce nom défendre une "laïcité exigeante". "Mais prenons garde à ne pas réduire les débats sur l’avenir de notre pays à des assertions définitives et approximatives", rétorque le député Edouard Philippe.
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